Cela fait longtemps que je ne fais guère de différence entre la semaine et le week-end. Je ne compte plus les dimanches lors desquels j’ai travaillé. Corrigé des copies, préparer des cours, relire des articles. La seule différence, c’était que le dimanche, pas de cours.
Depuis que je suis à la retraite, c’est pire. Les jours se suivent et se ressemblent. Ils sont un champs des possibles sans fin. Je peux décider de faire ce que bon me semble. Tous les jours sont des dimanches (à part, bien sûr pour les courses et le marché).
Bref, c’est un peu le bordel dans ma life. Plus aucune structure. Je me lève et me couche à point d’heure (déjà que c’était le bordel de ce côté là avant). Parfois, j’ai des obligations qui me forcent à me lever plus tôt : rendez-vous, marché qui est une autre sorte de rendez-vous, déplacement. Le reste du temps, quand j’émerge, la première chose que je fais, c’est d’écouter la radio. Non, je n’écoute pas la radio, j’écoute France Inter, exclusivement (avec quand même des incursions sur France Culture). Et ce toute la journée.
Malheureusement, avec les coupes budgétaires, les programmes ne sont pas assez nombreux pour remplir ma journée. Alors j’écoute de plus en plus de podcasts. Ma dernière découverte, c’est « Salle des archives »1 de Matthieu Garrigou-Lagrange. La série L’Esprit de décembre (sur la grande grève de 1995, celle lors de laquelle les Parisiens ont beaucoup marché et ont repris goût au vélo) est passionnante. Elle est d’une grande intelligence en décortiquant les arcanes de cette grande grève. Le dernier épisode examine les conséquences ou les suites ou les non suites de ce mouvement qui portait déjà sur la réforme des retraites. Et pose la question : pourquoi, en France, réformer la retraite pose un tel problème ? Peut-être que si les conditions de travail étaient meilleures, on ne serait pas si pressé de prendre sa retraite (moi-même suis partie à 66 ans et ça ne m’a pas pesé)..
Dans l’émission « Le Grand face à face »2, la semaine dernière, l’invité, Bruno Palier, directeur de recherche du CNRS, co-directeur de l’ouvrage Travailler mieux (PUF) tire des conclusions analogues. Absence d’écoute, absence de reconnaissance… On préfère dire que les Français sont feignants plutôt que de se pencher sur le vrai problème (alors qu’ils sont très attachés au travail, plus qu’aux Etats-Unis, plus qu’en Allemagne).
C’était vraiment intéressant. En plus, cela conforte une de mes convictions. Nous avons, en France, un management de m… Not all manager, oui je sais, mais quand même beaucoup de managers (c’est marrant comment cette phrase peut s’adapter à des tas de sujets).
Voilà, j’étais partie pour dire comment je prenais la vie à la cool et je finis par parler travail et insatisfaction au travail.
Bref, je reprends : je descends prendre mon petit-déjeuner, ce qui me prend une bonne heure. Deux grands bols de thé plus tard, toujours accompagnée de France Inter (ou d’un podcast), je me love ensuite dans un plaid sur mon canapé et je joue sur mon téléphone. Ou je bouquine. Je suis l’image même du hygge. Il ne me manque que la cheminée ou le poêle à bois…
Ce canapé est mon cocon. J’y fais de tout. Je lis, je rêve, je travaille, je regarde mon jardin par la fenêtre, je regarde parfois la télé… Jusque vers 14 heures. Là je me lève, je me douche, et j’entame une partie plus active de ma journée.
Mais pas le dimanche. Je dimanche, je n’ai pas d’heure, pas d’attente, je me laisse vivre toute la journée. Il m’arrive même de rester en pyjama.
Laissez-moi trainer
(2) « Le Grand face à face ». Travailler mieux avec Bruno Palier. La 2e partie de l’émission. La première, c’est le duel Natacha Polony, Gilles Finchelstein sur l’actualité. Et ce n’est pas toujours passionnant
ça m’a fait pensé à cette vieille chanson de Julien Clerc
« Travailler c’est trop dur
Et voler c’est pas beau
D’mander la charité
C’est qué’qu’chose j’peux pas faire
Chaque jour que moi j’vis
On m’demande de quoi j’vis
J’dis que j’vis sur l’amour
Et j’espère de viv’ vieux »
Ton rythme de vie est à l’inverse du mien!