Rien à voir avec le nez ni avec le chien, c’est de vin que je viens vous parler. De beaujolpif. J’ai un ami qui est viticulteur dans le beaujolais. Je vois d’ici votre grimace : du beaujolais, beurk. Voilà ce que c’est que d’être une fashion victim…
Pendant des années, nous avons sacrifié au culte du beaujolais nouveau. Buvant d’infâmes piquettes de plus en plus chères sans nous poser de question, parce que c’était le beaujolais nouveau… Qui, toutes ces dernières années, n’en a pas bu au moins une bouteille par an pour goûter, savoir s’il n’avait pas de la cuisse, un goût de banane (de banane, qu’est-ce qu’on ne goberait pas comme bobard).
Aujourd’hui, c’est l’effet contraire. Ce beaujolais que nous avons adoré comme le veau d’or, nous n’avons pas de mots assez durs pour le caractériser. Cela dit, avec ce qu’on nous sert généralement le soir du beajolais nouveau, les mots durs sont amplement mérités. C’est indigne. Le problème, c’est que nous jetons le bébé avec l’eau de vin…
Parce que tout de même, si je dis : brouilly, chénas, chiroubles, côte de Brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin à vent, régnié, saint-amour…, je vous vois saliver immédiatement. Et pourtant, quand j’ai commencé à parler beaujolais, vous avez fait la grimace. Le rapport ? Mais tous les crus que je viens de citer sont des beaujolais…
Je le vois bien, quand je présente mon ami que j’ai en disant : « Il est viticulteur dans le beaujolais », il n’y a plus en face de moi que des mines dubitatives. « Du beaujolais, ha bon… » Bref, aucun intérêt. Si je présente le même ami en disant « voici Bruno, il est viticulteur et il produit du morgon… » tout de suite, le ton change : « Du Morgon ? Mais c’est super. Et on peut goûter ? »
Tout cela ne fait pas les affaires de mon Bruno. Avec la mise au ban de son vin, alors qu’il n’y est pour rien, il bosse comme un malade, mais n’arrive plus à joindre les deux bouts. Et les banques, elles, sont à l’affût. Si Bruno fait une mauvaise année, elles risquent de le saisir et lui de tout perdre.
Pourtant, depuis deux ans, les récoltes sont exceptionnelles de qualité. Ce serait quand même dommage de ne pas en profiter. Moi, j’en m’en régale. La caisse de morgon 2004 n’a pas fait long feu… Cela fait d’ailleurs pas mal de temps qu’à la maison, nous ne buvons quasiment que cela : morgon, beaujolais village, cuvée des charmeuses… et même du beaujolais rosé et du blanc (un des meilleurs blancs que je connaisse).
Alors moi je dis qu’au lieu de boire de la piquette pendant des années sans rien dire, puis de jeter le viticulteur avec l’eau du bain parce que, quand même, trop c’est trop, continuons à boire mais en exigeant la qualité. Et pour cela, n’achetons plus notre vin aux négociants, mais directement aux producteurs. On boira bon et moins cher.
Ce qui est valable pour le beaujolais l’est aussi pour d’autres vins. Et plus largement pour tous les produits gourmands. On devrait faire un blog annuaire ou chacun donnerait ses bonnes adresses. Bruno envoie son vin dans toute la France, il fait les foires, les salons (ses vins ont reçu d’ailleurs de nombreuses médailles) et, quand il est dans une ville, il en profite pour livrer ses meilleurs clients et leur fait encore une ristourne. De très nombreux producteurs agissent de même. Pourquoi ne pas organiser une coopérative de consommateurs par ville ? Je suis sûre qu’on obtiendrait des prix.
En résumé. 1. Le beaujolais nouveau, chez le producteur, est un vin jeune, pas un grand cru (et donc doit être payé à sa juste valeur). Il peut être très agréable à boire avec de la charcuterie, un en-cas. C’est un bon petit vin de table, léger.
2. Celui qu’on trouve dans les épiceries ou dans les restaurants, est la plupart du temps un vin de négociant (très souvent, il n’est même pas mis dans une bouteille de beaujolais). Vu la taille des vignes de beaujolais, et vu la production qui part à l’étranger, il n’est pas possible que ce vin ne soit pas mélangé (le plus souvent avec des vins de l’année précédente). En général, c’est pas terrible (voire très agressif pour l’estomac).
3. Il y a de très grands crus de beaujolais, des beaujolais village, des morgons, des julienas, etc.
Si l’un d’entre vous veut tester par lui-même tout ce que je viens d’écrire et rencontrer mon copain Bruno, celui-ci organise une nouvelle soirée Beaujolais nouveau le samedi 18 Novembre à partir de 20 heures au bar-restaurant Le TISINAGH, 17, avenue Rachel dans le 18e. Dégustation de produit du beaujolais (saucisson au Beaujolais, charcuterie, fromage fermier) et beaujolais nouveau à volonté une participation de 15 € par personne vous sera demandée sur place. Inscription au plus tard le 14 novembre 2006 au 06 08 92 18 78
L’abus d’alcool est bien entendu dangereux pour la santé. Buvons du beaujolais, mais buvons du bon modérément. La prochaine fois, je vous parlerai du rhum…
Ceux qui, éventuellement, seraient intéressés par quelques bouteilles peuvent me contacter s’ils résident à Paris ou en région parisienne. Je précise que je ne touche aucune com, mais Bruno est quelqu’un que j’aime bien…
1. Le vendredi 10 novembre 2006, 13:43 par a n g e l
bien bien
je ne bois jamais d’alcool (j’aime pas le goût) mais je trouve ton texte vraiment chouette. Déjà parce qu’il faut défendre les choses faites avec amour et rigueur, et ensuite parce que partir en croisade pour un pote, c’est classe 
Limite tu me donnerais envie de goûter, c’est dire.
2. Le vendredi 10 novembre 2006, 14:12 par Anitta
J’adore le Beaujolais. Bon, pas au point de ramper de chez moi jusqu’au 18°, mais presque…:-)
3. Le vendredi 10 novembre 2006, 17:31 par Leeloolene
Ah oui… j’attends plus l’article sur le rhum… parce que le vin, pour l’instant, à part des vins siciliens et sud africains, je prends peu de plaisir à en boire !
Mais une soirée charcuterie / vin… ça peut être sympa, je regarde dans mes tablettes si je suis dans le coin à cette date là 
4. Le vendredi 10 novembre 2006, 20:12 par Ulysse
En tant que proche très voisin du Beaujolais, je me dois de dire que les monts du Beaujolais s’étendent à l’ouest d’une ligne de Villefranche-sur-saone à Macon.Les grands crus que tu nous a cité sont situés sur la partie nord des coteaux du beaujolais. La désignation péjorative de « Beaujolpif » s’utilise surtout pour les vignobles de la moitie sud, qui produisent un vin de Beaujolais « ordinaire ». Mais sans être chauvin (Hummm!) tout le monde sait que la région Lyonnaise possède trois fleuves: Le Rhone, la Saone et le Beaujolais!
Ok, je sors.
5. Le vendredi 10 novembre 2006, 22:05 par Aude Dite Orium
Je trouve ton idée de faire une coopérative de consommateurs excellente. Pour le vin mais aussi pour toutes les denrées qu’on ne trouve plus que dans les village et malheureusement, plus pour longtemps!
6. Le vendredi 10 novembre 2006, 22:14 par Akynou/racontars
Leeloolène : ne me dis pas que tu n’as pas apprécié le morgon que tu as bu à la maison…
(je ne te parle pas d’hier, hier on n’a bu que du rhum) 
Ulysse : Lantignié, c’est de quel côté ? Je te pose la question en voisin bien sûr 
Aude : moi, j’ai des adresses pour le beaujolais (je sais, ce n’est pas un scoop), le confit et le foie gras, le champagne, le cognac et le pinaud…
7. Le samedi 11 novembre 2006, 11:13 par Ulysse
Leeloo: Lantigné se trouve à 3 km de Beaujeu, entre Belleville sur saone et Beaujeu. J’ai souvenir d’avoir dégusté un « Domaine du Tracot » de Lantigné , un vin trés original et excellent.
Les achats groupés qui permettraient la découverte de nos produits « cachés » du terroir, semblent une trés belle idée.
Et un blog ou chacun ajouterait sa découverte, son avis, ses sources…?
8. Le samedi 11 novembre 2006, 12:03 par Akynou/racontars
Moi je fais déjà des achats groupés pour ce beaujolais (encore que ce coup-ci, je ne groupe pas grand chose, tout le monde me sors le fameux… « du beaujolais, j’suis pas fan »).
Un blog collectif ou chacun donnerait ses bonnes adresses, oui, c’est quelque chose auquel je pense. Mais ça doit être du boulot à gérer. Mais ce serait bien utile avant les fêtes de noël par exemple
Faudrait y réfléchir…
9. Le lundi 13 novembre 2006, 15:49 par Jazz
Je ne dis pas non, mais je ne dis pas encore oui non plus.
Je te donnerai une réponse le 14 au plus tard, comme promis.
10. Le mardi 14 novembre 2006, 13:56 par marie
je lis souvent vore blog, surtout pour les parcours de sans-papier, et vos vie aussi. Js suis touchée par vote textes, car je suis moi-même artisane productrice (gelées, confitures, soupes biologiques) et mon papa est vigneron (en bio aussi) nous nous efforçons de faire des produits qui ont du sens, de la valeur, en gout mais aussi dans les choix que nous faisons pour produire, et je suis toujours heureuse de voir que des fois note message passe, les vignerons qui font de « de la belle ouvrage » ont aujourd’hui besoin d’être soutenus,par vos achats, qui est aussi la reconnaissance de la valeur de leur travail. (je pourrai « parler » des heures sur ce sujet, notre consommation, nos achats ect…).
Sinon pour votre groupement d’achat, je ne peux que vous encourager, ce sont eux qui nous font vivre et aimer notre travail, car en plus de vendre et d’acheter sans intermédiaires (plus intéressant pour le producteur et le consommateur) on rencontre souvent pleins de gens sympas!
Merci pour vos textes encore!
ps: désolée pour une orthographe peut être très approximative, je suis tellement mauvaise que je n’ose pas souvent écrire…
