Après déjeuner, j’ai attaqué la chambre des filles par la face Sud. Il y a quelques semaines, j’avais déjà escaladé cet Everest par la face Nord. Il me restait la bibliothèque à ranger et surtout à revoir l’installation de la chambre en vue de l’arrivée de leur cadeau de noël que c’est une surprise, que je ne dirai rien même sous la torture. Cela fait déjà un moment que Lou m’asticote au sujet de cette fameuse surprise. Qu’elle m’interroge sur le gros (l’énorme) paquet qui encombre ma chambre. Je lui ai dit que c’était le sèche-linge que je rêvais de m’offrir. C’est vrai que je rêve de m’offrir un sèche-linge. J’en ai marre de voir trôner dans mon salon cette espèce de truc inesthétique où l’on accroche tout ce qu’on veut sécher.
Mais mon mari n’est pas chaud. Faut dire, que pour un Guadeloupéen, l’idée même d’acheter une machine pour faire sécher le linge est totalement incongrue. Sauf qu’il faut bien qu’il se rende compte un jour qu’il ne vit plus dans son île natale mais à Paris. Faut dire aussi que, dans sa famille, les femmes préfèrent laver le linge à la main plutôt que d’utiliser la machine à laver. Et qu’à chaque fois que je fais une lessive là-bas, j’ai droit à des remarques… Ce qui fait qu’au bout d’un moment, j’ai cessé d’en faire, des lessives. J’avais assez de linge propre pour moi et les filles. Le Nôm a un moment a râlé parce que la chemise qu’il comptait mettre ce jour-là-là était sale. Je lui ai demandé de s’adresser à sa môman ou à sa sœur, que pour ma part, le bureau des réclamations était fermé.
Bref, ce n’est hélas pas un sèche-linge qui encombre ma chambre. Mais Lou m’a crue (elle qui ne croit plus au père noël depuis longtemps). Et elle me fiche la paix avec ce foutu carton. Et elle ne cherche plus à l’ouvrir pour savoir ce qu’il contient (j’avais vérifié avant qu’il n’était pas possible de le savoir sans tout destroyé…)
Ce qui n’empêche qu’il fallait bien que je le fasse cette place dans leur chambre. J’ai commencé par vider la bibliothèque. Les fifilles ont quantité de bouquins, qu’elles n’abîment pas trop. Je leur ai appris le respect des livres dès leur plus jeune âge. La plus dure à convaincre fut Léone qui est mon brise-fer personnel. Mais il n’y a pas eu trop de casse.
Mais c’est incroyable ce qu’une bande de gamines peut entasser dans un lieu aussi restreint. Le nombre de petits bouts de papier découpé, jamais jeté, de pages de magazines plus ou moins déchirés, de perles, de billes, de jouets cassés… J’ai même retrouvé une boîte avec, dedans, des morceaux de pain de mie, un croissant fossilisé, deux mandarines pas loin de la décomposition et des sucrettes. Ça, ce sont typiquement des larcins de Léone qui fait des planques. La précédente était dans son lit, et je suis tombé dessus lors de ma dernière immersion dans la chambre. Va falloir surveiller ça de près.
Le Nôm s’est absenté en me disant : « Je reviens de suite. »
Nous avons trié les livres, Nous les avons rangés dans la bibliothèque à son nouvel emplacement, nous avons trié ce que contenait le bureau, nous l’avons réparé, nous l’avons installé à son nouvel endroit, stratégique car près de la prise électrique (indice, mais elles n’y penseront pas, c’est trop inimaginable pour elles), nous avons passé l’aspirateur dans tous les recoins de la chambre. Eh bien même les filles étaient fières de leur chambre. Elles m’ont promis d’essayer de faire durer la chose un petit peu, de ranger au fur et à mesure qu’elles ont fini de jouer. Je ne me fais pas trop d’illusion.