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Pour déjeuner, nous avons rejoint une adresse étonnante, recommandée à la fois par Sophie et par le Guide du routard. Se faire une bonne bouffe dans un vrai décor, voilà un plan que j’aime.

La maison de l'Alentejo

Passée la porte d’entrée banale et après avoir grimpé l’escalier, on se retrouve dans un véritable palais mauresque, un des rares bâtiments qui a résisté au tremblement de terre de 1755. C’est actuellement la Maison de l’Alentejo*, région à laquelle appartient la capitale portugaise. Une partie du décor d’origine a été gardé, notamment le patio avec sa fontaine et ses mosaïques. Le reste est plus surprenant. On se croirait dans un ancien bordel de luxe du XIXe siècle. Ou un club privé pour monsieur, ce qui revient sans doute au même.

A l’étage deux salles de restaurant décorées de faïence reproduisant des scènes de la paysannerie alentéjane dans la première, d’azulejos bleus et blancs dans la seconde. Pour y accéder, une salle de club, avec ses énormes fauteuils en cuir, à côté les toilettes pour messieurs, que je n’ai pas été visiter, une bibliothèque, une salle de lecture et de jeux, ornées elles aussi de panneaux de faïence. Le sujet de l’un d’eux pourrait être la tauromachie au Moyen Age car il représente des chevaliers en armure s’attaquant à un taureau furieux.

La maison de l'Alentejo

Il y a également un bar où l’on peut déguster des tapas sur de grosses nappes à carreaux bleus et blancs, une salle de bal – en train d’être cirée – immense, pourvue de lustres gigantesques, de miroirs et d’une scène flanquée de deux caryatides légèrement vêtue.
L’estrade donne également, de l’autre côté du mur, dans une seconde salle, plus petite. Mais ici, les deux jeunes femmes qui la flanquent ont un sourire bien égrillard. Je me demande quels spectacles pouvaient bien se donner là. En attendant, une mamie fait ses gammes sur un magnifique piano à queue et nous nous éclipsons pour ne pas la déranger plus longtemps.

La maison de l'Alentejo

En bas, le patio, une petite salle de lecture réservée aux « socios », la boutique de l’Alentejo (où nous achèterons le vin dégusté lors du repas). Et les toilettes pour dames, à visiter absolument. Enfin, pas les deux cabinets qui s’avèrent anciens et quelconques, mais le petit boudoir qui le précède. Une merveille au décor suranné, dont la peinture hélas s’écaille. Au plafond, un petit angelot, au sol du mobilier d’époque. C’est absolument charmant et attendrissant, mais cela nécessiterait une bonne restauration.

La maison de l'Alentejo
La maison de l'Alentejo

La visite est bien jolie, mais nous étions venus pour déjeuner. Cela dit, si vous êtes au régime, passez votre chemin. Les plats sont copieux, une bonne cuisine familiale. Délicieuse, mais pas vraiment légère.

Pour les filles, nous avons choisi des côtes de porc demi-portion. Les assiettes contiennent deux tranches de viande, des pommes de terre et de la salade. Que peut bien contenir une pleine portion !

Fritz choisit du porc de l’Alentejo, servi avec de petites palourdes et des pommes de terre. Et moi, une morue locale. Le plat en terre cuite est plus que copieux : morue, pommes de terre, poivrons fondants, oignons… je me régale.

Nous arrosons le tout d’un rouge de la région, bien titré comme tous les vins portugais, mais qui se boit tout seul. Heureusement qu’aujourd’hui, je ne conduis pas.

La maison de l'Alentejo

Nous avons tant mangé que nous sautons le dessert. D’ailleurs, en dehors de fruits, je n’en vois quasiment pas passer. Je demande l’addition et c’est là que les choses se gâtent. Les cartes bleues ne passent pas. Le serveur a beau s’escrimer, le modem ne veut rien entendre. Je suis bonne me délester de tout le liquide qui me reste, 60 euros pour nous cinq, pour un repas délicieux et copieux, vin et café compris. Ce n’est pas excessif, mais ce sont les visites prévues dans les musées qui s’envolent.

J’ai droit, dans le mois, à quatre retraits dans les distributeurs hors ma banque par mois, la limite est atteinte. Il me reste juste de quoi payer le trajet retour et comme je ne sais pas si la gare accepte les cartes de paiement (celle de Santarem ne la prenait pas), je garde précieusement la monnaie.

La maison de l'Alentejo

Pendant notre repas, il a plu à verse, maintenant, l’air est frais et humide, mais il ne pleut plus. Et c’est toujours cela de pris. Mais il faut trouver de quoi s’occuper tout l’après-midi puisque ce que j’avais prévu ne peut plus se faire. Adieu tour de Belém, pas de Jeronimos. Reste les balades en tramway et à pied.

(*) Rua Portas de Santo Antào, 58