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Quand j’étais en première année de fac d’espagnol, j’ai rencontré de très nombreux latino-américains : Chiliens, Argentins, Nicaraguayens, Boliviens, Colombiens. Tous sortis de différentes geôles, qui l’avaient échappé belle, enfin, ils avaient survécu. Ils s’en étaient sortis. Ils ne comptaient plus leurs copains, amis, parents qui avaient disparu corps et biens dans la tourmente des dictatures fachistes qui sévissaient, ces années-là, dans la plupart des pays d’Amérique du Sud (dont l’infâme Pinochet qui fait semblant de mourir à chaque fois qu’il doit passer devant la justice, et ça marche. Décidément, de Papon à Pinochet, les moyens sont les mêmes…)

Je me souviens de Mario, qui était sorti en pleurant du film La Gifle, de Pinoteau parce qu’il n’avait pas supporté la violence de cette gifle. Je me souviens de Danilo qui finissait un doctorat de linguistique et qui s’apprêtait à rejoindre la guérilla sandiniste, je me souviens de cette femme bolivienne qui avait connu les geôles de son pays, puis celles du Chili et qui s’était fait de nouveau arrêtée en Argentine.

Je me souviens du récit qu’un autre avait fait de son arrestation : les soldats avaient envahi son appartement d’où il avait fait disparaître tout livre ou dossier compromettant. « Mais tu sais, souriait-il. Les soldats, ce sont souvent de jeunes paysans qui ne savent même pas lire. Ils ont apporté tous les livres qui restaient au capitaine qui est tombé sur un SAS que je lisais dont le titre lui a paru suspect, genre Coup d’Etat à Naïrobi ou un truc dans ce genre. »

J’aurais dû prendre des notes, écrire tous ces bouts d’histoires incroyables, pitoyables, affreuses, humaines… Mais je ne l’ai pas fait. et puis j’ai oublié leurs récits. Mais il y a un truc que je n’ai jamais oublié, c’est ce que l’un d’eux m’a dit un jour : « Vous, vous ne savez même pas la chance que vous avez. Vous avez le droit de vote et vous n’en profiter même pas. Chez nous, il y a des gens qui tous les jours meurent pour gagner ce droit. »

Depuis, je vote. Oui, non, blanc, noir, qu’importe. Je vote. Et pour ce faire, je m’inscris sur les listes électorales. Avant le 31 décembre. Enfin, moi, c’est fait depuis longtemps. Et vous ????

Le vendredi 8 décembre 2006, 13:34 par Spica

C’est fait aussi depuis longtemps. :-)

2. Le vendredi 8 décembre 2006, 14:28 par andrem

céfé, céfé, moizôci.

Mais tout pourtant reste à faire : je n’évoque pas ici ceux qui, négligents ou aveugles, ne s’inscrivent pas ou qui ne votent pas bien, qu’inscrits. Il s’agit bien plutôt de ces jeunes et moins jeunes cons (j’ai le droit de dire un gros mot?) qui ânonnent contents d’eux : « élections piège à cons », vieux slogan usé qui fait encore recette. Il y en a. Ils sont plus nombreux qu’on croit, ils répandent le mal et autorisent les négligents et les aveugles à garder bonne conscience.

Ne t’y trompe pas, Akynou (tu remarques que je deviens prudent et que je redonde), Je n’invective pas ceux qui font les blasés alors qu’ils n’ont jamais voté de leur vie, ni ceux qui, las, ont cessé de le faire à voir ces batailles de verres d’eau ou qui leur semblent telles, alors que non en fait; j’invective ceux qui, sous prétexte de se vouloir « révolutionnaires à gauche de la gauche », considèrent le vote comme une trahison de classe, et prennent la pose avantageuse de celui qui a tout compris. Une sorte de syndrome du « NON de gauche » en pire.

Ceux là sont plus dangereux que les électeurs d’un certain vieux borgne pitoyable que je ne nommerai pas. Ces électeurs-ci, au moins, ils votent. Mal selon mon point de vue, mais ils votent. Ces non-électeurs là sont leurs complices satisfaits dans leur posture de colère malfaisante, qui trahit en un seul slogan machinal un idéal de plusieurs siècles.

3. Le vendredi 8 décembre 2006, 14:40 par Anna

On ne devrait pas dire élections, mais abstention piège à cons !

4. Le vendredi 8 décembre 2006, 18:35 par andrem

Avant le véquande, une question bête:
iléhou, le numéro 7 ?

Encore un ^#><^*§*@@! d’abstentionniste ?

5. Le vendredi 8 décembre 2006, 18:56 par Akynou

Andrem : le 7 est là www.akynou.fr/racontar…
Posté hier :-)

Anna, oui, c’est tout à fait ça. :-)

6. Le vendredi 8 décembre 2006, 19:43 par cisse

g lu vos commentaires avec bcp d interet mais ns ki habitons l afrique onns faiot voter et apres ils volent l elections dommage qu aujourdhui c devenu plus que dur plus mm mais bon

7. Le dimanche 10 décembre 2006, 16:44 par RhP

c’est marrant Andrem, mais je n’ai jamais apprécié de me faire traiter de con, et en général je pensais que les types qui m’insultaient prouvaient par leur certitudes qu’ils étaient beaucoup plus atteints que moi …

Si, devoir s’inscrire sur les listes électorales est une évidence incontestable , comme de défendre le droit magnifique qu’est celui du vote, en revanche j’ai tendance à adhérer, oui, ne t’en déplaise, à des propos comme « élections pièges à cons ».

Peut être que mes 20 années passées à militer au sein de l’un des plus grands partis de France, peut être que les lectures pointues faites de chaque congrès,peut être que mon ex statut de cadre du parti jouent en ma défaveur et m’interdise quelque forme d’intelligence.

Peut être …

Mais, peut être, peut être, d’avoir vu de l’intérieur se fabriquer les triangulaires de toutes pièces, peut être d’avoir en mémoire les espoirs décus de 81, peut être que d’avoir été transfusé sans consentement préalable en 84, peut être que d’avoir organisé les manifs de l’après 22, peut être que de continuer à penser que le Rainbow était un beau bateau et GDF une belle entreprise…

peut être que tous ces peut être peuvent ils parfois me placer à la gauche de la gauche la plus radicale et non pas seulement penser mais affirmer sans doute possible : « élections pièges à cons ».

Ceci étant, cette affirmation ne remet en rien en cause l’amour profond que j’ai pour la démocratie, celle là même qui se trouve être bafouée par ses propres acteurs.
et … oui, moi aussi je serai de tous ces cons qui feront leur devoir …connement sans avoir réussi à rendre moins conne cette parodie…

Sans rancune, dans mon idée de la démocratie, tout le monde possède le droit de vote et d’expression, ceux qui ont raison comme ceux qui ont tort.

désolé Akynou pour ce ti coup de gueule et bravo pour ton implication. Il fait un temps superbe sur Gwada !

8. Le dimanche 10 décembre 2006, 17:44 par Stella

MMmmmm, je vois qu’on se livre à un peu d’activisme sympathique ?… Eh bien bravo. Décidément, j’ai bien fait de partir au Mali. Je constate qu’il y a plein de choses qui ont changé en mon absence. Seul mon vieux blog n’a pas fait peau neuve. Bon, je vote, tu votes, nous votons avec acharnement. C’est l’essentiel.

9. Le dimanche 10 décembre 2006, 20:56 par Akynou

Andrem a un talent fou pour susciter les polémiques en ce moment. :-) Au moins, il a le mérite de ne pas reculer et de dire ce qu’il pense. Et ça fait du débat. Après tout, c’est bien là le principal… :-)

Rh. P. On aurait pu se croiser. J’ai milité un certain nombre d’années dans un des plus grands partis de France, j’y ai été permanente de longues années (enfin six en tout). Et j’ai vu tout se déliter autour de moi par l’appel du pouvoir. Je me suis fait virer dans des conditions rocambolesques et fort désagréables pour moi. J’ai continué à militer et puis à un moment je me suis dit : « Eh puis merde ! » Et je suis partie. Je suis nettement plus à gauche que ce parti. Mais je n’aurai aucun état d’âme (j’en ai assez peu d’ailleurs) pour voter aux prochaines élections. Entre deux maux, je choisis le moindre. La démocratie est sans doute un système abominable, car il implique une manipulation mais c’est le moins pire que tous.

Là où je rejoins Andrem, c’est quand je vois ceux qui haïssent tant les « socials traitres » qu’ils font le jeu de la droite. J’en connais même un qui trouvaient très drôle de voir Lepen au second tour « Ha ! la bonne claque qu’il s’était pris Jospin ! » Très drôle en effet ! Je pense aussi que l’abstention fait le jeu du borgne et de Sarkozy… Je suis pragmatique. Entre les maux, il faut choisir le moindre. Je ne crois pas que d’un côté, ce sera les lendemains qui chantent. Mais je suis sûre que de l’autre, ce sera les lendemains qui vont être très très durs. Un long tunnel où les libertés, l’école, le service public en général va prendre une telle claque qu’il risque de ne pas s’en remettre.

Mais là où tu me tue c’est quand tu dis qu’il fait beau en Gwada !!!! Aaaarrrggggg !!!!! (remarque en même temps, le beau temps là bas, c’est de saison :-))

10. Le dimanche 10 décembre 2006, 21:28 par Oxygène

A force d’enfoncer le clou… Ton calendrier de l’avant a inspiré ma participation au jeu blogosphérique d’Obni. Bien visé ! :-)