Longtemps, je me suis levée de bonne heure et pas dans la bonne humeur. Je ne suis pas du matin. Par contre, je suis une couche-tard. Hier, j’ai trouvé à m’occuper jusqu’à 4 heures du matin. C’est un peu excessif, je ne ferais pas cela tous les soirs. Ça n’a, de plus, aucun sens. Mais j’aime trainer la nuit, quand la maison m’appartient enfin.

Je suis décalée de naissance je crois. Ou de culture. Ma mère n’était définitivement pas une lève tôt. Dès que je suis entrée en 6e, c’est moi qui devait réveiller mes sœurs, préparer le petit-déjeuner de tout le monde pendant que madame mère continuait de dormir. Au prétexte que c’est moi qui commençait le plus tôt. Une fois la petite smala (j’ai quatre sœurs toutes plus jeunes que moi) installée à table, je courais prendre mon car scolaire.

Quand j’ai intégré le lycée, c’est ma sœur qui était censée réveiller tout le monde et préparer le petit déjeuner. Ça n’a pas vraiment marché. D’abord, elle se levait au tout dernier moment et partait très vite sans s’occuper des autres. Mais en plus, il fallait la secouer parce que le réveil n’y suffisait pas. Nous partagions la même chambre. Moi, j’entendais le réveil, je m’asseyais sur mon lit et lui criait : « Dépêche-toi ! Il est l’heure. » Elle jaillissais alors de son lit et filait dans la salle de bains. Heureusement, j’arrivais à me rendormir.

Un jour de juin, elle est devenue plus autonome. Ce matin-là, comme tous les autres, j’ai crié « Dépêche-toi ! Il est l’heure ». Elle a bondi hors de son lit, elle a fait sa toilette, elle a pris son petit déjeuner, a ouvert la porte. Il faisait nuit noire. Interloquée, elle est retournée dans la cuisine pour regarder la pendule. Il était 4 heures du matin. Je n’en ai personnellement aucun souvenir. Elle a eu la gentillesse d’attendre le matin pour m’engueuler et me raconter. Cela nous a fait rire. Et je n’ai plus jamais eu à la réveiller.

Etudiante, j’ai travaillé un été comme femme de chambre. Nous commencions à 7 heures du matin. Ça piquait un peu quand, à 6 heures, il fallait se lever. Je finissais la semaine épuisée. Très vite, j’ai demandé à ma grand-mère, la directrice de l’hôtel, de travailler plutôt comme réceptionniste. Une semaine sur deux, j’étais du matin 7 heures – 15 heures. La semaine suivante, 14 – 22 heures. Je ne travaillais que deux jours par semaine, mais je préférais nettement l’après-midi (d’autant que je sortais souvent après mon service).
Par la suite, j’ai toujours trouvé des boulots où je ne commençais pas trop tôt. Jamais avant 9 heures. Dix heures, c’était l’idéal.

Quand j’ai eu mes enfants, je bossais dans un hebdomadaire, les horaires était décalés et, surtout, il fallait assurer les bouclages. Nous en avions deux par semaines, qui encadraient le week-end. Ces jours-là, nous finissions entre 23 heures et 4 heures. Parfois plus tard. Il m’est arrivé de faire le tour du cadran. C’est comme cela que j’ai découvert que les oiseaux se mettaient à chanter juste avant l’aube. Comme il n’y a pas encore de bruit de la rue, on les entend bien.

Les matins suivants, il ne fallait vraiment pas me réveiller. Les enfants ont très vitre compris, de toute façon, que le matin c’est aussi fait pour dormir et pas pour em… maman. En semaine par contre, je tenais à passer du temps avec elles. Puisque j’en passais peu le soir (je bossais jusque’à 19 heures). Nous partagions notre blues du lundi matin.

Le problème, c’est que lorsqu’on rentre tard après une journée de boulot parfois très chargée, on ne va pas te coucher sitôt à la maison. Il faut un sas de décompression, quelle que soit l’heure. Sinon, de toute

façon on ne dort pas. Les nuits deviennent ainsi de plus en plus courtes. Et c’est pire quand ton a des enfants qui se réveillent la nuit. Plusieurs fois par nuit. Le déficit de sommeil s’installe. Ça a été mon enfer pendant cinq ans. Mon corps en a gardé le souvenir.

Quand j’ai divorcé, que j’ai quitté Paris et mon boulot et commencé à enseigner dans l’école de journalisme, mes deux plus jeunes étaient encore en primaire. Je rentrais beaucoup plus tôt à la maison. Mais les choses ne se sont pas améliorées pour autant. Je finissais plus tôt, soit, mais j’avais beaucoup de boulot à la maison (je ne parle pas de la 2e journée des femmes en général). Je m’occupais des filles, de leurs devoirs, je passais du temps avec elles (et dieu sait si elles en avaient besoin). Nous dînions, nous regardions un peu la télé. Et ce n’est que lorsqu’elles étaient couchées que je pouvais me remettre au travail. Je me couchais alors entre minuit et 2 heures du matin. Mes nuits étaient toujours aussi courtes. Tant que les filles étaient en primaire, j’ai continué à me lever avec elles, à prendre le petit déjeuner avec elles.

Cet horaire est maintenant imprimé. Si je me couche à 23 heures, il y a très peu de chance que je dorme. C’est même quand je me couche tôt que j’ai mes plus belles insomnies. Mais maintenant, la plupart du temps, je suis libre de me réveiller et de me lever quand je veux. C’est mon petit bonheur. Je me couche quand je veux, je me lève quand je veux. Et je ne suis plus (trop) en manque de sommeil.

Alors quand cette @&%& d’alarme incendie s’est crue autorisée a retentir dans la maison (où j’étais seule) ce matin, puis à recommencer toutes les dix minutes jusque’à ce que je trouve d’où venait le problème, j’ai bien failli l’exploser au sol. Si elle s’avise de recommencer, je la noie. Pa fé moun chié !

Ceci est ma participation au calendrier En Avent les blogopotes, une idée d’Anne, du Blogallet : faire un post sur un thème qu’elle donne et qui change tous les jours.. Aujourd’hui, c’était… Bonheur.