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C’était un film que j’avais bien aimé, tendre, et puis dur aussi, comme la vie…

Hier, quand je me suis levée, il faisait grand beau. Ce qui n’est pas si évident en ce mois de juillet et presque assez exceptionnel pour être souligné. Bien sûr, pour le voyage, c’était mieux que la pluie. Mais que n’avait-il pas fait ce temps-là la veille, et l’avant-veille, et…

Bref, quand je me suis levée, il faisait grand beau. J’ai préparé mon petit-déjeuner et j’ai été bisouté les filles dans le cou pour les réveiller en douceur. J’aime leur premier sourire du matin. Mais je devrais d’abord prendre mon petit-déjeuner avant de les réveiller. Ce serait plus calme. Oui, mais ainsi, je laisserais le Nôm le faire (les réveiller, pas prendre mon petit-déjeuner) et je n’aurais pas ce premier sourire. Au contraire, j’aurais leur tronche et pas un déjeuner plus tranquille.

C’est que le Nôm, comme mon paternel à sa grande époque, n’a pas le lever de filles en douceur. Je ne sais pas si c’est une attitude typiquement masculine, un traumatisme lié au service militaire (mon père affectionnait particulièrement l’imitation du clairon), mais toujours est-il qu’il vaut mieux, pour elles comme pour moi, que ce soit moi qui officie le matin. Et en plus, j’ai le petit sourire, le premier de la journée et quelques « je t’aime » que je range soigneusement dans mon escarcelle. J’en ai besoin.

Nous avons fini de ranger la maison, fini les bagages, rempli la voiture jusqu’à la gueule. J’ai été cueillir un bouquet de fleurs des champs pour mon amie qui allait arriver le lendemain. J’ai fermé la maison en lui glissant un « au revoir, je t’aime beaucoup tu sais » (j’ai laissé aussi ma brosse à dents. Il paraît que c’est le signe que j’y reviendrai) et nous avons pris la route.

Bouquet d'adieu

Les petites nationales de l’Allier sont belles, même sous la pluie. Mais là, avec le soleil, elles étaient magnifiques. Elles semblaient crier : « Ne nous quitte pas. » Ben oui, mes cocottes, je n’ai pas envie de vous abandonner. Mais qu’est-ce que vous voulez, c’est la vie, elle m’appelle ailleurs. Je n’étais pas triste, plutôt de bonne humeur. Les vacances avaient été vraiment bonnes, nous avions fait plein de choses plaisantes et c’était la fin.

Ça roulait bien. Le samedi, il n’y a pas de camions et ça fait gagner un temps fou et du stress. Cela dit, ce putain de stress, au fur et à mesure que nous nous approchions de la capitale, faisait un retour remarqué, comme les nuages…

Mais enfin, la vie était belle, et c’était tant mieux.

Nous sommes enfin arrivés à Paris. Sur la file d’en face, des kilomètres d’embouteillages. Le périphérique saturé, j’ai décidé de traverser la ville. J’aime bien, c’est une façon de la retrouver tout entière quand je rentre. Porte d’Orléans, Alésia, Montparnasse, Sèvres Babylone, Louvre, maison… On a déchargé la voiture à toute allure. Et puis je suis repartie pour la rendre, en faisant un détour pour faire le plein.

Je suis rentrée en bus. Il faisait lourd, pas bon. De gros nuages roulaient dans le ciel. Mais j’avais encore le cœur en bleu. Arrivant à la maison, j’ai pris le courrier dans la boîte à lettres. Je l’ai posé sur la table de la salle à manger. Une enveloppe avec un destinataire tout ce qu’il y a de plus officiel m’a pincé le cœur. Je l’ai ouverte pourtant. A sa lecture, je n’ai pu m’empêcher de dire « Eh merde ». Le Nôm et moi sommes convoqués en août au tribunal, avec Garance. Nous avons le droit de prendre un avocat et de venir avec. D’un coup, ma fenêtre de bleu s’obscurcit.

J’ai reposé lentement l’enveloppe, sans rien dire d’autre et je me suis dit que nous verrions le soir, quand les filles seraient couchées, en tête à tête. Je suis partie dans la chambre vider les valises Avec l’aide de Lou. Et puis, pour un prétexte futile, le Nôm s’en est pris à la grande. Depuis quelque temps, il en a après elle. Tout ce qu’elle fait, tout ce qu’elle dit est mal, pas à son goût. Il la veut parfaite, mais au lieu de l’encourager, il la traîne plus bas que terre. La grande se révolte, pleure, tempête, ce qui ne fait qu’énerver le père.

J’interviens, une fois de plus, demande au père de laisser en paix la jeune ado. Il a souvent raison sur le fond, mais totalement tord sur la forme. A ce niveau-là, cela devient de la persécution. Ce que je lui dis. Je me fais engueuler à mon tour. Et là, mon sang ne fait qu’un tour. Je sors la lettre du tribunal et la lui met sous les yeux. Est-ce mon comportement ou le sien qui nous amène là ? Silence. Tout le monde se calme. Je me dis que je me suis laissé emporter. Que je n’aurais jamais dû sortir cela devant les enfants qui vont à nouveau paniquer. Peur que nous nous séparions, peur qu’on leur enlève leur père, peur qu’on les enlève à nous.

Le soufflé retombé, j’en ai fini avec le rangement. Puis j’ouvrais le reste du courrier. Ma banque, essentiellement, qui se plaint et qui râle. Je nous savais pas au mieux, mais à ce point ? Je commence à éplucher mes relevés et me rend compte que depuis deux mois, le Nôm a un peu beaucoup abusé du côté des retraits en liquide. Plus de la moitié de la paie est partie en fumée. Je suis atterrée et je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais pouvoir faire pour combler le déficit. Evidemment, j’en parle au principal intéressé qui se renferme immédiatement dans sa coquille. Où est passé l’argent, je n’en saurai rien. Mais il va falloir que je trouve une solution efficace pour éviter que cela recommence. Une conversation de plus à essayer d’avoir. Au loin le ciel est devenu tout sombre. Il ne reste plus rien du bleu de ce matin.

  1. Le lundi 23 juillet 2007, 23:42 par sophieUne pensée pour toi

    2. Le mardi 24 juillet 2007, 00:00 par Aude dite Oriumtoutes mes pensées. Bisous fort!

    3. Le mardi 24 juillet 2007, 00:49 par LeelooleneToutes mes pensées vers toi… les retours de vacances sont rarement rigolo, mais là tu cumules…
    Evidemment je te souhaite tout le meilleur et que tout reprenne un droit chemin.
    Bises… je te mail à divers sujets.

    4. Le mardi 24 juillet 2007, 03:54 par Krazy KittyOh, c’est moche. Au moins les vacances étaient elles jolies…
    Bon courage.

    5. Le mardi 24 juillet 2007, 08:24 par luciolebisous, je t’appelle d’ici deux trois jours quand je reviens.

    6. Le mardi 24 juillet 2007, 08:58 par AnneJe ne sais pas trop quoi te dire si ce n’est que je suis avec toi, que je pense à toi très fort. Et si on peut quoi que ce soit, bien sûr…

    7. Le mardi 24 juillet 2007, 10:15 par andremBonjour Akynou.

    Te voici revenue. Finies les cartes postales dont on n’arrive plus à savoir si elles sont de maintenant ou d’autrefois, et si les commenter ne relèverait pas plutôt de l’archéologie que du hic et nunc.

    Tu t’es retrouvée d’emblée plongée dans le quotidien, maussade au bas mot. Car comme parfois certains nuages n’annoncent rien de bon mais sans savoir quoi de mauvais, il y a pluie et pluie, elles peuvent même être bienfaisantes, certains signes avant-coureurs d’ennuis ne permettent pas de mesurer l’ampleur de ce qui attend tapi. Tu te sens démunie et menacée, un grand mur barre l’horizon, tu sais qu’il existe mais tu ne le vois pas encore.

    Je connais ce moment où l’on se prépare à la bataille avec un noeud dans l’estomac, un peu en aveugle, en imaginant le pire pour y être préparé le cas échéant, et en vérifiant tous les lacets de guêtres plutôt dix fois qu’une, en se répétant arguments et contre-arguments, dans un dialogue préventif qui n’aura pas lieu dans les mêmes termes le jour venu.

    Je ne sais pas évidemment le pourquoi du comment des menaces que tu évoques, j’en devine la gravité, et bien que je me sache parfaitement inutile en la circonstance, j’ai voulu nommer et décrire ces moments préalables que je connais trop bien, une façon de les désamorcer en les dévoilant, rien n’est pire que la rumination silencieuse.

    Contrairement à mon habitude, je n’ai pas eu envie de te mettre en colère, trop facile, j’ai préféré me mettre à côté de toi et te parler de toi comme je te vois à travers ta fin de journée orageuse, là maintenant tout de suite.

    Au moment du combat, je sais que ton énergie déplacera les montagnes, je sais que tu ne démériteras pas, ni devant je ne sais quel juge ni devant je ne sais quel banquier, ni devant je ne sais quel importun qui te bouche le ciel bleu.

    Et si « che sera sera », au moins je serai certain que tu auras fait plus qu’aurait pu faire quiconque d’entre nous pour ton Etoile.

    Je pense à toi plus qu’il ne faudrait, moins que je ne devrais, et autant que je puis.

    8. Le mardi 24 juillet 2007, 10:50 par FauvetteAkynou, je t’embrasse bien fort.

    9. Le mardi 24 juillet 2007, 13:08 par samantdiJe t’ai envoyé un mail à ton adresse « civile » chez le ouaouananadou, j’espère qu’elle est encore bonne (vu que depuis qu’ils ont changé de couleur, peut-être qu’ils ont aussi supprimé le ouaoua ?)

    Je t’embrasse fort

    10. Le mercredi 25 juillet 2007, 14:42 par Laurelinplein de bisous ensoleillés, oui, aujourd’hui, il fait beau chez moi. Et plein de pensées t’accompagnent.