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Il est temps de continuer l’histoire

Nous voilà partis, le Nôm et moi sur les routes de France avec ma petite Panda. Le but était à la fois de passer de bonnes vacances et de présenter le Nôm et ma grossesse à la famille éparpillée. Nous descendîmes dans les Cévennes, dans la maison qu’y avaient à l’époque mes parents. Les Cévennes au mois de novembre, c’est beau, c’est rigoureux et un rien sauvage. Idéal pour un couple d’amoureux. Le Nôm a fait la connaissance de ma sœur Alix, de son mari de l’époque, de sa fille aînée, la Julie qui avait tout un petit caractère et ne prisait guère ce monsieur qu’elle ne connaissait pas. Il a fini par gagner sa confiance, ce qui n’était pas une mince affaire…

De là, nous fîmes une excursion dans le Lot pour y rencontrer une de mes tantes. Puis retour dans les Cévennes. Nous faisions de nombreuses excursions pour que le Nôm puisse visiter l’endroit. Un mois plus tard, nous sommes remontés sur Paris en passant par Lyon, pour y visiter une autre de mes tantes et des amis. Nous quittâmes Lyon un matin, j’avais rendez-vous l’après-midi même chez mon gynécologue. Nous arrivâmes pile poil à 15 heures. Je garai la voiture avec les bagages en bas de son cabinet, y laissai le Nôm faire le guet, et montai à mon rendez-vous.

Je fus reçue fraîchement. Soit, j’étais en pleine forme, mais ce n’était pas une raison pour faire 3500 kilomètres dans une guimbarde inconfortable (c’est vrai que la Panda, ce n’était pas confortable, mon dos s’en souvient encore…). Toujours est-il que le bébé était positionné très bas et pour ne pas risquer un accouchement trop prématuré, il semblait obligatoire que je resta couchée pendant au moins un mois et demi…

Restée couchée, moi, alors que je pétais la forme ? Vous voulez rire.

J’avais plein de choses à faire et notamment profiter de mon amoureux qui repartait début janvier. Nous avions prolongé son billet, repoussant le retour jusqu’à après les fêtes. Je n’avais pas vraiment envie qu’il soit présent au moment de l’accouchement. C’était mon affaire. Et même s’il n’était pas du tout d’accord, je considérais que ce n’était pas la sienne. Je n’étais pas encore intimement persuadée que nous étions faits pour vivre ensemble…

Entendons-nous bien, si je n’avais pas été enceinte, les choses auraient été différentes. Je me serais laissé embarquer par mon bon plaisir qui était de passer le plus de temps possible avec lui. Si j’avais été enceinte de lui, la question ne se posait même pas. Mais là, pour mon bébé, je voulais être sûre. Sûre de moi, sûre de lui. On ne joue pas quand on a des enfants…

Cela dit, on peut organiser les choses comme on veut, en ce qui concerne les naissances, on ne décide rien. On subit. Je suis tombée très malade mi-décembre. Pour le coup, le lit, je l’ai gardé, bien incapable de faire quoi que ce soit d’autre. Ça a duré plus de quinze jours. Mais j’ai pu passer un bon réveillon de la Saint-Sylvestre. En tête-à-tête avec mon Nôm. Dans la nuit, j’eus mes premières contractions. Dans un demi-sommeil, je murmurai au bébé : « Je t’interdis ! » Ça a eu l’air de faire de l’effet. Les contractions ont cessé…

Un jour, à Marvejols, j’ai rencontré Gérard Ménatory dans son parc à loups de Sainte-Lucie. Il m’avait raconté que dans une meute, seule la femelle dominante pouvait se reproduire, que les autres « inhibaient » leurs facultés de reproduction et n’avaient plus de chaleurs… Ce pouvoir sur le corps, si incompréhensible pour certains scientifiques, et totalement inconscient, je suis sûr qu’il existe aussi pour les humains. Je ne me prends pas pour une louve (quoi que, parfois…), mais je suis absolument persuadée d’avoir eu, parce que je le voulais absolument, prise sur mon corps. Mais comment est venu cette volonté, je n’en sais rien. Je suis également persuadée que l’inconscient perçoit un certain nombre de choses et impose au corps des mesures de sauvegarde. Encore faut-il que notre volonté ne se heurte pas à une autre, tout aussi motivée.

J’avais encore trois semaines devant moi. Trois semaines pour préparer la chambre, le linge, ma valise. Et puis celle du Nôm qui repartait quelques jours plus tard. Il faisait une triste mine, mais c’était comme ça… Ma décision était toujours bien arrêtée. C’était compter sans le bébé… D’ailleurs, inconsciemment, j’ai dû m’en douter. Le 1er, je préparai mon sac. Le lendemain, un lundi, j’avais rendez-vous chez l’anesthésiste pour la péridurale. J’avais tellement la trouille d’accoucher sans cet examen préalable que je n’avais pu faire avant puisque je devais rester couchée, puis à cause de ma maladie. Un accouchement sans péridurale, je ne voulais même pas l’envisager. J’étais donc extrêmement soulagée de rencontrer le praticien – enfin, la praticienne – j’ai baissé la garde : les contractions sont revenues. Ce qui me valut une traversée de Paris mémorable.

Le mardi, à 13 heures, j’accouchai.

L’après-midi même, ma chambre n’a pas désempli. Il y avait ma sœur Anne, qui a été déclarer la naissance de ma fille à la mairie, une de mes bonnes amies, qui m’avait accompagnée la veille au soir à la clinique, des amis de passage, le Nôm et J.

C’était un moment étonnant. J’étais allongée dans mon lit, je voyais les gens se passer le bébé (je n’ai guère pu la prendre dans les bras avant que tout le monde parte, j’attendais mon heure…). Et passer surtout de J. au Nôm sans que ces deux-là échangent autre chose que des grimaces à peine polies. Mais ils étaient tous les deux pleins d’amour pour le bébé. Lou était là et bien là. Et entre ses deux pères. Celui qui l’avait conçue avec moi et celui qu’elle avait choisi, parce qu’en définitive, c’est bien elle qui l’a choisi

1. Le lundi 22 janvier 2007, 17:29 par Oxygène

Bon anniversaire Lou :-)

2. Le lundi 22 janvier 2007, 17:45 par Traou

Une bien jolie saga… Je suis toute émue devant mon écran.

3. Le lundi 22 janvier 2007, 18:34 par samantdi

C’est incroyable, cette histoire… Une vraiment belle histoire, en tout cas !

4. Le lundi 22 janvier 2007, 20:19 par Chondre

« Celui qui l’avait conçue avec moi et celui qu’elle avait choisi, parce qu’en définitive, c’est bien elle qui l’a choisi… »

Purée moi aussi je suis ému. Tout simplement beau.

5. Le lundi 22 janvier 2007, 20:22 par Anne

La Panda, ça n’est pas confortable, non ! Mais qu’on s’y forge de bons souvenirs !

C’est drôle parce que j’ai relu tout à l’heure ton billet sur la naissance de Lou… et … affaire à suivre !

6. Le lundi 22 janvier 2007, 22:52 par Fauvette

Quelle belle histoire !
Très émouvante, merci.
(C’est vrai que la Panda c’était un peu tape-cul hein ?)

7. Le mardi 23 janvier 2007, 00:00 par alixcire

Mon dos aussi se souvient de ta vieille Panda et de deux allez retour dans les Cévennes :-). Mais comme j’étais amoureuse à l’époque, il n’en reste que la trace de ma gratitude pour elle, donc pour toi…
Depuis quelques temps, je me pose la question du surnom de ton homme. Pourquoi le Nôm? C’est énigmatiquement joli.
Bisous

8. Le mardi 23 janvier 2007, 00:10 par Akynou

Oh ma Panda n’était pas vieille. Elle était inconfortable congénitalement :-) Pour le Nôm, c’est tout simple, c’est mon Nôm. Mon homme… :-)

9. Le mardi 23 janvier 2007, 11:24 par Franck

Souvent je me dis : « Que va penser mon fiston lorsqu’il lira tout ce que je peux écrire sur lui sur mon blog ! », comme une sorte de testament-journal qu’on lui prépare petit à petit !

10. Le mardi 23 janvier 2007, 12:33 par Akynou

Franck, oui c’est quelque chose à laquelle je pense. Mais cette histoire là, elle la connaît, et beaucoup de gens autour de nous la connaissent. Je ne dévoile aucun secret ici :-) c’est aussi pour montrer ça : qu’on peut vivre des histoires a priori compliquée dans la plus grande simplicité sans qu’il soit question de fond de tiroir, de placards, et d’histoires qui vous pêtent un jour à la face :-)

11. Le mardi 23 janvier 2007, 12:34 par Anitta

Touchant billet :-)

12. Le mardi 23 janvier 2007, 12:46 par Moukmouk

Si quelqu’un porte bien le totem de la louve c’est toi. Personne ni rien ne te sépare de ton objectif.

13. Le mercredi 24 janvier 2007, 10:38 par andrem

Totem de la louve, joliment dit Moukmouk. Qui d’autre aurait pu l’inventer d’ailleurs. Un pas de loup venu du Canada.

Bon anniversaire, Louve. Tu es l’Amazone et tu précèdes la toison de feu. La lionne attend son heure.

14. Le jeudi 25 janvier 2007, 11:32 par andrem

Il y eut Romulus et Remus nourris par la louve, et Rome est sortie de cette histoire de légende.

Il y a la louve qui fut couvée par Romulus et Remus. Une nouvelle légende à inventer.

Inventer même pas, elle s’invente sous nos yeux toute seule, elle se véridise. Et Akynomère est là pour nous en dire l’épopée.

15. Le jeudi 25 janvier 2007, 12:17 par Akynou

Andrem, tu as raison, Lou ne porte peut-être pas son nom par hasard :-)