Un bébé à naître donc et deux papas potentiels… Joli tableau, mais quelque peu déroutant. Le premier des papas, gentil garçon, mais une histoire sentimentale terminée. Le second, tout aussi gentil garçon, mais une histoire qui venait à peine de commencer. Et dont je ne savais pas si elle allait durer. Quand on a 35 ans, par la force des choses, on a cessé de croire au père noël et à l’« amour toujours ». Nous étions amoureux, certes, mais nous aimions-nous. Cela allait-il durer au-delà de vacances exotiques ? Et surtout, mon nouvel ami passerait-il l’épreuve de l’installation à Paris ? Sortez un oiseau de son île et son plumage peut se faire plus terne.
Au début, donc, j’accueillais poliment les transports de joie de mon amoureux et me préparais fermement à être mère célibataire. Et puis, le temps passant, je commençais à regarder d’un autre œil les déclarations d’intention, et à me dire : « Pourquoi pas ? Au moins essayons. » Je repartis de Guadeloupe avec la promesse que, dès que l’argent des Assedics serait arrivé (je l’avais aidé à régler le problème administratif), l’amoureux achèterait un billet pour Paris. Pour deux mois…
Ce qui fut dit fut fait. En attendant, j’annonçais ma grossesse à tout le monde, enfin surtout à ma famille, qui se demandait bien ce que j’avais encore pu inventer mais qui, me voyant plutôt heureuse, l’était aussi. Sauf mon père, qui était légèrement odieux, que j’envoyais donc bouler et qui finit par me dire : « Ce n’est pas parce que ton bébé n’a pas de père que tu es obligée de nous faire chier. » Il n’a jamais supporté qu’un autre prenne sa place et sans doute savourait-il secrètement le fait que, comme je devenais mère sans homme, il allait peut-être pouvoir la reprendre. Je lui répondis qu’en l’occurrence, ce n’était pas l’absence de père qui posait problème, mais le surplus… Ce qui le fit marrer et nous en restâmes là.
Mi-juillet, je partis à Orly chercher le Nôm. Je partis en retard, j’arrivai en retard et en plus, je me trompais d’aéroport. Les vols des Antilles venaient d’être transférés d’Orly Sud à Ouest. Je ne le savais pas. Je m’en aurais bouffé les c… si j’en avais eues. En plus, je me disais que si j’étais à ce point en retard, si je n’avais pas percuté le changement d’aéroport, cela ne pouvait qu’être un acte manqué et que je n’avais pas si envie de le voir… Misère, ce que la psychologie a deux balles peut être stressante parfois.
J’arrivais essoufflée à Orly ouest, le vol était arrivé depuis longtemps, les passagers débarqués. Les derniers sortaient de la salle des bagages. J’attendais dans l’espoir qu’il soit parmi eux. Non, bien sûr, il était sorti dans les premiers et était parti à ma recherche dans l’aéroport… Mais comment allais-je le retrouver ? Je ne savais plus quoi faire. Je commençais à marcher de comptoir en comptoir et de porte en porte quand, un coin de ma rétine fut attiré par une silhouette à la fois familière et incongrue… Je tournais la tête. C’était lui qui se dirigeait vers les taxis. Le Nôm est timide, mais a un sens pratique très développé et il ne doute de rien…
Nous fumes bientôt face à face, gauches, empruntés, gênés, mais tout de même contents. Il n’avait pas fière allure mon voyageur. Il avait tout du petit paysan guadeloupéen qui montait à la métropole dans son petit costume gris et étriqué. J’avais du mal à retrouver celui dont j’étais tombée amoureuse. Voilà, à Paris, tout devient gris… Que personne ne raconte qu’il n’a aucun préjugé, il ne sera pas cru. Mon sang de petite parisienne ne fit qu’un tour (discret cependant) : comment pouvait-on ainsi s’habiller…
Heureusement, à la maison, il se changea et retrouva son jean et ses tee-shirt. Il s’installa avec cette décision tranquille qui m’avait tant plus là bas, dans ses îles. Nous reprîmes nos marques sans plus de problèmes. C’était super, cette vie à deux…
Nous restâmes à Paris jusqu’à mon congé de maternité. Puis nous prîmes ma petite Fiat Panda et nous partîmes visiter la France, qu’il ne connaissait pas…
1. Le jeudi 30 novembre 2006, 16:56 par Leeloolene
« jusqu’à mon congé de maternité. Puis nous prîmes ma petite Fiat Panda et partimes visiter la France »
Qu’entends-je ??? Que lis-je ???? NON MAIS CA VA PAS ????!!!! Tu sais pas que quand on est en arrêt maladie faut pas BOUGER DE CHEZ SOI ????
Ah ben oui… une occasion pareille je ne pouvais pas la rater :))
Bises 
2. Le jeudi 30 novembre 2006, 18:22 par Akynou
Ma chère Leeloolène, tu as mal lu. Je n’ai pas écrit congé maladie, mais congé maternité. Ce qui n’est pas du tout la même chose.
Quand on est enceinte, on n’est pas du tout malade. Sauf quelques cas de grossesses pathologiques qui obligent la femme à rester au lit, ce qui n’a jamais été mon cas puisque je pétait la forme à chacune de mes grossesses. En plus, à l’époque, j’étais pigiste et mon contrat se terminait alors que j’étais à six mois. Et à six mois de grossesse, j’en connais qui faisaient bien pis…
Donc, attends une meilleure occasion (que tu n’auras pas parce que personnellement, j’ai toujours suivi les recommandations des médecins). Na ! 
et bises aussi
3. Le jeudi 30 novembre 2006, 19:17 par Moukmouk
Tu as bien raison, la maternité ce n’est pas une maladie , mais j’ai bien hâte de lire la suite…
4. Le jeudi 30 novembre 2006, 19:52 par Leeloolene
Oui… mais on se met bien en congé maternité pour se REPOSER et attendre la venue du bébé !! Ca ne signifie pas aller sinuer les routes de notre joli pays !!! Que je sache ??!! Bon à 6 mois d’accord… et puis il manquerait plus que tu me sortes cet argument dans quelques années !! 
Taquinement vôtre,
Leeloolène qui n’a pas quitté son canapé et son lit depuis 4 jours (je suis sérieussseeeeeeeeeee)
(enfin un peu la cuisine quand même histoire de prendre des forces… faut pas se laisser aller non plus !)
5. Le jeudi 30 novembre 2006, 21:44 par Vroumette
@Leloolene : m’enfin même à sept, même à huit, même à neuf mois on peut faire un paquet de trucs enceinte. J’te jure, c’est comme si on prenait des amphèts !
Et comme le dit si bien ma grand-mère de 85 ans (bon, ce n’est pas d’elle, mais elle le dit souvent) : « j’aurais tout le temps de me reposer quand je serai morte »
@Akynou : est-ce que tu as raconté ton histoire aux filles , parce qu’elle est drôlement belle je trouve. Avec ta frangine (enfin celle que je connais), vous êtes de jolis exemples que parfois en se laissant porter par la vie, cette dernière peut apporter de très jolies choses.
6. Le jeudi 30 novembre 2006, 23:58 par Aude Dite Orium
J’étais pas au courrant, ou j’ai préféré oublier, pour le vieux. MDR
7. Le vendredi 1 décembre 2006, 09:20 par luciole
Vroumette : rire, ha la découverte du « laché prise » ! Rire ! bises !!!!
8. Le vendredi 1 décembre 2006, 10:01 par Anne
Oui, on peut faire des tas de choses. Moi je pouvais très bien manger des bananas splits à Paris Carnet à 8 mois de grossesse, par exemple ! (Quoi c’est pas pareil ? Oui mais j’ai eu une Panda pendant des années et je SAIS que déjà pas enceinte, ça peut être un peu douloureux !).
Heureusement la psychologie à deux balles ne t’a rien valu, sur ce coup-là, si j’en crois les années qui ont suivi et Nôm toujours ici certainement pas gris !
9. Le vendredi 1 décembre 2006, 12:06 par a n g e l
mais c’est quoi ces gonzesses enceintes qui pètent la forme?
vous voulez que je pleure???
uhuhuhuhuhuhuhuhu
jolie histoire, j’ai hâte de lire la suite… Et faut toujours envoyer bouler les papas relous 
10. Le vendredi 1 décembre 2006, 12:40 par Jazz
Tu es une héroïne de roman (sans gnan-gnan bovaryen, ni cristallisation stérile).
Lire ces moments de ta vie me file des frissons.
Cette histoire me parle tellement que ça fout les boules.
Je ne sais pas si je dois te détester pour me faire vivre si intensément tes écrits à un moment aussi incongru, ou si je dois te remercier pour me rappeler qu’écrire, tomber, se relever, douter, aimer, croire et espérer, s’énerver, tolérer, aimer encore et vivre, c’est si beau.
Non, finalement, je te dis merci.
11. Le vendredi 1 décembre 2006, 13:44 par Anitta
Moi aussi, à chaque fois que je descends à Paris, j’ai l’impression qu’on me regarde comme si j’étais une paysanne brutalement extirpée de sa campagne… Toutes mes pensées vont au Nôm 
12. Le vendredi 1 décembre 2006, 13:50 par Akynou
Anitta : je crois vraiment pas que tu puisse comparer 
13. Le vendredi 1 décembre 2006, 14:34 par isadora
Elle est chouette, cette histoire, vivement la suite 
(bravo pour le crapahutage en panda, mais tu as accouché plus tôt, non ?)
14. Le vendredi 1 décembre 2006, 14:53 par Akynou
Isadora : oui, mais pas à cause de ça. Je suis tombée très malade et j’ai passé trois semaines avec 40 de fièvre pendant les vacances de noël.
15. Le vendredi 1 décembre 2006, 15:06 par andrem
Gloire au nôm.
C’est bien lui qui me conforte dans mes certitudes perclues de doute. Et comme ne le dit pas le proverbe, le plaisir n’est pas dans les gênes.
Je le vois bien guadeloupéen, ce proverbe.
Aimer la femme et l’enfant qui va avec, voilà la définition du père. Certainement pas celui qui a pris de la graine, et évidemment encore moins celui qui se croit propriétaire, et qui en prend de la haine se croyant exproprié.
J’ai parfois nommé le nôm Ulysse. Je persiste.
Dernière flèche avant le véquande: j’aime vos solidarités de soeurs, Akynou, toute la clique dont à laquelle j’oublie l’ordre et les noms: Luciole, Aude, Alix, et la larronne que j’oublie car elle se tait, toutes alignées derrière toi au milieu du torrent d’amour. Non sans rapport avec le soi-disant propriétaire auquel pourtant un jour il faudra bien pardonner. Pour que le torrent continue de se déverser.
Voilà ti pas de la psychè à deux balles!
Me trompje?
16. Le vendredi 1 décembre 2006, 20:54 par myllie
lectrice assidue et jeune étudiante découragée ce blog est pour moi une bulle de joliesse entre deux exercices de physique:) merçi!
17. Le vendredi 1 décembre 2006, 21:18 par Akynou qui frime
Oh merci Myllie, vous ne pouviez pas me fair plus plaisir
Courage !
18. Le samedi 2 décembre 2006, 00:36 par Fauvette
Ah les histoires d’amour quel régal ! Tsss l’histoire du costume gris…
Tu es du genre à soulever des montagnes toi hein ? Surtout pour être heureuse et partager ce bonheur ! J’admire ton énergie.
Merci pour ce récit.