J’espère qu’il pleut sur Montreal…

Et même qu’il pleut à verse. Pourquoi ?

Non, je n’ai rien contre les québécois. Nos cousins de l’autre côté de l’Océan. C’est juste parce qu’on dit « Mariage pluvieux, mariage heureux ». Et qu’à 15 heures, heure montréalaise, Laurent épouse l’objet de sa flamme en justes noces. J’insiste : en justes noces.

J’aurais aimé qu’il l’épouse en France. On aurait pu faire une fête à tout casser. Un Paris carnet avec champagne et dentelles. Mais voilà, en France, parce que l’objet de son amour s’appelle Yves, on lui refuse de convoler. Pour une fois qu’ils étaient deux à vouloir voler ensemble, c’est dommage. Je plaisante…

Je ne vais quand même pas me laisser abattre par un tel contretemps. Bien au contraire. Faut dire que, pour boire un coup, je suis toujours partante. Et puis vous savez ce que c’est, une coupe, deux coupe, trois coupe… et soit on roule sous la table, soit on monte dessus.

Etant d’humeur primesautière, j’ai préféré la seconde solution. Et c’est donc campée solidement sur la table de ma salle à manger que j’ai entamée La Marche nuptiale sous les yeux sidérées du Nôm et de mes filles. Merde quoi…

Mariage d’amour, mariage d’argent,
J’ai vu se marier toutes sortes de gens :
Des gens de basse source et des grands de la terre,
Des prétendus coiffeurs, des soi-disant notaires…

Quand même je vivrai jusqu’à la fin des temps,
Je garderais toujours le souvenir content
Du jour de pauvre noce où Yves et Laurent
S’allèrent épouser devant Monsieur le Maire.

C’est dans un char à boeufs, s’il faut parler bien franc,
Tiré par les amis, poussé par les parents,
Que les vieux amoureux firent leurs épousailles
Après long temps d’amour, long temps de fiançailles.

Cortège nuptial hors de l’ordre courant,
La foule les couvait d’un oeil protubérant :
Ils étainet contemplés par le monde futile
Qui n’avait jamais vu de noces de ce style.

Voici le vent qui souffle emportant, crève-coeur !
Le chapeau de Laurent et les enfants de choeur…
Voilà la pluie qui tombe en pesant bien ses gouttes,
Comme pour empêcher la noce, coûte que coûte.

Je n’oublierai jamais le marié en pleurs
Berçant comme un chat son gros bouquet de fleurs…
Moi, pour le consoler, moi, de toute ma morgue,
Sur mon harmonica jouant les grandes orgues.

Tous les garçons d’honneur, montrant le poing aux nues,
Criaient : « Par Jupiter, la noce continue ! »
Par les hommes décrié, par les dieux contrariés,
La noce continue et Viv’ les mariés !

Repost : 22h30. heure de Paris. J’ai un léger mal de tête. 16h30 heure de Montreal, ils sont mari et mari. Ils doivent être mignons. Je m’attendris. Je vais pour me servir une nouvelle coupe… Kozlika s’est acheté une nouvelle robe. Ah crotte, j’espère qu’il fait beau, à Paris ou à Montreal, pour que sa belle tenue ne s’abîme pas avec l’eau. Tant pis pour la pluie. Et puis, quand je me suis mariée, il faisait grand beau temps… Et depuis huit ans qu’il dure, il est toujours heureux mon mariage. Bon, alors je change d’idée. J’espère qu’il fait beau à Montreal. Un grand soleil même… Parce qu’ils le valent bien !