Je suis marraine

Et ça me fait vraiment plaisir.
Je suis marraine d’un petit garçon qui fréquente la même école que mes filles. Il est super beau. Il a les cheveux blonds, de grands yeux verts. Je vous rassure, il serait moins beau, je serais tout aussi contente…
Je suis sa marraine depuis vendredi soir.
Je suis aussi la marraine de sa maman.
Ils sont étrangers et sans papiers.
Enfin, elle est sans papiers. Lui, c’est un petit garçon qui va à l’école. Et qui parle français comme vous et moi. Qui a des copains et des copines. Un gamin de Paris, quoi.

La maman aussi parle bien le français, ce qui aide dans les discussions. Je suis contente d’avoir une filleule avec qui je peux discuter.
Ce sera surtout utile si elle est arrêtée. Elle est sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière. Si elle est contrôlée, elle est mise immédiatement en centre de rétention et c’est l’avion. Sauf… sauf si son fils est à l’école, donc pas avec elle. On ne peut pas expulser les parents sans leurs enfants. Vous savez ce que font les autorités dans ce cas là ? Elles demandent aux parents de signer un papier comme quoi ils acceptent que leurs enfants soient confié à la Ddass. Comme ça, on peut les mettre dans l’avion sans leurs petits… Malin, non ?

La maman a mes coordonnées. Je serai prévenue. Et à ce moment là, il faudra récupérer le gamin. Et le cacher. C’est totalement illégal. Je le sais. J’assume. C’est illégal, mais c’est républicain. Si je vais en prison, vous m’apporterez des oranges ;-). Je plaisante. Les risques ne sont pas énormes.

Le recteur de Paris s’est engagé à ce qu’aucun enfant scolarisé à Paris ne soit expulsé. Donc les parents non plus. Mais enfin, dans cette période où certains font du zèle pour remplir les quotas imposés par le ministère, aux fins électorales que l’on sait, on ne peut être sûr de rien. Je risque tout de même moins que si je parrainais un jeune majeur. Parce que, bien évidemment, comme les soutiens marchent, on s’attaque surtout aux célibataires. Comme Jeff qui a été expulsé à la veille de la rentrée scolaire… Mais il n’est pas le seul.

Tout le monde peut faire comme moi. Il suffit de se rapprocher du comité RESF le plus proche de chez soi. Il y a des milliers de familles qui sont dans le cas de mes filleuls. D’autant que maintenant qu’ils ont déposés des dossiers demandant à être régularisé via la circulaire Sarkozy, ils sont dûment enregistrés et fichés… Liberation a fait un dossier intéressant ce week-end qu’on peut lire en ligne.