Je viens de recevoir ce mail de la responsable du Comité citoyen qui aident les familles sans papiers de notre école. Ça y est, ça y est, ça recommence…
“Siaka a deux ans, il est Malien. Il est placé à l’orphelinat par la volonté du ministre de l’Intérieur.
Expulsés le 17 août du squat de Cachan, ses parents avaient accepté l’hébergement provisoire à l’hôtel Ibis d’Orly que leur proposait la préfecture du 94.
Le 1er septembre, nouvelle évacuation : les ex-squateurs en situation régulière sont envoyés vers d’autres hôtels, plus éloignés encore de leurs lieux de vie et de travail. Les sans papiers sont raflés et placés en garde à vue puis en rétention. Parmi eux, M. et Mme Doumbia, les parents de Siaka. Le centre de rétention du Mesnil- Amelot n’étant pas équipé pour recevoir des enfants, le petit garçon est arraché à ses parents et placé dans un orphelinat dépendant de l’Aide sociale à l’Enfance.
Ces faits, monstrueux pour les gens ordinaires, ne sont ni un accident, ni une bavure : il s’est trouvé un ministre pour les décider, des hauts fonctionnaires pour les organiser, des fonctionnaires pour les exécuter. Quand, probablement indigné par cette situation, un juge a décidé de libérer les parents pour qu’ils retrouvent leur enfant, il s’est trouvé un procureur pour bloquer sa décision et maintenir les Doumbia en rétention et Siaka à l’orphelinat et une cour d’Appel pour trouver que ce n’est que justice.
Les choses en sont là. M. et Mme Doumbia sont en rétention pour 15 jours renouvelables à moins qu’ils ne soient expulsés avant.
Ces événements qui sont la conséquence logique de la politique démagogique du gouvernement sur la question de l’immigration sont inacceptables. Le RESF appelle tous ceux que ces faits révoltent à faire connaître leur sentiment en s’adressant directement aux responsables au Cabinet du ministre de l’Intérieur, au moins une fois par jour jusqu’à ce que Siaka et ses parents soient libérés et réunis.
Standard ministère de l’Intérieur : 01 40 07 60 60 (demander le Cabinet du ministre)
Fax ministère de l’Intérieur : 01 40 07 21 09
Fax directeur de Cabinet :01 40 07 13 90
Mail directeur de Cabinet : sec.gueant@interieur.gouv.fr et claude.gueant@interieur.gouv.fr
Mail du conseiller à l’Immigration : guillaume.larrive@interieur.gouv.frAdresse postale : C/o EDMP 8 Impasse Crozatier 75012 Paris – educsansfrontieres@free.fr / www.educationsansfrontieres.org
Contact sur ce dossier : Armelle Gardien 06 89 49 48 47, Pablo Krasnopolsky 06 33 53 62 21, Richard Moyon 06 12 17 63 81”
repost du même jour. 22h40.
Nous l’avons tous entendu, cette histoire a une suite. Un communiqué de RESF résume bien la situation.
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Selon un communiqué publié mardi dans la soirée, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy « a décidé d’accorder un titre de séjour temporaire à un couple de Maliens expulsés du squat de Cachan et placés en centre de rétention sans leur enfant de deux ans ». M. Sarkozy « a été personnellement informé de la situation des époux Doumbia. Ces ressortissants maliens, […] ont fait l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière le 31 août dernier et ont été placés dans un centre de rétention administrative. Leur enfant, né en 2004 en France, a alors été accueilli par le service de l’aide sociale à l’enfance, à Vitry », selon le texte. Le ministère a néanmoins relevé un « élément nouveau » qui amène M. Sarkozy à accorder, « à titre humanitaire, une autorisation de séjour temporaire à M. et Mme Doumbia ». « L’état de santé de leur enfant est d’une exceptionnelle gravité, comme l’atteste l’hôpital Robert Debré. Cette maladie nécessite des soins dont il n’est pas certain qu’ils puissent être correctement assurés, à court terme, au Mali », selon le texte. « Dès lors qu’il n’est pas envisageable de séparer la famille, il est préférable d’autoriser M. et Mme Doumbia à séjourner en France, aux côtés de leur enfant, pendant toute la durée nécessaire aux soins de celui ci », estime le ministère.Le communiqué de M. Sarkozy est mensonger de bout en bout. Il fait semblant de s’alarmer de la séparation des parents et de l’enfant malade. Or, celle-ci a été décidée en toute connaissance de cause par le préfet du Val de Marne (qui dans cette affaire ne prend pas la moindre initiative sans en référer au ministre) le 1er septembre. Dans la soirée, le Juge des libertés et de la détention de Meaux demandait la libération de la famille Doumbia pour permettre la réunification de la famille. Le Procureur, représentant de l’Etat, s’y opposait, formulant un appel suspensif qui aboutissait à maintenir les parents en rétention et le petit Siaka à l’orphelinat. La cour d’appel de Paris, pourtant une nouvelle fois informée de l’état de santé et des risques encourus par l’enfant par un courrier du docteur Denkerous de l’hôpital Robert Debré entérinait le maintien en rétention des parents et le placement de l’enfant.
Ainsi, ce sont l’ensemble des rouages de l’état, le Ministre qui l’a décidée, le préfet qui l’a organisée, la justice (à l’exception du JLD de Meaux) qui l’a entérinée qui ont trempé dans la persécution de Siaka et de ses parents. En réalité, l’opération devait servir d’avertissement aux familles sans papiers qui seraient tentées de cacher leur enfants : le ministre de la chasse à l’enfant entendait montrer qu’il ne se laisserait arrêter par rien. La préoccupation humanitaire ne lui est venue que lorsque que l’affaire s’est ébruitée, que des journalistes ont demandé des explications, que des citoyens alertés ont envoyé des mails, expédié des fax, passé des coups de téléphone, que des personnalités connues ont dit leur dégoût dans les médias. Alors, mais alors seulement, « l’indulgence » est venue à l’ogre des Carpates : il a décidé de restituer l’enfant à ses parents qui seront régularisés.
Happy end ? Peut-être, pour un cas. Mais il en reste des centaines à Cachan et des dizaines de milliers dans le pays. Il faut faire reculer l’injustice et l’oppression.
MANIFESTATION SAMEDI 9 SEPTEMBRE A 15 HEURES PLACE DE LA REPUBLIQUE A PARIS
UN LOGEMENT — DES PAPIERS — UNE ECOLE
”
Cette histoire me rappelle celle du pompier qui allume des incendies pour montrer comment il les éteint, combien il est fort et qu’il est un exceptionnel sauveur. En attendant que ce Monsieur montre sa puissance, ce sont des forêts qui brûlent, des familles qui trinquent, des enfants qui souffrent. Une telle mise en scène n’est pas digne de notre pays. Elle me rappelle plutôt les républiques bananières… Décidément, Iznogoud n’a jamais aussi bien porté son surnom.
1.
La discussion continue ailleurs
- 1. Le vendredi 8 septembre 2006, 09:58 par Luciole, tome II
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Coup de gueule, c’est pas souvent …
Je viens de chez racontars qui transmet inlassablement les histoires vrais de sans papier. Chaque fois que je lis, chaque fois j’ai envie de pleurer… On n’a pas envie de pleurer, la vie, la notre est suffisamment dure comme ça, alors on s’aveugle
Le ministre est vraiment petit ( dans tous les sens du terme) mais même si ça ne fait pas un repas sérieux, ça libérerait vraiment la planète que je le bouffe. Vous en avez pas un de plus à me conseiller pour que le repas valle l’effort? le grand Jacques est trop avarié je ne prendrai pas ce risque.
N’oublions pas tout ça dans quelques mois… quel scandale !!!
Quand il m’arrive rarement de regarder le journal télé de 20h, qui encore plus rarement propose un « reportage » sur les problèmes de sans papier, je n’entend rien au sujet des enfants qu’on sépare des parents, des être humains qu’on jette en prison comme de dangereux criminels parce qu’ils sont entré illégalement sur le territoire… Ce que j’entend par contre, c’est une sorte de légitimation de cette politique avec ce discours que j’excecre qui suppose toujours qu’humanité rime avec naïveté et inhumanité avec réalisme … ça me donne la gerbe! je dégeule ce discours qui prone une lucidité de veaux !
Envie de vomir, comme Luciole. Et de partager le repas de Moukmouk, tant qu’à me pourrir l’appareil digestif. Pendant ce temps-là, la France compte toujours environ 50% de supporters de l’excité présidentiable.
Moi de même, bien sûre et je trouve la formule de ma petite sœur particulièrement bien trouvée : « Je dégueule ce discours qui prône une lucidité de veaux ! » C’est vraiment bien trouvé…
Ici à Lyon aussi , comme ailleurs , « ça redémarre… »
En bref , la phrase de ta soeur , est parfaitement adéquate , dommage , mais réaliste !
Tout comme Bra, j’espère que tous se rappelleront ces faits dans quelques mois.
Et va falloir être super mobilisé dans quelques temps, histoire d’arriver à faire changer les choses.
C’est sur qu’il suit chaque dossier personellement le ministre de l’Intérieur d’un pays de 60 millions d’habitants, président du 1er parti, candidat quasi officiel et plutôt occupé à la présidentielle, maire de Neuilly et pdt du Conseil général des Hauts de Seine; il prend sur son temps de sommeil pour suivre chaque dossier et rire sataniquement de tous ces étrangers qu’il fait souffrir.
Raymond, vous êtes d’accord que sur ce blog, je suis chez moi et que chez moi, je fais ce que je veux. Alors, mon cher Raymond, permettez-moi de vous dire que vous n’êtes qu’un crétin. Je ne vous souhaite même pas de vivre ce que ces gens-là souffre. D’ailleurs, non, ce n’est pas vrai, je vous le souhaite.
Tiens en voilà un qui fait bien parti de la lucidité des veaux … Navrant de stérilité son comment-taire…
Euh… le commentaire de Raymond n’était pas plutôt ironique ??
Leeloolène : oui, très ironique, le commentaire de Raymond. De l’ironie des veaux.