A la maison, je me réinstalle sur la canapé pendant que les filles jouent dans la baignoire. Je rentre dans leur chambre et je pousse un cri : je croyais qu’elle l’avaient ranger et je peux à peine voir la moquette. Je les fais sortir de l’eau fissa et les envoie ranger leur chambre. « Tout ce qui ne sera pas rangé sera jeté pendant votre absence. » Ça range (je découvrirai quelques temps plus tard que les dessous d’armoire et de lit on eu plus de succès que les caisses).
Je regarde distraitement la télé. J’aperçois Amélie Mauresmo qui a gagné Wimbledon dans l’indifférence quasi générale. C’est injuste car c’est une très belle performance et une belle victoire devant une autre très grande championne, Justine Hénin.
Je prépare un dîner rapide. Les files ont sorti leurs peintures de guerre. L’heure du match arrive. Le Nôm aussi. Il sort d’une de ses cachettes un maillot de l’équipe de France (je l’avais totalement oublié celui-là) qui fait immédiatement la joie des gamines. Elles se le disputent et elles l’enfilent chacune leur tour.
Le match commence. Le père asticote ses filles, les poursuit dans leur chambre, en un mot les emmerde. Je l’engueule.
– Dis, tu pourrais pas regarder ton match au lieu de faire ch… les filles…
– Oui, mais demain, elles ne seront plus là.
C’est fou comme certains hommes ont du mal à dire leur amour, surtout aux filles. En tout cas, sa priorité est claire : ses enfants avant Zidane. Quelque part, c’est rassurant. D’ailleurs il rate les deux seuls buts de la partie. Enfin, il manque la faute sur Malouda et l’égalisation italienne. Car pour le péno de Zizou, il sera bien là pour sauter de sa chaise et pour hurler (beugler diront certains) comme tout le monde « Buuuuuuuuuuuttttttttttt !!!!!!!!!!! »
Une amie et sa fille nous ont rejoint à la mi-temps. Elle me laisse la petite qui part en colo avec Garance et prendra Lou en charge, car cette dernière part dans le même train, et donc à la même gare, qu’une autre de ses filles. C’est compliqué d’avoir plusieurs enfants convoqués à la même heure mais pas au même endroit. Après les tirs au but, pas le temps de digérer l’amertume. Il me faut partir, rejoindre mes confrères et consœurs pour le bouclage. Normalement, des pages ont été maquettées avant et pendant le match. Et puis il y aura moins de pages consacrées à la Coupe du monde, défaite oblige. Peut-être ferons nous un papier sur Mauresmo ?
J’imagine que je finirai vers 3 heures du matin. Comme je devrai repartir vers Montparnasse à 5 heures, j’imagine ce que je pourrai faire pour m’occuper dans ce laps de temps. Pas question de dormir, j’ai trop peur de ne pas pouvoir me réveiller. Et dormir une heure et demi, je trouve que c’est pire que de ne pas dormir du tout.
J’arrive enfin au journal. Il n’y a rien de prêt. J’ai beau connaître notre « organisation », je suis toujours un peu surprise. Rédacteurs et maquettistes ont préféré regarder le match. Du coup, mes collègues qui étaient convoqués à 21 heures n’ont pas eu de grain à moudre, ce qui les énerve un peu. Je les comprends. Ils tournent en rond et rongent leur frein. Seule l’une d’entre nous est à pied d’œuvre sur des pages commencées vendredi soir et qui n’était destinées à la publication qu’en cas de défaite.
Dans le métro, les gens sont tristes, abasourdis. Personne ne commente. Changement à Villiers, j’attends un bon moment sur le quai. Je baille, hum, ce n’est pas le moment. Je n’ai pas voulu prendre le vélo ne sachant dans quel état de fatigue je serai au retour. et comme il n’y aura pas de liesse, un taxi sera tout à fait bienvenu.
L’attente commence. Je grignote, histoire de faire passer le temps. Les sucreries sont servies avant le salé. c’est un bon résumé de notre situation. Je surfe sur le Net, j’écris ma note sur Thuram, je saisis et met en ligne une note écrite il y a longtemps sur le voyage en Guadeloupe. J’avance des pages sur le numéro suivant. A un moment, je lève la tête : il est 4 heures du matin. Je pars dans une heure et le boulot n’est toujours pas tombé. C’est n’importe quoi ! Je râle. Je ne suis pas la seule. Je repartirai à 5 heures en ayant, en tout et pour tout, entré dans quatre pages les folios et les crédits photos. Ça valait vraiment le coup de venir…
Dans le taxi, j’échange quelques mots avec le chauffeur qui voue l’Italien qui a provoqué Zidane aux gémonie. Il aurait traité Zizou de « sale arabe, de terroriste ». Le chauffeur aussi est Algérien et il comprend son idole. Je suis étonnée qu’on sache déjà. Et puis au journal, on penchait plutôt vers des injures concernant les femmes de la famille du footballeur français…
LE fait que le bruit de propos raciste court est symptomatique d’une communauté ultrasensible. Ils en entendent tellement tous les jours… Qu’un grand souffre autant qu’eux et d’une certaine manière les venge les soulage. Même s’ils auraient préféré la victoire.
Le chauffeur est sympa. Il attends devant la grille que je sois bien entrée avant de repartir. Il est 5h15. La nuit est encore jeune mais le ciel commence à pâlir et les oiseaux chantent à tue-tête en prévision de l’aube.
1. Le lundi 17 juillet 2006, 10:56 par Vroumette
Nuit blanche ! C’est fou mais je n’ai jamais pu, même pas à 16, ni 20, ni 30 ans. Je préfère choper une heure trente que rien du tout. Dis donc, tu as du entamer la semaine en pleine forme !
2. Le lundi 17 juillet 2006, 14:05 par Vroumette
Vas-y mollo quand même. Profites de l’absence des louloutes pour prendre soin de toi (c’est fou quand même ces filles qui arrivent pas à poser leur fesse cinq minutes). M’en vais organiser des stages si ça continue.
3. Le lundi 17 juillet 2006, 15:34 par Akynou
Ho ben le seul moyen de me faire tenir tranquille à la même place cinq minutes, c’est de me coller devant un ordi 