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Puis nous sommes parties à la salle d’escrime. Lou en roller, Garance en trottinette et Léone et moi à pied. Le hic, ce que les deux grandes avaient oublié, c’est que de chez nous à la salle, la pente est conséquente. Garance ne maîtrise pas particulièrement la trottinette et Lou n’avait plus de frein sur ses rollers. Elle a descendu toute la rue accrochée à mon dos. Quant à Garance, elle nous a fait quelques cascades assez jolies à voir. Nous sommes arrivées à la salle d’armes pour nous rendre compte que les petits copains de Lou avaient tous fait faux-bond et qu’elle était toute seule… Ce qui pour faire un combat est un peu… Limité. Son maître d’armes, un homme que je tiens à saluer pour son humour et sa gentillesse sous des airs on ne peut plus bourru, nous a fait monter au deuxième étage pour nous faire découvrir une chose étonnante.

Cette salle d’armes donne des cours d’escrime spectaculaire, enfin, d’escrime de spectacle. En quelques jours, deux maîtres peuvent donner à des comédiens les rudiments de cet art suffisant pour qu’ils ne soient pas ridicules sur scène. Mais là, chose encore plus extraordinaire, nous avons découvert deux guerriers munis chacun d’un lourd bouclier et d’une épée en bois. Le maître nous a expliqué qu’ici, ils travaillaient avec des archéologues. Il existe des traités sur l’escrime depuis le Moyen-Âge, des moines copistes en ont écrit des pages et des pages. Mais personne n’a aucune idée de la façon dont se pratiquaient les combats auparavant. Les archéologues leur ont donc confié des armes retrouvées dans des tombes dont ils ont fait des copies en métal et en bois. Et avec la connaissance qu’ils ont de cet art, avec les armes en main, ils arrivent à reconstituer la façon de se battre.

Ainsi, les boucliers, de forme ovale, étaient renforcés à leurs extrémités, de métal forgé en plusieurs morceaux. Les archéologues ont pensé que c’était pour renforcer les boucliers. Les escrimeurs ont découvert que ces bouts de métal rendaient le bouclier plus lourd et permettaient de mieux défoncer la gueule du guerrier en face. Je les ai vus travailler hier, recomposant leurs gestes : « Non, la rotation, oublie. Tu as une fausse sensation de vitesse. Mais le temps que tu la fasses, tu es mort. » Et d’en faire la démonstration.
J’ai eu la preuve de ce dont je me doutais depuis longtemps (enfin, depuis que je le connais) que maître Lullien avait sur l’escrime une connaissance assez fabuleuse, qu’il avait lu à peu près tous les ouvrages qui existent dessus et que c’était un grand historien. C’est homme est impressionnant. Et il mérite son titre de maître même en dehors du cercle des escrimeurs.

J’ai pu profiter de ce formidable moment car Lou s’était enfin trouvé un partenaire, un adulte débutant qui n’avait que six mois d’escrime et qu’elle a mis à genoux. Au bout de vingt minutes, il était sur les genoux et elle, fraîche comme une rose du matin, avec son petit sourire un tout petit peu ironique (un tout petit peu seulement).

Nous sommes rentrées à la maison. J’ai envoyé les filles au bain pendant que je préparais le dîner : un poulet rôti et du riz jaune (au colombo). Le Nôm n’était toujours pas rentré. Les filles en ont profité pour regarder la finale de la Star Ac. Je me suis installée derrière mon ordi. Mais comme il est dans la même pièce que la télé, j’ai découvert les deux derniers candidats sans être particulièrement subjuguée. Je n’aime pas cette émission avec son côté jeux du cirque et voyeur. Mais je me disais qu’au moins, les deux jeunes devaient avoir un don vocal. Surtout après tous les papiers que j’ai dû m’ingurgiter sur eux pour le boulot.

Ben, après les avoirs écoutés, mes pires doutes ont été confirmés : rien, keud chie, pas une émotion. Si juste un fou rire. Quand un duo a réuni Gregory le jeunot et Michel Sardou. Le gamin a commencé. Quand la voix du vieux s’est élevée, c’est là qu’on a vu la différence… Je ne suis pas une fan de Sardou, loin s’en faut. Mais lui, il sait chanter, il a du coffre et de la voix. Ch’ai pas, c’est autre chose. Ces deux-là ne boxent vraiment pas dans la même catégorie.

A 23 heures, j’ai envoyé les mominettes se coucher. Le Nôm n’avait toujours pas donné signe de vie. Bon. J’ai continué à jouer sur mon nininateur. A 1 heure du matin, je me suis dit que j’étais lasse d’attendre (et lasse tout court). J’ai fait couler mon bain. Puis je me suis rappelée que je n’avais pas envoyé les deux dernières aux toilettes avant qu’elles se couchent. Comme il y a des accidents de temps en temps, je les ai prises dans mes bras, installées sur la cuvette chacune leur tour, en les tenant bien car elles dormaient toujours, en attendant qu’elles veuillent bien faire pipi, puis je les ai remises dans leur lit, en les bordant bien. Quand le bain a eu fini de couler, je me suis laissé engloutir dans cette eau si chaude et si bleue (j’ai ramené des sels de bain étonnants du journal l’autre jour) et je me suis presque endormie. C’est à ce moment-là que le Nôm est rentré.

Comme à chaque fois, nous avons rigolé. Je lui ai fait remarqué qu’il avait une curieuse notion du temps. Et que le « Je reviens tout de suite » n’était pas particulièrement approprié. Il m’a avoué avoir dû rentrer à pied vu qu’il avait raté le dernier métro.

A 2 heures du matin, enfin, extinction des feux. De toute façon, je n’aurai pas pu dormir tant qu’il n’était pas rentré. Parce que j’ai l’air coulos comme ça, mais j’étais inquiète. Ça ne lui arrive jamais de laisser passer l’heure du métro. Mais bon c’est aussi comme ça qu’on se fait des nuits trop courtes et qu’on a du mal le lendemain matin.

En tout cas au boulot, je me fatigue moins. Tiens, la preuve, aujourd’hui. Je suis là depuis 10 h 30 et je n’ai pas touché une page. J’ai passé mon temps à blogger et à écrire ceci.