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Dans la famille, ce n’est pas une nouveauté, nous sommes des fans d’athlétisme. Cela fait des années que nous regardons toutes les compétitions à la télévision. Dès que nous le pouvons, nous allons au stade pour admirer les exploits de nos athlètes favoris. Alors un Mondial organisé près de chez nous, vous parlez d’une aubaine… Mais obtenir quelques places (trois exactement, une pour l’homme, une pour Lou et une pour moi, Garance et Léone étant déclarées trop petites pour raison financière), j’ai dû effectuer une vrai courses d’obstacle. Plutôt un steeple chase d’ailleurs, vu le temps que ça a pris.

Premier écueil, impossible de trouver des billets pour une journée. J’avais beau chercher sur tous les sites, il n’y en avait qu’en Pass. Donc quatre ou cinq journées consécutives. Outre le fait que je travaille, et que je n’ai donc pas la disponibilité requise, les prix étaient, pour ma bourse, totalement prohibitifs. J’ai fini par découvrir que les billets à la journée ne seraient vendus que fin avril… En rentrant d’Espagne, je me suis ruée sur mes sites : toujours rien, y compris sur l’officiel de la compétition et du Stade de France. Damned, ils sont en retard ou ils n’ont déjà plus de billets. Finalement, début mai, je les ai acheté tout simplement à la Fnac. Des entrées pour la matinée, à 8 euros (quelles que soient les places, c’est le prix, je ne me suis pas privée, on a pris la tribune présidentielle), d’autres pour l’après-midi, à 45 euros pièce, troisième choix. Pas les moyens de faire plus…

Le mondial a commencé samedi matin. Je n’ai pas pu voir la cérémonies d’ouverture, mais j’ai regardé les premières épreuves à la télévision. Notamment les premières séries du 100 mètres. Et puis il s’est passé un truc étrange. Les coureuses étaient là, toutes sanglées dans leur combinaison, hyper affûtées, tendues comme des flèches. Kelly White, Savatedah Fines, Merlene Ottey (merveilleuse Merlène qui continue de courir à ce niveau à 43 ans), bref, les reines du sprint. Et puis à la ligne n°1, une petite nana en T-shirt gris et jogging noir. Absolument pas l’allure d’une sprinteuse. Plutôt vous ou moi (ou nos filles aînées) placée là par erreur ou par plaisanterie au départ du 100 mètres. Le plus drôle, c’est que les juges lui expliquaient le maniement des starting blocks. Incroyable. Je me demandais quand allait prendre fin ce canular quand le commentateur a donné le nom et la nationalité de la jeune fille. Lima Azimi, Afghanistan. Là, le stade s’est mis à applaudir à tout rompre. Le vilain petit canard devenait une héroïne… Lou, elle, ne comprenait toujours pas. Alors je lui ai expliqué qu’il y a encore quelques mois, cette jeune fille devait avoir interdiction de faire du sport, d’étudier et ne pouvait sans doute se déplacer qu’entièrement voilée de la burka. Je lui ai parlé de ce pays aux mains des talibans, qui a sombré dans l’obscurantisme le plus affreux. Je ne sais pas si ma fifille a compris l’importance de ce symbole. Lima Azimi a couru en 18 secondes ce qui finalement pour une étudiante qui n’avait jamais couru avec des pointes est somme toute pas si mal… C’était un gros moment d’émotion.

Et de l’émotion, le lendemain, nous en voulions. Donc, le dimanche 24 aout, après avoir lâchement abandonné ma fille Léone aux mains d’amis compatissant (Garance étant en Espagne, son cas était réglé), nous prenons donc la direction du Stade de France, à Saint-Denis en banlieue parisienne. Métro, RER, un peu de marche à pied, et nous voilà au pied du temple des sports. Yeah.

Nous trouvons nos places, nous nous installons, à trois rangs de la piste. En plein soleil. Nous n’avions pas prévu ça. Il fait une chaleur à mourir et nous sommes en train de cuire. C’est égal. Juste à côté de nous, commence l’épreuve de saut en longueur de l’heptathlon. Notre favorite, Eunice Barber, la Française. Mais elle a fort à faire avec la jeune Suédoise de 20 ans, Carolina Klüft. On voudrait la détester. On ne peut pas. Elle est ravissante, amusante, détendue, souriante en diable… et nous sommes entouré de Suédois…

En bleu et jaune, Carolina…

De l’autre côté du stade, les lanceurs de disque. Ils sont trop loin, les photographes sont placés de telle façon qu’ils les masquent… De temps en temps, on voit retomber un disque. Cela nous permet tout de même de montrer à Lou comment c’est fait. Lorsque nous lui avions parlé de ce sport la première fois, elle avait eu du mal à comprendre l’intérêt sportif que l’on pouvait trouver dans le lancer de CD… Elle pose des tonnes de questions, repose trois fois la même. N’écoute les réponses qu’à moitié. Et tire des conclusions fantaisistes. Elle est parfois assommante. Mais elle est tellement heureuse d’être là, elle aime tellement tout ce qu’elle voit, qu’on ne lui en veut pas. Enthousiasme.

Eunice Barber, l’heptathlonienne française, saute la première fois, correct, Carolina mord son premier saut. Réjouissance chez nous. Moue chez nos voisins. On annonce l’arrivée du 20 kilomètres femmes. Le stade est en délire. Eunice saute, moyen, Carolina mord son deuxième saut, sans doute déstabilisée par l’ovation qui salue la première des marcheuses. Moue chez nous, grimace chez nos voisins. La tension monte. Les deux athlètes font semblant de ne pas se voir. Eunice fait son troisième et dernier saut, pas terrible. Carolina se prépare. Elle se motive, en appelle aux encouragement du public qui ne boude pas. Et saute. 6,68 mètres, soit 7 centimètres de plus qu’Eunice. Hurlement chez nos voisins, applaudissement poli chez nous, et grosse déception. Les heptathloniennes quittent la piste. Nous les reverrons dans l’après midi.

Nous assistons ensuite aux séries des 400 mètres et 400 mètres haies femmes, les courses les plus dures. A l’origine, c’est parce que j’avais l’espoir de voir Marie-José Pérec courir une dernière fois un 400 mètres que j’ai choisi d’acheter des places pour ce jour là, plutôt que vers la fin des Championnats. Mais la Gazelle ne viendra pas. Elle a déclaré forfait il y a quelques semaines après une blessure qui n’en finissait pas de guérir. En son absence, et celle de Cathy Freeman, Ana Guevarra la Mexicaine joue le rôle de favorite.

Nous décidons de ne pas rester pour la fin du lancer de disque, puisque nous ne voyons rien et sortons pour déjeuner. Nous aimerions éviter les vendeurs de sandwichs officiel, très chers et pas très appétissants. D’après le programme distribué, un certain nombre de guinguettes sont installées au bord de l’eau et servent des repas. La première sert essentiellement de la nourriture américaine, maïs, hamburgers, Coca Cola… Très peu pour nous. La seconde est italienne, la troisième est nord africaine et la quatrième – la plus chère – est française. Tout ça ne nous dit rien. Nous cherchons la cinquième, celles des associations des quartiers de Saint-Denis, aujourd’hui, animée par des Réunionnais.

Mais elle n’est pas du tout située avec les autres. Nous finissons par la dénicher, près d’un endroit appelé pompeusement le port de Saint-Denis, bordant les berges du canal.

Chaque après-midi, pendant toute la durée du Mondial, il y a là de nombreuses animations, spectacle de rue et de musique, entièrement gratuits. Sur l’esplanade, près du stade, il y a des concerts tous les soirs, de grands musiciens ou de groupes extrêmement connus, totalement gratuits (les concerts, pas les artistes). C’est que le Stade de France est situé à Saint-Denis, dont le maire — communiste — a réussi à faire de sa ville, banlieue ouvrière de Paris plutôt déshéritée au départ, une cité extrêmement active au niveau culturel. En attendant, nous nous déjeunons réunionnais. Et nous nous régalons : samoussa, achards de légume, massalé de poulet au citron, le tout arrosé d’une petite bière bien fraîche… Un régal. En dessert, gâteau à la noix de coco.

Je me sens extrêmement fatiguée. Derrière moi, un convive vient de sortir un gros cigare, la fumée s’élève, écœurante. Je me lève et vais m’installer dans l’herbe, à une trentaine de mètres, à l’ombre sous les arbres. Fritz et Lou viennent me rejoindre. Nous restons là une petite heure, puis partons visiter les installations.

Nous croisons des échassiers déguisés suivis d’un orchestre. Nous admirons les peintures murales et les décors. Un concours de droôles d’embarcations se prépare. Mais il a lieu pendant les compétitions. Rien pu voir juste deux espèces de canots catamarans assez bizarres. Des casiers sont abandonnés sur le quai pour faire port de pêche. Vrai décor, mais faux instrument de pêche. Je déconseille de toute façon de chercher noises au quelques rares poissons qui survivent dans le canal…

Puis nous nous arrêtons au stand de l’Ethiopie. Nous avons remarqué pendant le déjeuner, deux jeunes femmes avec des tuniques très sympas. Un peu rasta, avec des broderies aux couleurs du pays. Elles les vendent sur ce stand. J’en choisi une pour Lou, qu’elle enfile de suite, une pour moi. L’homme a du mal a choisir la sienne. En fait, il y en a une qui lui plaît beaucoup, mais il n’y a pas sa taille. Alors il fait ouvrir tout le stock. L’heure tourne et je ne veux pas rater le redémarrage des compétitions. Je commence par râler un peu, puis de plus en plus fort. Mon homme, quand il choisi ses vêtements ou lorsqu’il est dans la salle de bains, est pire qu’une joli femme. Ça doit être son côté beau gosse…

Nous découvrons nos nouvelles places. Juste au-dessus du départ du 100 mètres (ça aura son importance) et à la sortie du deuxième virage. Une place stratégique quand on n’a pas les moyens de s’offrir l’arrivée. Ce sont les premières séries hommes du 100 mètres, la course reine de l’athlé. On voit passer, les uns après les autres, les plus grands, de Tim Montgomery à Maurice Greene, en passant par Ato Boldon, Kim Collins, Dwain Chambers, Deji Aliu… Bref, les crack. Jon Drummond fait déjà son kéké. Dans l’enclos où les coureurs attendant la fin des séries précédentes, il fait le clown et chauffe le public. Un vrai showman. Les deux Français se qualifient pour le second tour. Nous avons hurlé (c’est le mot) nos encouragements du début à la fin de la course. Lou et moi nous amusons, en même temps, nos encouragements sont sincères. Aujourd’hui, nous sommes follement chauvines.

Les heptathloniennes reviennent sur le terrain pour disputer l’épreuve du javelot. Malgré nos hurlements, Eunice Barber ne termine que sixième, alors que Carolina est troisième. C’est définitivement fichu pour la médaille d’or. Suit le 400 mètres plat homme. Les demi-finale, deux qualifiés par courses. Ça devient serré pour les deux Français en lice qui ont réussi à passer les premiers tours. Le premier à concourir, Leslie Djhone, est tout jeune pour cette discipline. Il n’a que 22 ans. Mais du cœur à revendre. A la sortie du second virage, il n’est pas mal placé. Le Stade se lève pour le soutenir, ce n’est qu’un rugissement. Djhone arrive deuxième, il est qualifié. Quand le résultat est annoncé, le stade se lève pour lui faire une ovation digne d’une médaille d’or sous l’œil incrédule de Tyree Washington, l’Américain, largement vainqueur de la série et favori de la finale. Il doit se dire qu’on est tous fous…

Dans la deuxième demi-finale, le Français est un cinglé. Mais un très beau cinglé. Un super beau cinglé. Un mec capable de faire craquer n’importe quelle nana. Grand, la peau dorée (il est Martiniquais), foutu comme un Dieu et une gueule d’ange… Et blond comme les blé. Ce n’est certes pas sa teinte naturelle, mais ça lui va bien. Le cinglé donc a pour habitude de commencer très mal ses courses mais de les finir comme… un cinglé. A la sortie du dernier virage, il est effectivement sixième. Autant dire que c’est rapé. Je mange mes mains. Lou, qui a la foi, s’égosille tout ce qu’elle peut. Et elle a raison, car nous voyons ce diable d’homme remonter. Le stade se lève et hurle. Marc Raquil finit premier de sa demi-finale. Sur le stade, c’est du délire, dans les gradins, c’est du délire. Il n’y a qu’un cinglé pour nous mettre dans cet état.

Suit le deuxième tour du 100 mètres. Dans la première série, le premier des deux Français qualifiés se fait battre à plate couture, avant dernier, devant un Hongrois… Pas terrible. Mais on s’en remettra. Arrive la deuxième série : des bons, Ato Boldon et Jon Drummond, Dwight Thomas… et un Français dont personnellement je ne donne pas cher. Le sprint homme chez nous, n’est plus ce qu’il était mon pauvre monsieur. Nous nous apprêtons quand même à le soutenir mordicus grâce à nos cris de guerre quand… faux départ. Dwight est parti largement avant. On fait remettre tout ces messieurs en place, ce qui n’est pas évident, ils ont leur petits caractères. Prêts ? pan, premier coup de feu, pan, deuxième coup de feu, faux départ. Ce coup-ci, sincèrement, on n’a rien vu. Mais les starting bloc font fois. Donc, les juges se penchent sur leur écran et éliminent… Jon Drummond. Et alors là, le délire le plus total. Celui-ci refuse la sanction, prend la foule à témoin, hurle et se couche sur la piste à 20 mètres des starting blocks, bloquant toute velléité de départ.

Les journalistes bien sûr se précipitent. Ils rappliquent de partout. A croire que ce sont eux qui vont gagner le 100 mètres. Les juges commencent à trouver le temps long, nous aussi.

Deuxième coup de théâtre, les juges éliminent un autre coureur, un Jamaïcain. Drummond se croit absout. Mais non, la sanction est maintenue. Il va voir l’écran de contrôle, conteste et se couche à nouveau sur la piste. Dans ses cas là, j’admire les autres coureurs. Parce que face au numéro de l’Américain, ils doivent rester impassible en gardant un maximum de concentration. Moi, ça ferait longtemps que je lui aurais foutu une bonne claque histoire de calmer l’enfant capricieux. Enfin, je dis ça, je l’aurais peut-être fait si j’étais Boldon, ou Greene, ou Darren Campbell. Parce qu’en tant que moi, je m’abstiendrais d’aller chatouiller l’animal. Il n’est pas très grand, à peine un centimètre de plus que moi. Mais il est autrement musclé. Il serait plutôt beau gosse s’il n’était aussi mal élevé.

Dans le stade, Ça hurle, ça crie, ça vocifère. Beaucoup défendent Drummond, mais nombreux sont aussi ceux qui l’accablent. Je descends pour prendre quelques photos. Des parents regardent la scène atterrés. Quel exemple pour les enfants. Drummond fait mine de quitter la piste, mais il est rattrapé par un officiel qui le renvoie dans les starters. Il croit avoir gagné, rejoint les autres candidats, les prend à témoin de sa bonne fois. En appelle à la foule. Et se prépare.

Mais les juges n’ont pas dit leur dernier mot. Ils demandent aux coureurs de retourner dans le couloir d’attente pour laisser passer les autres séries, et se concentrer à nouveau. Tout le monde accepte, y compris les deux exclus qui pensent pouvoir courir malgré tout.

Les séries passent, se qualifient les favoris. Puis retour à celle de de notre Français. Drummond n’est plus là. Son entraîneur, John Smith, est venu le chercher. Il l’a suivi puis a piqué une crise de nerfs sur le terrain d’échauffement. Un vrai gamin. Le Jamaïcain s’éclipse également. La course peut se faire. Mais à chaque fois que les athlètes vont pour prendre position, une partie de spectateurs se met à hurler, à siffler. Dans ces conditions, le départ ne peut être donné, on n’entend même pas le pistolet du starter. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. L’autre partie su stade s’impatiente, applaudit les sportifs et conspuent les conspueurs… Ça tourne au cauchemar, au n’importe quoi. Mon voisin se prend la tête dans les mains et dit d’un air accablé : « L’organisation des JO, on peut toujours s’aligner. » Allez, faut pas être pessimiste comme ça…

Le speaker demande le silence mais dans le brouhaha, il n’est pas entendu. Apparaissent sur les écrans géants, Eunice Barber et Ronald Pognon, le petit Français qui, par gestes, réclament le silence pour le départ. Et ce sont eux qui l’obtiennent. La série part enfin. On hurle comme des fous, comme si cela pouvait porter Ronald sur la ligne d’arrivée. Apparemment, ça marche. Il est quatrième, qualifié ! Ouf, le soulagement est palpable.

Le 800 mètres, dernière épreuve de l’heptathlon, tient ses promesse. Une Russe part comme une folle et tient la tête tout le long. Eunice est seconde et allonge la foulée. Carolina est loin. Mais la blonde diablesse accélère. A la sortie du dernier virage elle est au coude à coude avec la Française qui faiblit, et qui finit par perdre du terrain. Carolina arrive deuxième, battant son record de la série. Eunice est définitivement médaille d’argent. Ce n’est pas si mal, c’est vrai. Mais nous rêvions de l’or… Lou a crié, puis s’est assise, décue.

Les coureurs du 10 000 mètres se mettent en place. Je cours au toilettes. Dix mille mètre, j’ai largement le temps. Apparemment, je ne suis pas la seule à avoir eu ce raisonnement. Quand je reviens dans les gradins, les athlètes viennent de passer les 2 kilomètres. J’explique à Lou les équipes en présence, les tactiques que chacun peut adopter. Et je lui montre le petit bonhomme pour le moment en tête de la course. L’Ethiopien Hailé Gebrsélasié, le génie de la course. Je lui en ai vu gagner tellement, et avec tant de panache, qu’il est entré dans mon panthéon personnel des très grands sportifs. Sa pointe de vitesse, dans le dernier 400 mètres est si fabuleuse, si belle, si pure, que c’est toujours une très grand moment. J’explique à Lou, qu’en l’absence de Français, elle se doit de soutenir les Ethiopiens à cause de la tunique qu’elle porte. Elle se marre et montre le drapeau Ethiopien chaque fois que les coureurs passent devant notre tribune.

Pour le moment, il sont trois en tête de la course. Et deux se relaient pour les premières places, Gébrsélassié et Bekele Kenenisa, son jeune compatriote, celui que le roi lui-même a désigné comme son dauphin. Ils rattrapent les derniers, les doublent, menant la course sur une cadence infernale. Ils distancent les Kenyans… Mais, dans le dernier 200 mètre, l’élève dépasse le maître. Je comprends pourquoi Gébrsélassié a déclaré qu’il serait son successeur. Lui aussi a une pointe de vitesse époustouflante quand on pense qu’il vient de courir 9800 mètres. Une folie ! Nous sommes debout. C’est tout juste si nous ne chantons pas l’hymne éthiopien dont nous ne connaissons évidemment pas la moindre note !

A la fin de la course, les deux tombent dans les bras l’un de l’autre. Ils attendent le troisième et entame un tour d’honneur, salué par le stade entier, debout.

Mais c’est l’heure de la finale du 100 mètres femme. Christine Aron, notre Christine Aron, la belle Guadeloupéenne, notre payse, est finaliste. Elle peut obtenir, nous l’espérons, une place sur le podium. Il est dit que la journée ne finira pas sur une bonne note. Elle n’est pas battue, elle est écrasée, laminée. Elle n’arrive que sixième. Nous décidons de quitter le stade sans plus attendre, sans regarder le tour d’honneur de l’Américaine vainqueur. Il faut dire aussi que nous devons aller chercher Léone. Nous quittons le Stade de France, sans presque plus de voix, épuisé, mais heureux. Totalement heureux.

Et puis j’ai attrapé de beaux coups de soleil, là, sur les pommettes…