Parmi la foule amassée devant l’école, il y a une vingtaine d’enfants sans papiers. C’est pour eux que les parents d’élèves de l’école Houdon, à Paris, ont organisé cette photo.
Les familles de ces enfants ont demandé à être régularisées suivant la circulaire Sarkozy. Mais cette régularisation leur a été refusée au motif de « l’absence de justification de l’intensité des liens avec la France ».
Comment prouver ces liens alors qu’aucun critère n’a été défini. Comment faire quand on constate que des familles, dans des situations équivalentes, ont pour quelques une été régularisées et pour la majorité pas ? Et que penser quand on constate que toutes les familles qui ont déposé, en toute bonne foi, une demande de régularisation suivant la circulaire du ministre de l’Intérieur, se retrouve fichée sur un fichier spécialement créé à cet effet ?
D’où l’idée de cette « photo de classe » qui montre que ces familles sont intégrées dans la communauté scolaire et que celle-ci se déplace en masse pour en témoigner.
A par ça, la vie est belle, est c’est tant mieux, comme dirait Jean-Claude Vannier…
Photos Luc Pages
Le mardi 26 septembre 2006, 18:30 par samantdi
C’est un sujet sur lequel je suis absolument de parti-pris. Un enfant doit pouvoir aller à l’école, que ses papiers soient ou non en règle.
Quand on me dit : « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », je réponds qu’au lieu de nous boucher les yeux et les oreilles, nous devons militer partout pour que les gens puissent rester vivre dignement chez eux, pour que des accords internationaux permettent d’éradiquer les causes de la misère, des famines, la corruption de systèmes politiques pourris.
Tant que nous ne le faisons pas, nous qui sommes des pays riches, nous devons nous obliger à accueillir la misère du monde, même si elle nous remet en cause, même si elle nous tend le miroir de notre insuffisance.
En ce sens, l’Espagne a raison de dire : tant que nous ne sommes pas mis d’accord, en Europe, sur cette question, nous, nous accueillerons. Même si ça nous met en difficulté. Car il faut accepter de regarder la situation en face au lieu de tergiverser mesquinement en calcul savant : celui-là oui, l’autre là, non.
Et puis à travers tous ces enfants susceptibles d’être renvoyés, de qui nous privons-nous ? De quelle richesse humaine, de quels futurs cerveaux… c’est quand même malheureux d’être revenu en un temps où étranger rime avec danger.
2. Le mardi 26 septembre 2006, 18:52 par gilda
Je viens de rentrer chez moi, plusieurs messages de RESF arrivés au cours de la journée :
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais ça fait mal de le voir se confirmer. En fait la grande mascarade des régularisations (tant mieux néanmoins pour les quelques uns qui en ont bénéficié) a semble-t-il surtout servi comme au pire des temps du siècle passé, à établir un fichier des futures victimes d’expulsion.
Aujourd’hui plusieurs enfants ici ou là en France sont repartis de l’école en état d’arrestation (ou de pré-rétention, je ne suis pas juriste, et puis pour les gosses et leurs copains c’est ce qui restera). Comment peut-on les laisser ainsi payer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises ? Au nom de quoi dans un pays censé être démocratique peut-on se montrer aussi barbares et d’une injustice incompréhensible (à situations semblables, certains sont sauvés et d’autres rejetés) ?
3. Le mardi 26 septembre 2006, 21:00 par Akynou/racontars
Je suis totalement d’accord avec toi Samantdi. Un enfant doit pouvoir aller à l’école, de quelque endroit qu’il vienne. Pourquoi ne veut-on pas de ces familles, que nous volent-elles ? Du travail ? Mais le problème du travail en France et dans les pays développés en général dépasse totalement ce problème. Et quand on aura envoyé tout le monde chez lui, il y aura toujours autant de chomage. Pour s’attaquer au chomage, il faut s’attaquer à l’économie, pas aux étrangers.
La ségrégation, la discrimination, le rejet sont l’apanage des pays en perte de vitesse. Ce que ne sont visiblement ni l’Espagne ni l’Italie que nous avons souvent regardé avec condescendance…
Gilda : oui, ça fait mal. On doit se dire qu’on a emmené des familles au casse-pipe en toute bonne foi. Le cas de la Mme Sako, qui ne figurait dans aucun fichier, et qui s’est présentée d’elle-même à la préfecture pour bénéficier de la circulaire Sarkosy et qui a été arrêtée hier avec sa fille de 4 ans, alors qu’elle est enceinte de trois mois de son compagnon français, ça fait froid dans le dos. D’autant que son billet d’avion pour Bamako a été réservé par la préfecture avant son arrestation.
Serions-nous vraiment un pays de merde et de déshonneur ?
4. Le mardi 26 septembre 2006, 23:03 par alixcire
Magnifique ta photo. Pas seulement pour l’esthétique, surtout pour la force du symbol. C’est très émouvant de voir autant de monde pour cette cause. Bravo à tous ceux qui sont sur cette photo…
5. Le mardi 26 septembre 2006, 23:46 par Akynou/racontars
Magnifique la photo de Luc Pages. Ce n’est hélas pas moi l’autrice de ces photos 
6. Le mercredi 27 septembre 2006, 01:36 par Oxygène
Sniff ! Je ne peux pas lire la photo ! Où cliquer ?
Ici, la situation des élèves sans papiers est encore plus fragile qu’en métropole et le RESF est en train de se constituer.
7. Le mercredi 27 septembre 2006, 09:39 par Akynou/racontars
Oxygène : essaie ici
www.flickr.com/photos/aky…
8. Le mercredi 27 septembre 2006, 09:57 par chondre
Oui, merci Akynou, ces photographies sont très belles. Mais comment se conduirait le ministère de l’intérieur si toutes ces petites têtes étaient blondes et venaient d’Europe du Nord ?
9. Le mercredi 27 septembre 2006, 10:25 par Akynou
Ben pareil Chondre. Les photos sont trompeuses car parmi les têtes brunes, beaucoup sont soit français, soit régularisés. Et parmi les têtes blondes, certains sont sans papiers. Bon, c’est vrai qu’ils ne viennent pas d’Europe du Nord, mais de l’Est…
Cela dit, ce qui est aberrant, c’est ce qui se passe en saine-saint-Denis. Il y a eu des rafles importantes ces derniers jours et des enfants arrêtés dans les écoles, devant tous leurs camarades, des parents arrêtés sans leurs enfants et ceux-ci abandonnés à l’école, etc.
Je ne comprends pas ce goût qu’on certains pour la France de Vichy.
10. Le mercredi 27 septembre 2006, 22:43 par Aude Dite Orium
Ca fait froid dans le dos!
11. Le jeudi 28 septembre 2006, 00:07 par Otir
Je suis sans voix. Heureusement qu’il me reste les doigts pour écrire cet écœurement. J’ai été pendant des années sans papiers, c’est une situation absolument terrible de précarité au quotidien.
Lire que cela se passe de nos jours en France, j’espère que la mobilisation va être sans précédent, et effectivement montrer que les Français ne laisseront pas faire des ignominies sur leur sol. Cela a déjà été fait, et il n’ y a pas lieu d’en être fier. Combien de souffrances faudra-t-il laisser vivre à ceux qui sont venus en France avec de l’espoir au coeur ? S’ils ont choisi la France, n’est-ce pas un lien suffisant ?
12. Le jeudi 28 septembre 2006, 01:26 par Oxygène
Très belle photo ! Peut-on emprunter l’idée ?
13. Le jeudi 28 septembre 2006, 01:48 par karaba(la vraie)
« Serions-nous un pays de merde et de deshonneur? »
La question méritait d’être posée!
La réponse? En mai!
14. Le jeudi 28 septembre 2006, 10:29 par Akynou
Oxygène : bien sûr, que tu peux emprunter l’idée Le principal est de montrer qu’il y a beaucoup de gens qui sont près à se mobiliser pour défendre ces enfants.
15. Le jeudi 28 septembre 2006, 11:50 par Vroumette
Le terme « rafle » veut tout dire ! J’en aurai des nausées ce voir ce qui se passe aujourd’hui. Va-t-il falloir cacher ces familles dans nos caves ?
J’aime bien les quatre louloutes au premier plan (elles sont triplées, quadruplées ?).
16. Le jeudi 28 septembre 2006, 13:12 par Akynou
Vroumette. Oui, ça veut tout dire. et ce qui s’est passé dans le 93 avec chasse à l’homme, c’était bien de cet acabit.
Au premier plan, ce sont des triplettes et leur grande sœur (copie conforme quand même). Je les connais depuis leur première année de maternelle. Elles sont trop mignonnes. Elles sont nées en France. Mais pas régularisées pour autant…