Carnets de note

Mardi fut une journée chargée. A 9 heures, j’avais rendez-vous avec l’institutrice de Garance pour la remise du bulletin. A 17 heures, j’étais qu studio de danse. A 18 h 30, au collège, je devais voir le professeur principal de Lou, là aussi pour la remise du bulletin. A ce dernier rendez-vous de la journée, j’allais plutôt tranquille. Ma grande a de bons résultats, elle me fait signer régulièrement ses interrogations écrites. Jusqu’ici tout va bien…

Dans le couloir devant la salle de classe, je retrouve de nombreux parents avec qui je tape la causette. Le professeur a pris du retard, il s’en excuse de nombreuses fois. Personnellement, ça ne me gêne pas. Je trouve que c’est plutôt positif qu’il passe le temps qu’il faut avec certains parents. Rassurant même. Lou m’a dit : tu vas voir, pour moi, ça ira vite…

Ah ça, ça a été vite pour que je déchante. Mon tour venu, j’entre dans la classe, je donne mon nom et celui de ma fille, et j’entends le prof dire : « Ha oui, Lou… » et faire un mouvement de la main qui indique en général que ça va couci couça. « Eh merde, me dis-je impeto, pas encore… »

Ce matin, la rencontre avec la maîtresse de Garance a été instructive, comme à chaque fois. Garance a encore de grosses lacunes qu’elle a accumulées les années précédentes, mais elle est en progrès constants. Cependant, nous n’y sommes pas. Il faut encore travailler, persévérer, la suivre, la porter, elle est encore bien fragile.

Alors quand je vois le geste du professeur, je rentre la tête dans les épaules et je m’assoie.

Je ne me souviens pas de ses mots précis. Mais bien de la tonalité générale. Lou a de très bonnes notes en math, en espagnol, en sport (encore heureux), en musique. Elle n’a que 8,5 en français et 9,5 en anglais. Je suis sûr qu’il s’agirait d’une autre élève, il serait moins dur dans ses mots. Mais là, il parle de déception : « Je croyais que c’était une enfant douée, capable. Et je dois bien admettre que je me suis trompé. »

J’encaisse. « Elle ne travaille pas, elle survole, ne s’implique pas suffisamment. En anglais, elle n’apprends pas ses leçons. Tous les bémols viennent de là. Elle travaille beaucoup moins de ce qu’on est en droit d’attendre d’elle. Elle est sur une mauvaise pente. » En cinq minutes, je suis expédiée. Je sors de là la colère au ventre… Nom de Dieu, ça va barder (oui, je suis assez primaire dans mes réactions).

J’arrive à la maison, les filles me font la fête, moi, j’ai la tête des mauvais jours. Lou le sent tout de suite et comme elle sait d’où je viens, elle se prépare. Je profite de l’absence de son père pour lui asséner mes quatre vérités. Si elle me montre volontiers les devoirs où elle a de bonnes notes, elle se garde bien de le faire dans le cas contraire (sauf prof exigeant la signature des parents). Elle m’a caché qu’elle avait fait autant de dictées ce premier trimestre et surtout qu’elle y avait des notes aussi déplorables. Elle n’a pas assez travaillé. Je ne suis pas contente. Je suis hyper déçue. Et je l’achève en lui disant que son professeur principal, lui aussi, est déçu (elle l’adore).

Je lui répète ce qu’il a dit. Elle est touchée. Elle en pleure. Je la console tout en lui disant que j’attends d’elle qu’elle se reprenne. Et qu’elle me fasse un prochain trimestre qui déménage. Je la connais ma Lou, je sais qu’elle a l’esprit de compétition. Elle se battra pour y arriver.

Enfin, j’espère… Mais il y a une chose qui est sûre, c’est que pendant les vacances, des dictées, elle va en faire…

Il y a une demi-heure, elle m’appelle : « Tu sais maman, je t’avais promis que j’allais faire des efforts en français. Et bien le professeur nous a rendu nos dictées, et j’ai eu 17 ! »