Le regard de Kea

Dans ma vie, il y a des coïncidences, des regards. Et puis aussi des retards à l’allumage…

Souvent, je croise des gens que je connais dans la rue, et même certains que je connais bien. Je m’en rends compte cinq minutes plus tard… Le temps que l’image arrive à mon cerveau… j’espère que ceux que je croise ne m’en tiennent pas rigueur. Qu’ils sachent que dans ces moments là, tout en étant physiquement à Paris, je suis mentalement très très loin… Et donc de Paris jusque là où je me trouve, les images mettent du temps à arriver, même en ces temps de prouesses technologiques.

D’autres fois, la lenteur de mes neurones m’intrigue plus encore. Ainsi, quand j’avais encore des filles à la maternelle (ce n’est pas si vieux), je croisais souvent un papa avec son fils, ou sa fille. Tous les matins, c’était lui qui venait déposer les enfants. Et sa façon d’être avec eux, sa tendresse, ses sourires, je trouvais ça mignon comme tout. Je ne savais pas qui étais cet homme. Ce qui n’était pas très grave non plus… C’est au moins deux ans plus tard que je me suis rendue compte que non seulement je connaissais sa femme, puisqu’elle milite dans la même association de parents d’élèves que moi, une nana super sympa, et que j’avais même été chez eux, pour une réunion… Lui n’était pas là, mais il y avait les enfants, et quelques photos au mur… Mais je n’ai pas tilté.

Je crois, à ma grande honte, qu’il m’a fallu bien deux ans pour faire la connexion entre ces deux là. Voilà, des fois je ne suis pas très rapide…

Il m’est arrivé un autre truc marrant, dans le même genre. J’aime beaucoup me promener sur les blogs de Cali. Je n’y vais pas tous les jours, parce que je ne visite pas tous les blogs que j’aime tous les jours (déjà que je ne dors pas beaucoup, ce serait possible), mais j’adore aller trainer chez elle. J’aime beaucoup ce qu’elle fait. En ce moment (mais déjà depuis un moment) elle a une série très intéressante : elle peint les gens avec des objets auxquels ils tiennent. Donc, régulièrement, j’allais découvrir les nouveaux gens et les nouveaux trucs. Et puis un matin, je tombe sur cette peinture : Mon truc à moi, n°6. Kea : mon piège à émotion

C’était trop fort. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à un parent d’élève. Je me dis : « Naannn. Trop fort ce truc. » Je me tâte pour laisser un message. Parce qu’imaginez que le modèle et le papa n’aient rien à voir, je passe pas pour une courge… et puis finalement, je laisse un mot le plus neutre possible. Ben c’était lui… c’était le même. c’est comme cela que j’ai appris qu’il faisait de la photo… Je clique sur le lien en regard de la note, et je tombe sur son site à photo. Et là, que vous dire… un enchantement… Cet homme-là photographie les enfants comme personne.

Cela dit, bien réfléchit, ça ne m’étonne pas vraiment. Parce que le regard que je découvrais à travers ces photos, tellement belles, c’était le même que celui que j’avais surpris, le matin, à la maternelle. Parce que, évidemment, il s’agit du même homme.

En ce moment, je suis en train de regarder les photos qu’il a prises lors d’actions que nous avons menées dans notre quartier. Ça m’a donné envie de faire découvrir son travail de photographe amateur et si talentueux.