Je n’ai pas de mot. C’est rare. Mais c’est ainsi. Ma colère est au-delà des mots.

Ce matin, quand je l’ai appelé, comme je le fais chaque fois que nous sommes séparés, à sa voix, j’ai compris. Alors sans rien dire, j’ai raccroché. Je le sentais, je le savais, il y avait une autre femme dans son lit. Cet allo là, je l’avais trop souvent entendu pour ne pas le reconnaître…

Je suis restée longtemps immobile, le téléphone dans la main. Mais à l’intérieur, la lave coulait.

J’ai attendu. Longtemps. Puis, j’ai rappelé. Je suis tombée sur elle. Elle qui décrochait, alors que moi, lorsque j’étais chez lui, je n’en avais pas le droit. Six ans que nous étions ensemble. Six ans que nous habitions soit chez lui, soit chez moi. Six ans qu’il connaissait toute ma famille, tous mes amis, mais qu’il me cachait. Son monde m’était obstinément fermé. Et cette pétasse, arrivée en catimini, avait elle le droit de décrocher le téléphone en son absence. Non seulement, il me trompait, mais il donnait à ma rivale une présence, une réalité à laquelle je n’avais jamais eu droit. L’affront était là. J’ai raccroché sans dire un mot.

Je n’ai de la voix que pour gronder, rugir, hurler ma haine et ma fureur. Je gémis et m’effondre. Puis me relève, me mords les lèvres pour ne plus pleurer. Je vais chercher les enfants. Ils se pressent contre moi et me réclament leur père, je me frotte à eux.

Je me relève et je les emmène dans la voiture. Le feu du volcan coule en moi qui ne demande qu’à sortir. L’explosion ne va pas tarder. Je convoque les Dieux de la vengeance et je fourbis mes armes. Je mets le moteur en marche et me dirige vers la mer. La falaise n’est pas loin. Il aime ses enfants, il en est fou… Mais ce fou ignore qu’on ne trompe pas impunément Médée…

Ceci est ma participation au jeu Kozliko-Samantadien du sablier d’automne. Chaque soir à 22 heures, l’une d’entre elles nous donne l’amorce d’un texte piqué sur un blog. Il faut en écrire la suite et la publier sur notre blog avant 10 heures le lendemain matin. Et mettre un message sous le billet ou le jeu est lancé

Voilàààààààà

1. Le samedi 6 octobre 2007, 23:55 par samantdi

Ouh la dis donc !

2. Le samedi 6 octobre 2007, 23:57 par Elisabeth

Pareil: ouh là !

3. Le samedi 6 octobre 2007, 23:59 par Franck

Je connais un rémouleur qui fait un travail du tonnerre, tu veux l’adresse ?

Hé hé, j’aime bien la chute \o/

4. Le samedi 6 octobre 2007, 23:59 par David

J’aurais eu envie d’écrire un texte comme le tien ce soir. Mais je n’ai pas trouvé l’inspiration juste, alors j’ai encore dérapé… Mais en tout cas, merci à toi pour ce texte, très bien écrit (j’aime décidément ton style), au moins j’aurai pu lire ce que je n’ai su écrire ;)

5. Le samedi 6 octobre 2007, 23:59 par Lomalarch

c’est beau, les belles histoires d’amour qui finissent bien :-/

6. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:01 par Elisabeth

Ah le titre qui m’évoque le souvenir de la couverture rouge qui marquait le bout du rayonnage de bouquins dans ma chambre d’ado.

A part, ça, dis donc, ça ne plaisante pas !

7. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:05 par Dom

Emouvant et « remuant » cette femme déesse volcanique qui se fait si « terrestrement » trompée, un vrai tremblement de terre.

8. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:10 par Akynou

Elisabeth ; Ha ben non, on rigole plus ici… C’est comme ça. Quand on a une colère au delà des mots, on est bien obligé de faire une connerie au delà de l’entendement. :-)

Lomarlarch : je ne te le fais pas dire…

David ; je n’ai pas encore été voir le tien. Mais ravie de t’avoir donné les mots

Franck : Les couteau, je laisse ça à Ravaillac :-) C’est la chute finale.

Samantdi : Oui, ça m’a fait le même effet aussi. Mais c’est de ta faute aussi, avec une amorce pareille ;-)

9. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:30 par Otir

Mon dieu ! c’est un plaidoyer contre la colère sans mot ! très réussi en tout cas, bravo Akynou, j’y ai presque crû jusqu’au bout. Mais heureusement, je ne t’imagine pas en Médée (il faudrait que je trouve en qui je t’imagine pour la beauté de l’image, mais bon).

10. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:37 par Akynou

Je ne suis pas contre la colère sans mot :-) Mais tu as raison, je n’ai rien d’une Médée, même si l’immensité de sa colère m’a toujours touchée. Pour moi, Médée, c’est le comble de la colère. La colère est l’exacerbation de la désespérance…

11. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:42 par Marie-Aude

Le feu est dans ce texte… c’est puissant !

12. Le dimanche 7 octobre 2007, 00:55 par Agaagla

Akynou, moi je t’ai démasquée… à te lire et relire ce soir, je me dis que la colère monte quand on piétine une dignité. Tu écris fort.

13. Le dimanche 7 octobre 2007, 01:05 par Akynou

Arg, démasquée. Tu as raison Agaagla. Chez moi, les colères et les indignations sont toujours liées au respect et à la dignité. Faut pas derespecter, comme on dit en Guadeloupe.

14. Le dimanche 7 octobre 2007, 03:14 par Oxygène

Sous ta plume, cette Médée contemporaine me fait autant frémir que l’autre.

15. Le mardi 9 octobre 2007, 14:28 par Claude

Impressionnant !