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S’il y a un moment que les enfants attendent, c’est bien celui de l’ouverture des cadeaux. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, la magie de noël, les lumières, la fête, les repas, ce ne sont que des mises en scènes pour faire durer le suspens et les gamins ne sont pas dupes.

D’habitude, nous faisions la fête (toujours entre nous), nous couchions les enfants, nous finissions de dîner, nous installions les cadeaux et nous réveillions les enfants. En plein milieu de la nuit. Et ce n’était pas une mince affaire. Autant les enfants n’ont aucun mal à réveiller les parents quand ils en ont besoin, y compris à 4 heures du matin. Autant l’inverse n’est pas vrai.

Nous avions pris cette habitude car lorsque ma mère vivait encore en région parisienne, nous fêtions noël chez elle. Et elle aimait assister à l’ouverture des cadeaux. Or, nous ne dormions pas là. Donc, pour qu’elle puisse y assister, on réveillait les petites.

Au début, c’était un peu le brouillard. Et puis au fur et à mesure des ouvertures de paquets, de papiers et bolduc volant dans tous les sens, elles reprenaient vie excitées carrément excitée.

Cette année, j’ai décidé de changer de tactique. D’abord, ma mère est partie s’installer en Espagne, nous fêtons noël chez nous. Et puis j’étais fatiguée et je n’avais pas du tout envie de me coucher à 4 heures du matin. J’avais peur de ne pas être assez en forme pour profiter de la surprise de mes petits bouts.

Lou, qui est une vraie pré-ado, m’a poursuivie une partie de la soirée car elle voulait que tout continue comme avant. Elle était surtout hyper pressée de découvrir la surprise promise. Mais j’ai tenu bon. A 1 heure, nous avons réussi à les envoyer au lit. J’ai terminé les derniers paquets des derniers cadeaux reçus le matin même en provenance de Nice, nous avons tout installé au pied du sapin.

Il y avait, depuis quelques jours, dans ma chambre, une énorme caisse en carton. Les mominettes auraient bien aimé savoir ce que c’était. Lou surtout qui s’est bien évidemment demandé si ce n’était pas ça la surprise. En inspectant le carton, j’ai même découvert que des petites mains avaient enlevé une partie du gros Scotch marron pour voir ce que cette caisse contenait. Mais je ne suis pas folle, j’avais vérifié qu’à moins de mettre en pièce le carton, on ne pouvait pas voir ce qu’il recelait.

Quand Lou a fini par me poser la question, je lui ai dit que c’était le sèche-linge dont je rêve et que j’avais finir par m’offrir pour noël. Et que comme je n’en avais pas un besoin pressant, j’avais trouvé plus marrant de le garder pour noël. Elle m’a crue.

Je n’ai pas installé le carton au pied du sapin, vu qu’il était aussi gros que lui, mais à côté, et disposé artistiquement les paquets dessus, plus quelques-uns sur les chaussures quand même, faut respecter la tradition. Et puis j’ai fait une lettre signée père noël, que j’ai mis dans une enveloppe que je m’adressais à moi-même. Je scotchais le tout sur le carton.

Le lendemain, je craignais que les filles excitées ne se réveillassent à 7 heures du mat’. Mais l’avantage de les coucher très tard, c’est qu’elles ont, elles aussi, besoin de dormir. Elles n’ont émergé qu’à 10 heures du matin. Ce qui est somme toute très raisonnable quand on est impatient d’ouvrir ses cadeaux. Garance dormant encore, j’ai exigé que Lou et Léone prennent leur petit-déjeuner. Puis qu’elles s’habillent. Puis qu’elles attendent que Garance ait fait la même chose. A chaque nouvelle demande, Lou râlait, négociait, faisait la tête. Mais j’ai été intraitable. Je ne voulais pas de photos en pyjama, je ne voulais pas que l’une d’elles tombe d’inanition et je voulais faire durer le plaisir…

Noel 2004
Noel 2004
Noel 2004

Le moment tant attendu est enfin arrivé. Chacune leur tour, elles ouvraient un paquet, un seul à la fois. Faut s’organiser. Lou reçu un livre (en provenance de Nice) une paire de boucles d’oreilles et un jeu des Sims (quelle invention diabolique que ce truc là), Garance, un livre sur les fées dont elle est tombée immédiatement amoureuse, très gros succès, une paire de roller et des boucles d’oreille. Quant à Léone, elle a reçu un poupée, un décor de poupée, et un livre (arrivé de Nice) qu’elle s’est approprié avec joie vu que c’est sans doute le premier qu’elle reçoit à elle et rien qu’à elle (et l’on n’a pas intérêt à y toucher, non de d’là).

Noel 2004
Noel 2004
Noel 2004

Fritz a eu une radio lecteur de CD et moi un livre, le dernier Jamaica Kincaid. Et un disque venu de ma petite sœur de Nice. Que j’ai écouté trois ou quatre fois depuis qu’il est arrivé… Et puis restait le gros paquet. Comme il m’était destiné, personne ne se précipitait pour l’ouvrir. J’ai donc pris l’enveloppe, sorti la lettre et lu, à haute voix, le texte qui suit, avec force trémolo dans la voix…

Chère madame XXXX

Je suis désolée, mais ce gros paquet n’est en fait pas pour vous. Ce n’est pas le sèche-linge dont vous aviez envie. C’est en fait un cadeau surprise que je destine à vos trois gentilles petites filles. J’espère que cela leur fera plaisir.

Embrassez-les de ma part.
Bonne journée de noël
Signé : le père noël

C’est peu dire que trois paires d’yeux se sont fixé avec envie, puis gourmandise sur ce gros machin à ouvrir.

Lou a arraché le gros Scotch marron. Léone a ouvert la boîte. Toutes les deux ont sorti du papier, du papier, du papier et encore du papier pour arriver à ça !

Un emac, tout neuf…

Léone a poussé un cri de victoire. Lou s’est redressée et m’a lancé un regard incrédule. « C’est pour nous ? » Oui, ma chérie.

Noel 2004

Et Garance ? Elle jouait avec son livre des fées. Elle a mis un moment à s’intéresser à ce qui se passait, puis à le comprendre. J’ai eu droit à une danse de saint Guy des plus endiablées. J’ai sorti le joujou de sa boîte, je l’ai porté dans la chambre, installé à la place que je lui destinais. C’est là que Lou a compris le pourquoi du rangement. Elle m’a alors regardé avec un regard ravi et m’a dit
– T’es trop forte maman. La classe*
– Totale*, ont renchéri ses sœurs.

J’ai installé le bébé, il marche bien, les filles se bagarrent pour jouer (chacun son tour). Elles refusent de sortir. Bref, tout va bien… Quant aux Sims, quelle diabolique invention.

(*) Inspiré par Nemo.