Le 9 juillet dernier, nous découvrions la jolie ville de Moulins. Jamais je n’aurais cru y découvrir autant de richesses. C’est une petite ville au patrimoine historique et culturel des plus passionnant et les gens y sont accueillants et aimables. A découvrir sans modération…
Chaque choses que nous visitons, Lou me presse : « Dis maman, tu vas en parler sur ton blog. » Je ne sais pas ce qu’elle imagine. Je ne suis pas Tintin reporter dévidant ses carnets de voyage. Quoi que… Mais comme cela a l’air de lui faire plaisir, je vais raconter quelques visites. Ça me distraira toujours de mon autre travail d’écriture, qui me fait bien souffrir celui-la.
Hier, nous avons été à Moulins. On ne peut nier que la météo de ce début juillet est pourrie. Depuis le début de nos vacances, nous avons eu une belle journée, dont j’ai profité pour me brûler les bras et les cuisses. Une seule journée, c’est que ça ne laisse guère de temps pour attraper des coups de soleil moyens. Autant y aller franco… Bref, la météo étant à la pluie, nous sommes à la visite de ville, voire de musée et de monument. Au moins sommes nous au sec et les enfants aiment bien cela pourvu que je ne les y traîne pas tous les jours.
Nous sommes arrivés sur les coups de midi, l’heure où tout ferme dans la petite préfecture de l’Allier. Nous avons trouvé à nous garer sur une place près du marché. Puis nous avons commencé à déambuler dans les rues. En fait, pas bien loin. J’avais dans l’idée de déjeuner tôt, pour être à pied d’œuvre pour les visites de monument à 14 heures, soit pour leur réouverture. Je cherchais donc un restaurant pour nous poser, même si le Nôm ne semblait guère pressé.
Après avoir emprunté une ruelle transformée en galerie couverte, nous avons débouché sur la place de l’Allier. Et tout de suite sur notre droite nous avons découvert une vieille brasserie au décor suranné. Une petite merveille de la fin du 19e, rococo en diable. Des colonnades, des fresques et des miroirs qui renvoient l’image à l’infini. Plus un balcon rehaussé d’une horloge sur lequel trônent quelques tables dominant la salle. Et puis une âme, un charme qui nous ont irrémédiablement attiré bien plus que la carte, traditionnelle pour un bistro.
Autant le dire tout de suite, on y mange correctement, mais il n’y a pas de quoi s’en relever la nuit. Mais outre le décor, la gentillesse et l’humour du patron et des serveurs nous ont fait passer un très agréable moment, un de ceux qui resteront dans la mémoire des filles qui se sont cru dans le palais des mille et une nuits. Et puis un monsieur qui leur porte leur assiette en les faisant rire, un serveur qui passe près d’elle en leur tirant la langue, ça a tout du monde magique.
Clientèle de passage ou d’habitués, tous sont reçu par le maître des lieux avec la même bonhomie, qui fait se sentir chez soi à peine franchie la porte. Autre chose que l’accueil désagréable et un rien méprisant que nous avons essuyé à Vichy quelques jours plus tôt.
Nous sortions de la semi-nocturne à l’hippodrome. Il était environ 22 heures, les filles criaient famines et nous aussi. Ne connaissant pas la ville, nous avons décidé de nous diriger vers les deux restaurants que nous avions repéré à Pâques, près de l’Allier, la maisonnette et l’alligator.
Après nous être un peu perdus, nous avons fini par retrouver leur emplacement. Nous y sommes arrivés au moment où les convives finissaient leur dessert et où certains notables allumaient leur cigare. Je craignais qu’on ne nous ferme la porte pour cause de cuisine en passe d’être fermée. Mais les cartes étaient abordables, il faisaient bon et doux. Il fallait tenter le coup.
Quand nous avons pénétré dans le premier, nous avons surpris une jeune serveuse qui nous toisa puis me répondit, sur un ton très lointain « Vous avez réservé ? » Eh bien non. Autour de nous, de nombreuses tables vides. Mais évidemment, si à 22 heures, ils attendaient autant de personnes ayant, elles, réservé, je ne pouvais que battre en retraite.
Mais avant que la jeune femme ne nous signifie notre congé, un jeune homme se précipite. Lueur d’espoir pour nous ? Pas vraiment. Beaucoup plus aimable, affable même, il s’enquiert de notre nombre. « Cinq ? Je suis désolé, ça ne va pas être possible.
– Cinq, oui, mais seulement deux adultes et trois enfants.
– Ce n’est pas le problème. C’est le nombre de chaise. Nous n’avons pas assez de chaises pour vous cinq.
Pas assez de chaises ? Je n’avais jamais entendu chose plus idiote dans un restaurant. Soit les tables étaient effectivement réservées, et il n’y avait pas à nous demander combien nous étions. Soit elles ne l’étaient pas, et cette excuse bidon ne masquait pas la réalité : nous ne faisions pas bien dans le décor. Nous n’étions pas des clients compatibles avec cet établissement.
Je fulminais. Les filles avaient faim. Elles ne comprenaient pas pourquoi on ne pouvait pas manger là. Je décidai d’aller voir au restaurant suivant. Ce fut caïman pareil. La salle était quasi déserte, la terrasse pleine de gens finissant leur dessert. Le patron me dit qu’il ne pourrait pas nous servir avant une heure, une heure et demi. A 22 heures passée, avec des enfants affamés, c’était une manière certaine de nous pousser dehors.
Là, j’étais vraiment en colère. Nous avons visité beaucoup de villes, mangés dans des endroits très divers, de la simple gargote au grand restaurant où nous avions toujours été très bien accueillis. Et là, nous nous faisions jeter comme des malpropres. Parce qu’on nous aurait sorti les mêmes arguments (enfin, tout de même pas celui des chaises) à 20 heures, j’aurais tout à fait accepté, mais à 22 heures. Lou, qui avait compris ce qui se passait, se demandait pourquoi on n’avait pas voulu de nous. Qu’est-ce que je pouvais lui dire, il y avait tant d’hypothèses possibles.
Bref, autre lieu, autre mœurs. Je suis sûre que si nous revenons à Moulins, ce qui est fort probable, les enfants voudront retourner au Grand Café, cette grande brasserie Art Nouveau de la place de l’Allier.
Pour voir d’autres photos de ce Grand Café, cliquez sur celles-ci.
1. Le mardi 21 août 2007, 10:27 par Laurelin
c’est beaauuuu !! J’irai, c’est certain !! 😀
2. Le mardi 21 août 2007, 13:45 par Saperli
les resto à 22h, dans la France profonde, c’est ça ! Ils ne semblent pas avoir besoin de gagner leur vie, à croire que l’hiver, quand les touristes sont partie, ils croulent sous la clientèle… Mais c’est sans doute plus facile de moins travailler et d’employer des gens au noir que de faire les choses bien et de se montrer accueillant!
3. Le mardi 21 août 2007, 14:00 par Akynou
Je crois que le problème n’était pas tout à fait là. Il s’agit de restaurant avec un clientèle assez bourge provinciale, si tu vois ce que je veux dire, avec des coupes au carré pour les femmes, des polos jetés sur les épaules pour les hommes, des bermudas comme on n’en voit que dans certains endroits.
Notre famille multicolore habillée un peu n’importe comment, ça ne faisait vraiment pas bien dans leur décor… Sinon, ils se seraient contenté de dire qu’ils ne servaient plus. Ce n’était pas la clientèle qu’ils refusaient, mais notre clientèle à nous… ostracisme social basé sur l’apparence avec peut-être une pointe de racisme.
En bref, beuuuuurrkkkkk !
4. Le mardi 21 août 2007, 14:20 par andrem
Bonjour Akynou.
Je suis obligé, te lisant, de faire dans la généralisation hâtive que d’ordinaire je combats. Mais à quelques années d’écart, Vichy semble avoir de l’accueil une notion très particulière qui ne ressemble pas, heureusement, à celle qu’on trouve en de nombreux lieux de notre pays y compris dans les provinces les plus couche-tôt et reculées hexagonales. La question n’est pas du tout une question d’heure tardive et de bourgeoisie locale. D’ailleurs moi-aussi je mets mon pull sur les épaules quand j’ai chaud.
Être ou ne pas être Vichy, telle est la question.
Vichy est Vichy et le restera (sur le carreau de Mongénéral). Vichy a su entretenir ses traditions pas si lointaines, et commence à les mettre en valeur depuis que l’époque s’y pique. Je ne suis pas prêt de remettre les pieds ni les mains dans cette ville odieuse, et je pèse mes mots.
Rien de surprenant à ton histoire, et tu fais bien de revenir à ton Moulin.
En cherchant bien, on trouvera peut-être un juste à Vichy, ce qui m’évitera de faire pleuvoir le feu et la cendre. Je n’ai pas dû bien chercher.
Quoi, même pas cap? Le feu et la cendre, j’en ai plein en magasin, messie messie.
5. Le mercredi 22 août 2007, 00:45 par Dom
C’est toute la différence entre la classe et la bêtise profonde, écoeurante (pour ne pas dire autre chose), je suis choquée profondément et continue à être dégoûtée de ces comportements inadmissibles.
Par contre Moulins me tente bien et le service de ce café si bien agencé me rassure aussi.
S’il faut éviter Vichy, évitons-le, heureusement il y a d’autre lieux bien plus agréables…
6. Le samedi 8 septembre 2007, 02:42 par Jathenais
A vous lire je comprends mieux le succès qu’avait mon resto … vichyssois…
Il me semble qu’on y était accueilli avec le sourire, une assiette que j’ai la prétention de croire bonne, et des vins, plein de vins. On vous y servait gracieusement (au propre comme au figuré) l’histoire, celle du vin, celle de la ville, et pas celle des 3 ou 4 années d’envahissement pétainistes, qui ont détruit, spolié, massacré les trésors indexés par diverses administrations. Plutôt celle d’avant, celle d’autour. Toujours une adresse sympa à refiler, un itinéraire de promenade, une expo, un spectacle.
Vichy a souffert d’être choisie pour être capitale de l’état français. Vichy a été vidée d’une partie de ses habitants, expulsés, et qui quand ils sont rentrés, ceux qui on pu, ont découvert les ruines qu’on leur a laissé. Et il fut décidé que non, aucun dommage de guerre ne serait versé, c’était la capitale. Les vichyssois n’avaient rien fait pour l’être, mais alors vraiment rien. Par contre, on est montré du doigt depuis. L’amalgame est encore trop souvent fait entre vichyssois et vichyste. Alors de fait, certains ont sans doute le malheureux réflexe de l’insolence de celui qui s’est refait tout seul. Je n’excuse pas, je suis la première à avoir pris le contre-pied de ce comportement imbécile. J’explique. Il faut également savoir que le « prestige » de la ville (eu égard à la fréquentation de ses cures et de son golf par quelques couronnes depuis destituées) a attiré une certaine bourgeoisie régionale et parisienne. Ainsi, une bonne partie de ces gens si détestables ne sont pas de là…
Malgré tout ce que je déteste dans cette petite ville, je ne puis pour autant m’empêcher d’en prendre la défense. Son histoire est chargée aussi, elle est belle, il y a des coins sympas, de jolies promenades, et quelques spectacles dans cet opéra qui mérite qu’on s’y attarde. Et dieu merci, je vous assure qu’il reste quelques bistrots ou restos ou l’on est bien accueillis, bien servis, et pas pris pour des américains. De fait les bords d’Allier, c’est joli pour s’y promener, mais pas là où j’irai manger, ou alors à midi à la rigueur.
Je concède bien volontiers qu’il est dommage de devoir se munir d’un mode d’emploi pour approcher cette foutue ville…
Juste un conseil : attendez 2008 pour ceux qui voudraient tester : la promenade des bords d’Allier sera terminée, la nouvelle place de la gare aussi, pour le moment, tout est en travaux, c’est pas joyeux, et assez … bordélique.
Petite note moulinoise : le Grand Café fait partie des rares brasseries d’époques toujours en activité en France, au même titre que le grandes brasseries parisiennes. Je crois avoir passé des heures entières à admirer le jeu des miroirs, du haut de mes trois ans. Mon seul souvenir de mon enfance là bas.
PS pour saperli : parce qu’en province on emploi au noir et pas à paris ? il faudrait revoir vos tablettes, et arrêter avec les images d’Épinal. Chez moi on servait rarement après 22H. Pour la très honteuse raison que nous travaillions à 2, dûment déclarées aux autorités, que les journées ne faisaient à l’époque que 24H, et le frigo 300litres. Et chez moi, tout était acheté au jour le jour au marché, pas de congelo, pas de micro onde. Quand les stocks étaient tombés, nos 18H de boulot faits, et bien nous éconduisions la clientèle, non sans donner quelques adresses, voire passer un coup de fil pour s’assurer qu’ils pouvaient accueillir. Avant d’aller dormir un peu. Honteux n’est il pas ? Certes tout le monde n’en fait pas autant, mais je prends ces vérités absolues comme attaques personnelles. Il n’y a pas que des goujats dans mon métier. Et il y en a assez souvent aussi dans la clientèle !
7. Le samedi 8 septembre 2007, 02:56 par Jathenais
j’oubliais, petite précision toujours pour saperli : Vichy vit aussi en hiver, et oui, on fait aussi le plein en hiver, il y a belle lurette que ce n’est plus une ville purement saisonnière, même si l’activité y est plus importante, mais plus grâce aux sports, aux congrès ou aux diverses manifestations que grâce au tourisme pur qui n’est pour ainsi dire qu’anecdotique 
8. Le dimanche 9 septembre 2007, 18:08 par Akynou
Jathenais : je n’avais pas pris la peine de répondre aux commentaires laissés ici par des habitués. Je le fais rarement. Mais suite à votre message, je vais préciser deux ou trois choses.
D’abord, je ne fais jamais de généralités. Je parle dans ma note de deux restaurants dont j’estime la conduite inacceptable. Cela n’a d’ailleurs rien à voir, contrairement à ce que dit Saperli, au fait de servir ou non après 22 heures. Il y a aussi à Paris des petits restaus très bons dont la cuisine ferme tôt. On m’aurait dit, dans ceux de Vichy, que la cuisine était fermée, cela ne m’aurait pas gênée.
Je ne considère pas non plus que dans la France profonde, c’est toujours fermé après 22 heures. il m’est arrivé de dîner dans des villes plus petites que Vichy après cette heure là. De plus, la France profonde, je ne sais pas ce que c’est. Enfin, les restau ne vont pas rester ouverts jusqu’à point d’heure juste pour voir.
C’est la deuxième fois que j’allais à Vichy. La première fois nous avons été fort courtoisement reçus par un dame qui travaillait seule dans un petit bouiboui, qui s’est montrée aimable, souriante, serviable, et adorable avec les filles. Dans les boutiques, les gens se sont comportés normalement et dans la chaîne ou nous avons finalement atterri ce soir-là, à Vichy également, les gens étaient très sympas.
La ville de Vichy est intéressante à visiter et il y a quelques belles choses à voir. Elles m’ont moins surprise qu’à Moulins, car je savais ce que j’allais y trouver, mais cela n’enlève rien à la beauté de certains quartiers. C’est par ailleurs une ville en travaux pour l’amélioration de qualité de vie de ses habitants, ce qui ne peut être que louable.
Faire l’amalgame entre le présent et le passé (aussi abominable fut-il) est pour moi une hérésie. Je n’en veux pas aux Allemands actuels de ce qu’on pu faire leurs grands parents ou arrières grands parents. Et je n’attribue pas à une population qui n’en peut mais les dérives d’un gouvernement qui aurait tout aussi bien pu être parisien. Étant justement Parisienne, il m’arrive de râler devant les conneries qui peuvent se dire sur mes concitoyens. Ce n’est pas pour faire pareil ailleurs.
Cela dit, les deux restaurants étaient visiblement réservés à une certaine classe sociale (et justement pas à des touristes, vu les voitures sur le parking, il y avait beaucoup de 03 locaux). Nous faisions tâche dans le décor, soit par la couleur de mon mari, soit par notre manière d’être, nos enfants… Je déteste les castes et surtout cette caste bourgeoise qui toise la différence et l’étranger. Qu’on la trouve à Vichy, à Bordeaux, dans le 7e arrondissement de Paris ou dans le quartier où je bosse. A Paris, c’est un petit peu moins pénible car par la force des choses (et des sièges sociaux) une population laborieuse (à laquelle j’appartiens) se mêle durant le jour à ces grands bourgeois qui se considèrent si hautement placés qu’ils ne savent plus comment péter. Cette caste-là, qu’on ne rencontre pas dans toutes les villes, qu’elle soit lyonnaise, bordelaise ou vichyssoise est insupportable. Et les loufiats à leur service, qui se permettent d’agir comme ceux que j’ai pu rencontrer ce soir-là, sont des cons.


