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Pour que cette petite flamme ne s’éteigne pas. Que l’enfant enfin se réveille. Il a 12 ans, il est tombé du 5e étage de son immeuble pour fuir la police car il n’a pas de papiers en règle. Il est Ukrainien.

Mais demain, il faudra sans doute crier, hurler, manifester que cela cesse et qu’enfin les droits des enfants soient respectés. Comme aujourd’hui. Comme hier. RESF, heureusement, ne désarme pas. Mais les protestations devraient être portées par toutes nos voix…

COMMUNIQUE RESF PARIS (08.08.07)

Pendant le mois d’août, la fabrique à orphelins accélère ses cadences !

A Paris, le mardi 7 août, au moins 6 parents d’enfants scolarisés ont été placés en rétention :
– M. DONG Zuoliang, père de Zewei, 11 ans, scolarisé en CM2 à l’école élémentaire 77 bd de Belleville (11°), arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

– M. ZHENG Lin Min, père de Xin, scolarisé en CM1 à l’école élémentaire de la rue de l’Ourcq (19°), sa femme est enceinte (grossesse pathologique). Il a été arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

– M. CAÏ Renuyi père d’un enfant de 6ans et demi, scolarisé à l’école élémentaire avenue de St Ouen (17°), arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

– Mme ZHENG Ling Wei, mère de Lucinne, 3 ans, scolarisée à l’école maternelle Maurice Genevoix (18°), arrêtée lundi 6 août, placée au centre de rétention mardi 7 août.

– M. YANG Hui, père d’un enfant de 3 ans, qui sera scolarisé à la maternelle Boy Zelenski (10°) à la rentrée 2007 et d’un bébé né en 2007. Il a été arrêté lundi 6 août, placé au centre de rétention de Vincennes mardi 7 août.

– Mme LI Aizhu, grand-mère d’Eric (les parents d’Eric sont en situation régulière) scolarisé à l’école maternelle Pierre Bullet (10°), arrêtée lundi 6 août 2007, placée au centre de rétention de Cité mardi 7 août.

… Cette liste a été faite sur une durée de 24 heures. D’autres arrêtés dans les jours précédents sont dans les centres de rétention.

Il est clair que la brutalité monte d’un cran. Jusqu’ici, les parents d’enfants scolarisés qui passaient au Tribunal Administratif voyaient le plus souvent leur APRF (Arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) cassé par le juge au titre du respect de leur vie personnelle installée en France. Beaucoup de parents étaient libérés du commissariat avant la fin de leur garde à vue. Il y a eu du côté de la police des moments d’exaspération (l’affaire Rampal en a été une illustration), mais il y a aujourd’hui la volonté évidente de profiter du mois d’août pour « se rattraper » des frustrations d’alors : les écoles sont fermées, et la mobilisation sans faille, comme rebondissante d’un établissement à l’autre, qui a marqué ces deux dernières années est plus difficile en ce moment. Alors, c’est la chasse, fébrile.

La Préfecture de Police espère sans doute que ses mauvais coups perpétrés au cœur de l’été, passent inaperçus mais chaque tentative d’expulsion suscitera la même indignation.

Notre vigilance et notre réactivité toutefois ne faiblissent pas : ni celles des familles, qui appellent leurs voisins du Réseau éducation sans frontières à chaque retard suspect (hélas, elles ont rarement tort d’être inquiètes), ni celle des militants qui sont présents pour rendre visibles ces cruautés gratuites. Se taire ferait de nous des complices !

Car ce sont bien de pures et simples cruautés, parfaitement inutiles. A quoi sert de renvoyer une grand-mère loin de ses enfants et petits enfants ? Quelle est l’utilité de casser des couples, de risquer de détruire psychologiquement des enfants ? Quel est le but ? Il n’y a pas de bénéfice financier (ça coûte très cher, au contraire) et le seul gain politique est de renforcer les idéologies nauséabondes qui utilisent le vieux mécanisme de l’étranger bouc émissaire. Tout cela au mépris de quelques familles malheureuses ?

C’est pour cela que nous continuerons en quelque saison que ce soit de révéler et dénoncer la traque honteuse dont sont victimes des familles déjà fragilisées par leurs migrations.

Des militants du Réseau Éducation Sans Frontières seront Jeudi 9 août entre 12h00 et 13h00, entre le Parvis de l’Hôtel de Ville et l’annexe de la Préfecture de Police 12 quai de Gesvres pour informer les citoyens et faire en sorte que tout cela ne se fasse pas dans le silence souhaité par la préfecture de police.

Je repense à ce garçon ukrainien qui a suivi son père pour échapper à la police. Sans doute que celle-ci n’a fait que son travail. Et n’est pas intervenue brutalement. Cela se serait-il produit de la même façon si le climat de terreur ne régnait pas déjà dans ces familles. Je revoie tous ceux que je côtoie dans l’école de mes enfants, je connais leurs peurs, leurs frayeurs, leurs airs bravaches. Ils ne veulent qu’être des enfants comme les autres eux qui ont déjà connu la violence, l’arrachement à leur pays, la peur, les logements exigus, la traque. Et je vois Georgi, le petit garçon que je parraine, qui se planque sous le lit dès que quelqu’un frappe à la chambre d’hôtel qu’il partage avec sa mère et qui a si peur de sortir, sauf pour aller à l’école, qu’il préfère rester enfermer « à la maison »…

40 écoles du 18e pour défendre les sans-papiers

1. Le samedi 11 août 2007, 14:12 par dom

Je ne sais plus s’il faut pleurer, hurler, cracher. Je lutte contre l’envie de rester ici au Maroc, renier mon pays que je ne reconnais plus qui ressemble tellement à celui qui m’a tant terrorisée dans les cours d’histoire.
Je me baigne dans la chaleur de ce pays du soleil qui revit petit à petit, la gentillesse de la famille, la convivialité de l’accueil, la douceur de la langue, les compliments, les formules rituelles, l’importance du clan, des valeurs.
Je ne me sens pas de revenir dans ce pays froid, dont je me détache de plus en plus, d’une direction obnubilé par l’argent, le gain et le mépris de la pauvreté.
Victor Hugo où es-tu ?
Camus et ta révolte ?
Molière réveille-toi, la France est malade et je ne me suis jamais aussi sentie étrangère dans l’endroit qui m’a vu naître.
Comment en est-on arrivé là ?

2. Le dimanche 12 août 2007, 01:27 par Saperli

oui, moi je pense à cet enfant et je ne comprends pas qu’un pays comme le nôtre en soit arrivé là ! Je suis sidérée que les Tchéchènes n’obtiennent pas le droit d’asile alors que c’est un génocide qui a lieu, comme malheureusement dans beaucoup d’endroit en Afrique !

3. Le dimanche 12 août 2007, 10:33 par Oxygène

A la liste de Dom j’ajoute Villon, les Lumières, Zola, Anatole France, Sartre et Beauvoir au hasard de ceux qui me passent par la tête. J’ai la nausée.

4. Le lundi 13 août 2007, 01:34 par Ouf

C’est formidable, la générosité. Mais sur le dos des autres, ça l’est moins… Pourquoi RESF n’organise-t-il pas une collecte pour réunir des fonds pour prendre en charge à leurs frais la présence en France de tous ces clandestins, ou immigrés illégaux ? Ce serait beaucoup plus responsable et crédible. Avec autant de supporters comme vous, je ne doute pas qu’ils puissent accueillir et sponsoriser la terre entiere… MAis commençons juste par accueillir tous les Tchétchènes, parce que c’est vrai, il y a un grand génocide là-bas (ca fait environ 1 300 000, finalement c’est pas beaucoup), puis tous les africains, parce que là-bas, entre les génocides, le sida, les épidémies et les famines (euh là, ca fait 900 000 000. Mais que diable, soyons fous…. au diable l’avarice !). On aura quelques bonnes excuses pour refuser tous les autres…. Il en faudrait juste quelques uns comme Dom pour faire le voyage inverse et rétablir l’équilibre et on est bons…

5. Le lundi 13 août 2007, 09:33 par MarieSB

@ouf : la générosité est déjà « sur notre dos » grace à un système qui fait de notre pays un grand pays RICHE : la redistribution, système qui à été choisi démocratiquement par les électeurs il y a quelques temps déjà. Aujourd’hui seuls quelques fous pensent à revenir sur cette idée lumineuse qui, je le répète à fait de notre pays un pays riche.
Cette richesse de vient bien sur par QUE de notre génie, elle provient en grande partie de matières première généreusement bradées par des pays beaucoup moins riche que nous, et par la commercialisation de tout un tas d’objets à bas cout mais forte marge, produit dans des contrées lointaines ou les salariès sont bien moins exigants (!) en matière de sécurité ou de salaires.

Et quand un enfant et sa famille cherche refuge dans notre si beau pays, nous devrions lui claquer la porte sur les doigts? Non vraiement je ne comprend pas votre raisonnement.

Pour mémoire la phrase de Rocard si souvent citée se termine par  » …, mais elle doit en prendre sa part »

Comment osez-vous laisser ce genre de message ici?
Je ne parle même pas de l’idiotie du comptage, c’est abject.

6. Le lundi 13 août 2007, 11:19 par Akynou

MarieSB, merci, vous savez, il faut savoir ne pas répondre à toutes les provocations… Les propos de Ouf me font de la peine, pour lui. et n’ont provoqué chez moi qu’un haussement d’épaules.
Le plus à plaindre c’est lui.
j’imagine que si son voisin se faisait attaquer sur son palier, il fermerait bien sa porte à clé et se boucherait les oreilles pour surtout ne pas l’aider et encore moins le faire entrer dans sa maison. Et trouverait toutes les bonnes raisons pour ça.

A l’heure de la mondialisation, ce repli sur soi est suicidaire. Mais c’est son problème, pas le mien.
Comme je le disais ailleurs, il faut relire « Malaise dans la civilisation » de Freud. Quand un peuple (ou une personne) cherche à tout prix un bouc émissaire à son mal-être, c’est qu’il est vraiment mal en point. Le livre préfigurait ce qui allait se passer dans l’Allemagne des années trente, mais il reste d’actualité, tant les ressorts qu’ils démontent sont profondément humains. Pas le plus beau côté de l’humain, mais bon…

7. Le lundi 13 août 2007, 11:29 par Ouf

MarieSB : Eh oui, vous le rappelez bien vous même : « Elle (LA France) doit en prendre sa part », ce qui n’a rien à voir avec « Elle DOIT accueillir TOUTE la misère du monde ».

Par ailleurs l' »idiotie » de mon comptage entre dans la droite ligne de l’idiotie de vos utopies. Ni plus ni moins.
Quant à notre richesse… vous parlez d’il y a 30 ans, bien sur, quand la France était encore riche, avant la mondialisation. MAis j’espere que vous avez votre honneur intact, n’ayant acheté ces 30 dernieres années aucun produit indien, chinois, indonésien, coréen…
J’ai malheureusment un peu peur que vous ne mélangiez les problématiques : je dois vous rappeler quand même que la France, qui reste un exemplaire pays des Droits de l’Homme, continue d’acceuillir chaque jour des étrangers qui sont autonomes, capables de subvenir à leurs propres besoins en créant leur propre emploi ou en apportant une contribution en talent ou compétence dont nous pouvons avoir besoin. Par contre elle a décidé, et il est grand temps, de dire BASTA à tous ceux qui prétendent venir profiter de son extraordinaire et unique systeme de protection sociale. Il faut encore vous rappeler, qu’aucune démocratie au monde n’est plus en mesure d’accueillir la terre entière par simple compassion pour la souffrance humaine, qui elle, est indéniable.
Quand une famille, fut-elle avec enfant(s), s’est fait un beau rêve sur la France, pays de Cocagne ou le lait coule à flot, il est temps de les ramener à la réalité. Quand au bout de 3 refus d’asile politique, ils continuent à s’incruster, il est temps de les ramener au pays qui est leur leur.
Vous êtes apparemment beaucoup plus « généreuse » que moi : mais je pourrai vraiment juger de cette générosité le jour où vous continuerez de garder chez vous, de les loger et de les nourrir, des gens que vous n’avez pas invité, que vous n’avez pas choisi, et qui s’incrustent et exigent de vous que vous les nourrissiez parce qu’il n’y a plus rien dans leur frigo chez eux…. C’est en gros ce quer RESF demande aux français de faire, à l’échelle nationale. Ne soyez guere étonnée si cela ne cristallise pas un unanime soutien.

8. Le lundi 13 août 2007, 12:03 par Akynou

Je suis de nombreuses familles et ce depuis quelques années. Je ne suis pas membre de Resf, juste un parent d’élèves. J’ai accompagné des familles, je les ai aidées dans leures démarches administratives voire à la préfecture. J’ai donc un vécu.
Certaines de ces familles ont vécu souvent des choses que notre imagination a du mal à intégrer. Ce qui ne les empêche pas d’être recalées à l’Ofpra. Pour la bonne raison que cette institution doit elle aussi faire du chiffre et qu’elle a droit à un certain nombre de régularisations. Beaucoup de dossiers ne sont même pas ouverts. Et quand ils le sont, ils sont parfois recalés pour des motifs assez fokloriques.
Il faut beaucoup de temps et de patience à ces familles qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles pour réunir toutes les preuves demandées. Surtout quand elles doivent venir du pays d’origine.
Ce ne sont pas des on-dits, ce sont des choses que j’ai pu constaté de visu.
Sans compter que des ressortissants de certains pays ont encore plus de mal à faire reconnaître leur statut de réfugiés à cause des « bonnes relations » qu’entretient notre pays avec le leur. La Russie de Poutine et les Tchétchènes sont un des cas les plus criant.
Mais on peut aussi se boucher les yeux, refuser de voir la réalité et crier pour tout et n’importe quoi en avançant des arguments qui n’en sont pas mais qui sont des ressucés d ce que l’on trouve dans certaines propagandes politiques. J’imagine que le fait que le petit Ivan soit soigné aux frais de l’AP (dont des nôtres) et ses parents autorisés à rester sur le territoire doit vous révulser. Tant pis pour vous.

Cela dit, Ouf, pour que les choses soient très claires : vous êtes ici chez moi, sur un blog où j’écris ce dont j’ai envie. Je ne demande à personne de venir me lire mais si je suis très contente d’avoir des lecteurs. Mais ce blog n’est ni une tribune ni un forum. Vous n’êtes pas plus obligé de venir me lire que je ne le suis de vous tolérer. Je supporte mal le ton comminatoire des M. Je-sais-tout mais qui en fait ne savent pas grand chose.
Pour enfoncer le clou, je dirai que je ne souhaite pas votre présence.
En conséquence de quoi, toutes vos visites chez moi seront considérées comme du spam et traitée comme telles. Vous pourrez crier à la censure, vous insurger, dire que je suis antidémocratique, me traiter de tous les noms qui vous passeront par la tête, etc. Je m’en balance.

9. Le lundi 13 août 2007, 16:45 par Otir

Akynou, je te recommande, ainsi qu’à tous les lecteurs des commentaires en général ce [petit cours de repérage|www.lettres.org/troll.htm… (bien que je ne doute pas un seul instant que c’est ce que chacun fait intuitivement immédiatement !)

10. Le lundi 13 août 2007, 16:48 par Otir

Le lien est bon, mais ma syntaxe était vraiment défectueuse ! Toutes mes excuses, Akynou :

www.lettres.org/troll.htm

11. Le lundi 13 août 2007, 21:32 par Elisabeth

Et puis hein, c’est pas Ouf qui va protester contre une expulsion, fût-ce la sienne…

12. Le mardi 14 août 2007, 10:18 par Dom

C’est désagréable d’être prise à partie de cette manière, surtout sur les décombres fumantes d’une histoire aussi humainement désolante : aucun respect. Mais cela ne m’étonne qu’à moitié, dans beaucoup de forum il semble que des agressifs énervés défendent les positions de notre gouvernement.
Mais je suis d’accord avec toi Otir « Don’t feed the troll ! », je ne débattrai donc pas.
Juste mon dégoût qu’on puisse haïr au point de ne pas respecter la souffrance d’un enfant et de sa famille.