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La Guadeloupe, un département à part entière mais hélas entièrement à part. Pas uniquement la Guadeloupe d’ailleurs. Il en va de même pour la Martinique, la Guyane et la Réunion.

Département français donc. Mais tellement mal traité par les médias. Leeloolène, dans un commentaire sur mon poste précédent, disait : « Au final… qu’est ce qui est mieux ?? Voir les médias s’acharner sur “l’insécurité en Guadeloupe, le racisme contre les touristes blancs, le mauvais accueil des Guadeloupéens” comme ce fut le cas, il y a deux ans exactement jour pour jour ?? ou bien laisser les Guadeloupéens de France s’informer par d’autres moyens… et les Guadeloupéens de Guadeloupe subir tout ça ?… Je m’interroge…»

Ce message m’a fait bondir, mais elle a raison.

Vous vous rendez compte où nous en sommes ? Ceux qui aiment la Guadeloupe en sont réduits à préférer ne plus être informé plutôt que d’entendre les procès que nous avons hélas subis !

Il y a deux ans, le groupe Accor assassinait l’île en beauté en vomissant sur les travailleurs guadeloupéens (et martiniquais), jamais contents, toujours en grève, pas aimables. Ces souillures furent largement reprises par la presse. Seuls Libération et Le Nouvel Observateur ont ouvert vraiment le dossier.

J’en ai beaucoup parlé dans le magazine où je travaille, réfutant des idées toutes faites, démentant d’autres assertions. Il a été question de faire un papier, puis l’idée est tombée à l’eau. Le sujet était passé, le film ne se rejouait pas en deuxième semaine, il n’y avait plus d’actu. Pour la plupart des autres magazines, j’imagine, les Antilles, c’est le soleil, le tourisme, l’exotisme, le sexe (le nombre de métropolitains qui vont à l’UCPA ou au Club Med juste pour s’envoyer en l’air…). Pour le reste, ce sont des histoires de nègres. Pas de quoi intéresser les lecteurs. Pas de quoi surtout intéresser les annonceurs. Surtout quand le groupe Accor en fait partie.

Ce procès d’Accor était injuste. Parce que ce que ce groupe ne disait pas, c’est qu’il engageait un bras de fer contre la région et l’Etat pour obtenir des aides. La situation de l’hôtellerie antillaise était certes difficile : il y avait eu le 11 septembre, des compagnies aériennes disparaissaient, mettant Air France à nouveau dans une situation de monopole ce qui lui a laissé le loisir d’augmenter le prix du billet de trois ou quatre fois. Un vrai scandale.

Dans le même temps, notre compagnie nationale proposait des billets sur Saint-Domingue deux fois moins chers. Les coucous qu’elle mettait (qu’elle met toujours) à la disposition des Paris-Fort-de-France ou des Paris-Pointe-à-Pitre étaient les plus anciens de sa flotte. Les touristes pour les îles françaises voyageaient donc (voyagent toujours) pour plus cher, mais sont nettement moins confortablement installés. On ne peut pas dire que ça aide à remplir des hôtels.

Ces fameux hôtels… Il y en a trop en Guadeloupe. Ils ne sont jamais remplis. La loi Pons qui permettait d’avoir des baisses d’impôts substantielles à condition d’investir dans le bâtiment antillais, on a vu fleurir çà et là d’immenses domaines, saccageant les paysages, bétonnant les plages. La baie des Rochers, à Saint-François, en est un bon exemple, elle est fermée par le complexe hôtelier et les locaux ne peuvent plus y accéder. Idem pour le Novotel du groupe Accor, cette barre de béton gris qui bloque l’accès à la mer et qui réserve la plage de Saint-François aux seuls touristes, contre la loi du littoral. J’ai vu construire le splendide complexe de la Plantation Sainte-Marie, toujours à Saint-François. Très beau mais jamais plein…

D’autant que le tourisme qui marche en Guadeloupe, ce n’est pas celui-là, c’est le tourisme de proximité, l’accueil en gîtes. Et je ne connais personne qui, ayant fait ce choix-là, ait eu à se plaindre de l’accueil des Guadeloupéens.

Accor quittait donc les Antilles ? Trois ans après, le groupe est toujours là, avec le même nombre d’hôtels. A quelles conditions ? Qui fera l’enquête ?

Le procès était injuste envers les salariés de l’hôtellerie eux-mêmes. Contrairement à Saint-Domingue, il n’y avait pas, jusqu’à cette année, de lycée hôtelier dans l’île. Alors qu’il paraît que le tourisme est sa vocation principale. Difficile à ce compte-là de trouver du personnel formé et qualifié. Cependant, les employeurs y trouvaient leur comptant, car cela leur permettait d’embaucher à bas prix. Ils auraient pu assurer aussi la formation continue… Ils auraient pu. Probablement trop cher. Ma belle-sœur est chef pâtissière dans un hôtel. Une bonne place. Elle a plus de dix ans d’ancienneté et gagne à peine plus que le SMIC.

Leeloo a raison sur un autre point dans ses commentaires : les grèves sont interminables, elles rendent le pays exsangue et font souffrir autant le Guadeloupéen que le touriste. Ne pas avoir d’eau potable pour se laver pendant des semaines, ce n’est agréable pour personne. Et quand vous avez des bébés, c’est l’horreur, je sais, je l’ai vécu. Ne plus avoir d’électricité, juste à la tombée de la nuit (vers 18h30-19 heures) et jusqu’au lendemain matin, tous les soirs, pendant des semaines, c’est… terrible. Remarquez, les gens qui avaient investi dans le solaire étaient contents. Ils en avaient, eux, de la lumière…

Maintenant, pour savoir qui est responsable de cette situation délétère, je crois que les tords sont partagés et que le dialogue social n’existe pas ou peu. Il y a des entreprises qui ne sont jamais en grève, preuve qu’il y a des patrons intelligents et des salariés qui trouvent d’autres moyens pour discuter.

Désagréable, alors, le personnel des Antilles ? Mal payé surtout, pas formé, pas intéressé. Avec une clientèle, qui parfois a tendance à retrouver le bon goût des colonies. J’exagère ? même pas.

Je me souviens d’une année où je faisais mon stage de plongée à l’UCPA de Bouillante. Je ne logeais pas toujours sur le centre et je bénéficiais d’une voiture. Comme à l’époque, le premier distributeur de billet était à Pointe-Noire, à quelques kilomètres du centre, je proposais souvent mes services et voiturais d’autres stagiaires. Une fin d’après-midi, j’emmenais donc trois garçons et une fille à Pointe-Noire pour qu’ils se ravitaillent en argent liquide. Sur le chemin, j’en profitais pour leur faire découvrir la flore, si typique de cet endroit où la forêt tropicale se jette dans la mer. Quand nous sommes arrivés à la banque, celle-ci était en train de fermer et le distributeur était vide. L’employé, voyant notre désarroi, nous a fait signe qu’il allait le garnir, alors qu’il avait visiblement terminé sa journée et qu’il s’apprêtait à partir.

Remplir un distributeur de billet n’est pas une opération rapide. A quelque endroit que l’on se trouve. Mais ces beaux Métropolitains, en vacances, n’ont pas manqué de faire des réflexions sur la feignantise et la lenteur de ces Guadeloupéens. Au bout d’un moment, je me suis énervée et je leur ai rappelé la réalité : fin de service, procédure longue, etc. J’étais ulcérée.

Le comble a été atteint quelques minutes plus tard. Derrière nous, il y avait une très jolie case en bois peint, avec sur la terrasse des plantes, une berceuse, un banc. Et sur le banc, un couple qui prenait la fraîche. Le décor était ravissant avec le soleil qui tombait dans la mer. Un des…, les mots me manquent pour les qualifier, a voulu prendre la maison en photo, avec ses occupants. Ceux-ci ont protesté et ont demandé, gentiment, de ne pas les photographier. Ce qui est tout de même leur droit le plus strict. J’ajoute que la demande a été faite avec toute la politesse du beau parlé français comme savent le manier les Antillais et surtout sans aucun accent créole ce qui me fait penser que ceux-là aussi étaient des vacanciers, en visite dans leur famille.

Une discussion a suivi dans le groupe pour essayer de comprendre pourquoi diable ces deux-là ne voulaient pas se laisser prendre en photo. Et la conclusion : ils ont peur qu’on leur prenne leur âme. Encore maintenant, des années après, à l’écrire, je suis en colère. En colère contre mes compatriotes imbéciles, sombres connards, qui prennent les autres du haut de leur inculture. J’ai mis les points sur les i, en leur rappelant que nous étions ici en France. Et qu’ils veulent bien aller vivre ailleurs leur trip « exoticon ». Alors, mal accueillant, les Guadeloupéens ? Eh bien pour des individus de cette espèce, ils en ont le droit.

Autre antienne, l’insécurité. Je me souviens de ma première arrivée là-bas. J’étais au centre UCPA pour un stage de golf. Le directeur du centre nous faisait le topo d’arrivée. Il a eu des questions aussi étonnantes que « et au marché, on peut négocier ? » Il s’était marré et avait répondu : « Essayez, vous verrez bien. » A la question de l’insécurité, il avait répondu très simplement : Comme dans n’importe quel hôtel du monde, il est déconseillé de laisser des valeurs dans sa chambre et il est préférable de la fermer à clé quand on la quitte. Pour le reste, ni plus ni moins.

Je me suis retrouvée à partager la chambre d’une jeune femme qui ne craignait qu’une chose, la sexualité bestiale de ces Noirs. Et à sa façon de la craindre, je me suis très vite demandé si en fait, elle n’en mourrait pas d’envie. Un jour où nous étions libre d’aller à la plage, nous avons repéré une petite crique entre Saint-François et la Pointe des Châteaux. Nous étions à peine arrivées, que nous avons vu un grand noir arriver en courant, se déshabiller et se jeter à l’eau. Vous voyez, vous sortez du boulot, il fait chaud, vous arrêtez votre voiture sur cette plage que vous connaissez bien et vous vous jetez à la baille. Situation normale et classique. Pas pour mon groupe de filles : et si ce brave homme décidait de nous violer là, séance tenante. Car en plus, il osa nous adresser la parole.

Ce que nous a dit le culotté ? Que nous avions choisi le meilleur endroit pour le bain. C’en était trop, les filles qui m’accompagnaient ont décidé de fuir, de partir ailleurs, vers une autre plage moins « polluée ». J’étais malade. Finalement, nous n’avons pas trouvé de plage où nous baigner et c’est exactement ce dont nous avait averti le baigneur. Dans toute cette zone, il n’y a pas de sable, juste une grande plaque rocheuse qui court sur des kilomètres, bourrée de ravissants oursins noirs… Je laissais là ces donzelles avec leurs fantasmes. Par la suite, je me suis promenée toute seule.

De la délinquance, oui, il y en a en Guadeloupe. Ce qui ne manque pas d’étonner les habitants, surtout les plus âgés qui n’avaient jamais connu cela. Il ne fait pas bon se promener dans certaines zones de Pointe-à-Pitre ou des Abymes à la nuit tombée. Le chômage, la drogue et en particulier le crack ont fait des ravages. Mais vous ne vous promèneriez pas plus aux Mureaux, ou à la cité des 4000 à La Courneuve. Pourtant, il ne vous viendrait pas à l’idée d’incriminer les Franciliens dans leur ensemble. Eh bien là-bas, en Guadeloupe, c’est la même chose.

Je suis Blanche et alors. C’est quelque chose que j’oublie assez facilement. Je veux dire que j’ai la chance d’être dans des environnements qui ne me le font pas sentir. C’est le cas ici, mais aussi le cas là-bas. Maintenant, je ne me balade pas les seins nus sur des plages familiales, je suis polie, je dis bonjour, au revoir, s’il vous plait et pas : et toi là-bas comme c’est encore trop souvent le cas.

Alors mauvaise destination la Guadeloupe, et si elle avait surtout des mauvais touristes ?

Heureusement, ceux-là aussi sont une minorité. Ce sont les gens qui viennent pour prendre, pas pour apprendre ou s’intéresser. Mais de plus en plus se développe un tourisme proche de la population. Nombreux ont été les Guadeloupéens qui ont construit des gîtes pour les louer à côté de leur maison. Et même si c’est chacun chez soi, on apprend un petit peu à se connaître. On discute sur le pas de la porte, on boit le ti punch de la fin de journée. Les locaux donne des conseils sur ce qu’il y a à visiter, sur les plages familiales, celles où tout le monde se retrouve autour d’une grillade, d’un colombo, d’un plat de racines… celles où les enfants jouent libres pendant que les adultes préparent l’apéro et le repas, celles où tout le monde fait la sieste quand le jour est à son maximum de chaleur, celle où, en fin d’après-midi, les jeunes se rassemblent autour du ka pour un lewoz improvisé.

Les lewoz, tiens, parlons-en. Ce sont des soirées musicales. Des veillées. Elles sont organisées soit par une commune, soit par une section, soit par des particuliers. On y trouve à boire et à manger et l’on vient participer à la fête. Les chanteurs derrière les tambouyés, eux-mêmes face à la foule des spectateurs, d’où se détachent les danseurs qui viennent défier le maké, le marqueur, le tambour soliste. Les uns après les autres ils entrent dans la ronde, jamais deux en même temps, car c’est d’un dialogue qu’il s’agit, celui d’une femme ou d’un homme qui par son corps va s’adresser au tambour qui répondra. C’est fascinant.

Dans ces soirées où chante l’âme de la Guadeloupe, tout le monde est convié, Blanc, Noir, Zindien. N’importe qui peut se lancer dans le cercle, n’importe qui peut chanter, pour peu qu’il sache le faire. Vous, moi, pourrions prendre la place sur les kas, les tambours. Je chante, quand je suis dans un lewoz, il m’arrive de danser, mais pas dans le cercle, je ne danse pas assez bien et je ne joue pas de tambour. J’ai vu des gens se lancer, un peu follement et toujours être bien accueillis, car l’important, c’est de partager, de vivre ensemble des moments inoubliables.

Entre deux morceaux, on va sous la tente se servir un ti punch, manger une cuisse de poulet grillée accommodée avec une sauce chien. Il n’y a pas de différence entre eux et moi si ce n’est les limites de ma timidité.

Bien sûr, les Guadeloupéens ont des défauts. Comme les Corses, les Parisiens (têtes de chien), les Bretons… Ils sont, pour beaucoup, assez m’as-tu-vu, aiment les fringues, les grosses chaînes en or, les chevalières bien voyantes… Ils n’aiment pas les patrons, mais ils ne sont pas feignants car la majorité de ceux que je connais bossent comme des damnés, voire cumulent plusieurs boulots pour s’en sortir. Ils n’aiment pas l’autorité en général, l’administration en particulier, même s’ils sont nombreux à y travailler. Ce qui ne rend pas faciles les rapports dans le travail. Mais quand ils sont motivés, ils bossent comme dix. Ils sont fiers, ce n’est pas peu dire et ils n’aiment pas qu’on les dérespectent. Ils ne sont pas tous fêtards, certains sont même des culs bénis indécrottables. Et ils ont encore du mal, mais ils se soignent, à considérer leur passé. Mais ils ont un troupeau d’artistes, de musiciens, d’écrivains, de peintres absolument incroyables. Parce qu’ils vivent naturellement dans la culture, celle-ci est ouverte à tous, de manière normale et évidente.

Et veuillez considérer ceci, jusqu’à il y a une vingtaine d’année, en Guadeloupe, comme en Martinique, les modes de vie et de pensée n’avaient guère évolué depuis le début du XXe siècle. Et ces deux îles, si loin de la France, abandonnées un peu à elle-même, en vingt ans ont réalisé des avancées qu’ils nous a fallu, à nous, un siècle, à réaliser.

J’ai rencontré Maryse Condé, un des écrivains majeurs de France, mais que l’on cantonne trop souvent dans la case littérature africaine (si, si, allez à la Fnac et cherchez les auteurs Antillais, vous verrez).

A ma question sur l’évolution de son île natale et chérie, elle répondait : « Il ne reste rien de mon enfance. Ou plus grand-chose. Je suis revenue en 1985, après vingt ans d’absence. Et le pays avait complètement changé. Bien sûr, il y a le regard de l’enfance qui poétise tout. Mais tout de même. Autrefois il régnait une atmosphère de confiance, tout le monde se connaissait, se parlait, se soutenait. Il y avait aussi un côté sauvage, peu ou pas développé, les routes étaient petites, maintenant nous avons des autoroutes et des échangeurs. Les cases soi-disant insalubres ont été remplacées par des LTS, ces logements très sociaux, assez laids et qui poussent n’importe où et sans raison. J’ai vu la Guadeloupe devenir de plus en plus violente, agressive : on ne parle que de braquage, de viols, de meurtre. Tout cela n’existait pas dans mon enfance. Il m’arrive aujourd’hui d’avoir peur d’aller à Pointe-à-Pitre, au cinéma, au théâtre, au concert. À côté du Centre des Arts règne une bande de jeunes extrêmement agressive. Je vis dans un nouveau pays, dont les habitants ont beaucoup changé et sont mal à l’aise dans un environnement qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne maîtrisent pas. »

Je lui ai fait alors remarquer que c’était un portrait bien triste qu’elle portait sur la Guadeloupe. « Oui, probablement, triste, mais pas désespéré. Vous savez, un petit pays comme celui-ci, projeté du jour au lendemain dans le monde moderne, c’est fatal que ça se fasse avec des heurts et des grincements de dents. Il faut essayer de comprendre le monde autour de nous, et accepter tout ceci comme une transition pénible, mais qui débouchera sur autre chose, de meilleur sans doute. »

Le meilleur.

Et je n’en changerai pas une ligne aujourd’hui…

1. Le dimanche 21 janvier 2007, 22:32 par Akynou

Commentaires de l’époque
C’est ce que je souhaite à cette île.
En tout cas, grâce à toi, j’ai appris plein de choses, merci.
(moi aussi, je te fais une bise!)
2004-11-23 18:04:47 de samantdi

Etant d’origine de la Guadeloupe mais née et ayant toujours vécu en France métropolitaine, ton article m’a bcp touchée et je ne peux dire que bravo pr cette belle analyse de la situation. J’espère que ta famille la bas n’a pas été trop touchée par les tremblements de terre. Bises
2004-11-23 19:45:25 de Etoilefilante

Très bel article, surtout pour moi qui ne connaît par les Antilles
2004-11-23 20:49:34 de ImpasseSud

Comment va la famlle? C’est chonchon qui m’a dit pour le tremblement, j’ai pas vu les nouvelles. Et vous avez fini par en avoir?(chiboum’s) J’Croise les doigts. En même temps je pense que si qq ch de grave était arrivé je serai au courant, non? Bon je pense a eux, a toi, a vous.
supers bisous!!!
2004-11-23 20:52:04 de aude dite orium

Tres belle analyse..
Ah !!les « lewoz »…
Et les « mayamen » je sais pas trop comment ça s’écrit..
Les cérémonies indiennes.. qui se poursuivent par un repas ouvert à tous et où l’on mange sur des feuilles de banane..
Ca aussi c’est un vrai partage..
J’ai toujours vécu en France..
Mais ma mère nous parlait beaucoup de son enfance et de la Guadeloupe..
Moi, je l’ai vraiment découverte en 1983..
Je suis d’accord avec maryse Condé.. Je me souviens d’un temps où toutes les portes restaient ouvertes.. que les occupants soient là ou pas..
Un temps pas si lointain…
Et depuis 98, dernière fois où je me suis rendue aux antilles, j’ai déjà entendu tellement de vilainies sur la délinquance…
C’est bien dommage…
OZNEJ
2004-11-23 23:36:38 de oznej

Oznej, comme je le dis, il ne faut pas dramatiser pour la délinquance. Elle choque les Guadeloupéen parce qu’il n’y en n’avait pas du tout avant. Mais ce n’est pas pire qu’ailleurs. Je me suis toujours balader aux Antilles, seule ou accompagnée, sans jamais me faire agresser. C’est tellement facile de prendre un truc et de le monter en épingle.
Aude : la famille va bien.
les autres : merci :-)
2004-11-24 12:43:48 de Racontars

Guadeloupe et Martinique, je pense, ne sont pas « semblables » à La Réunion, pour la Guyane, je ne sais pas, je ne connais pas, mais je ne pense pas que son image soit essentiellement touristique. Aux Antilles, il y a Le Tourisme, un tourisme omniprésent et omnipuissant, alors c’est un département français, sous le soleil, exotique, et lorsqu’on y pense, on pense tourisme… pour la Réunion, ce n’est pas le cas encore, pour beaucoup de métro ils ne savent même pas où c’est situé… et s’ils ont un minimum de réflexion ils vont même la situer aux Antilles, enfin » par-là », lol… le touriste va aller essentiellement à Maurice, aux Seychelles, voire à Madagascar, mais La Réunion, c’est rare et destiné aux initiés… (quand on parle de cette île c’est essentiellement pour des problèmes sociaux, du chômage, ou de manifestations exotiques comme une coulée de lave au volcan, ou suites d’un cyclones…) Tout ceci pour dire que la Guadeloupe souffre de cette image de « paradis sur Terre » et de ce que les métro la considère presque uniquement ainsi, les articles dans les media vont parler de ce côté-là, en dehors des sinistres (cyclones, inondations, tremblements de terre, etc.) on ne parle pas de ces départements… les touristes français dont tu parles, ce sont des cons où qu’ils aillent et, dans n’importe quel département français ou pays étranger, ils seront des cons dans leurs réflexions, leur attitude, j’en ai vu des jumeaux dans tous les pays du monde, des petits français qui nous font honte d’être aussi de l’hexagone… alors s’il y a des touristes français que l’on cite c’est ceux là, ceux qui sont odieux, on ne parle pas souvent des autres, ceux qui sont heureux de découvrir ces départements fantastiques, ceux qui apprennent à connaître les Guadeloupéens, ceux qui visitent, etc. alors également reconnaît que l’inverse est aussi valable: on parle des guadeloupéens qui sont racistes, qui n’aiment pas les touristes, etc. et il y en a beaucoup aussi! mais c’est essentiellement de ceux là que l’on entend parler… regarde pour les corses… quand et comment parle t on de la Corse? tu ne changeras rien à ce qui se dira, et surtout à ce que la majorité des gens retirent de ces interviews, de ces témoignages, une image stéréotypée, grossière, floue, et injuste…

Tu sais il y a quelques jours je me suis mise en colère contre mon kiné. Il est belge mais cela ne veut pas dire que tous les Belges pensent comme lui ;-)… C’était 2 jours après les problèmes en Cote d’Ivoire. Nous en parlions et je lui disais mon inquiétude pour ceux qui vivaient là bas. Il me dit « oh! C’est à mon avis maintenant fini pour la France là bas, j’ai vu à la télé qu’ils avaient enlevé le drapeau français pour le remplacer par celui de la Cote d’Ivoire… » incompréhension de ma part… je finis par comprendre à travers ses explications que pour lui c’était une colonie française! ou au mieux un département français qui aurait voulu l’indépendance! mais encore ça ce n’est pas le pire… le pire c’est la réflexion qui a suivi: « cela m’exaspère que ces français qui ont choisi d’aller s’installer là bas pour ne rien foutre, au soleil, dès qu’il y a un problème demandent à la France de venir les rechercher!!! personne ne leur a demandé d’y aller!!! et maintenant, non seulement faut leur payer le retour, mais en plus les héberger dans de grands hôtels aux frais du contribuable!!! La France n’est tout de même pas responsable! »…j’ai changé de couleur et essayé de respirer par le nez lol… j’ai essayé surtout de lui expliquer, point par point… que lorsque l’on travaille au soleil par exemple en été on travaille autant qu’en hiver… que lorsque monsieur Dupont qui vit en Belgique a des problèmes avec le boulanger ou avec son voisin il ne va pas demander l’aide de la France pour le rapatrier… mais lorsque les Belges décident qu’ils ne veulent plus de français en Belgique car ils détestent d’un seul coup la France, le problème n’est plus celui de monsieur Dupont mais de la France… tout cela se passant LOIN du pays de monsieur Dupont, pas juste à côté… j’ai pris le même exemple à l’inverse, nous avons décidé hier de tuer tous les Canadiens qui viennent vivre en France profiter des français, car le Canada est un pays exécrable, et ce sans raison, seulement parce qu’ils sont canadiens, tuons les tous… que doit faire le Canada? Ce n’est pas « son » problème? Est ce seulement le problème des canadiens vivant en France? Que doivent faire ceux qui vivent en pleine campagne, loin des aéroports? dont la maison est encerclée par des bons vieux cultivateurs français qui veulent les réduire en pièces?
etc. etc. je te passe tous mes efforts, il est reparti n’ayant pratiquement pas changé d’idée… il doit sûrement aussi toujours croire que l’Afrique est colonisée… en plus tu remarqueras que ce monsieur a tout de même on le suppose un certain niveau de culture…
bon, j’arrête, lol, je recommence à m’énerver!! ;-)
bisous ma puce, c’est bon de t’entendre défendre ton île, tu as bien raison, mais je suis certaine que tous ceux qui arrivent jusqu’ici, qui surfent, qui s’ouvrent sur les autres sont de ton avis, et savent que tous les français ne sont pas de sinistres imbéciles lorsqu’ils voyagent, ni les Guadeloupéens uniquement comme on les décrit dans certains articles… ;-)
2004-11-25 13:16:29 de antinea

D’abord, Antinea, change de kiné.
Ensuite, Man Racontaw’, merci pour ce post, i bon mèm’.
Juste un petit désaccord avec la Grande Négresse Condé, à son époque, ou avant, il y avait déjà de la violence comme partout je pense, certes peut-être pas autant que maintenant, mais il faut dire aussi qu’on en parlait moins.

Je suis retournée au pays en septembre avec mon chéri qui ne connaissait pas du tout.
Il a été enchanté par le caractère des Guadeloupéens, par des trucs cons comme le fait qu’ils s’arrêtent pour te laisser traverser la rue quand ils sont au volant, le sourire des gens, leur accueil (bon, en même temps, il était attendu comme le messie dans ma famille).
Quant à l’archipel en lui-même… Pa mêm’ papal ( = n’en parlons pas). Il a adoré, et le mot est faible. D’ailleurs, pour une Grande-terrienne comme moi, j’aurais pu être vexée de voir que monsieur Chéri préfère la Basse-Terre. Mais bon, je le comprends… Il rêve d’y retourner et est prêt à verser une petite larme émue quand il revoit les magnifiques photos de vacances qu’il a prises.

Bon, et puis les poncifs du type : « ah, passer le bac au soleil » ou, « travailler les pieds dans l’eau », « la légendaire nonchalance antillaise » qu’on nous ert à longuere de journée…
Y’en a marre, tous les gens non natifs, ou non originaires, qui sont restés aux Antilles pour y vivre, y travailler, y avoir une vie de Guadeloupéen pourront les détruire mieux que nous autres, les Guadeloupéens convaincus. J’ai été rassurée d’entendere un Bourguignon un jour vanter les mérites de nos peuples qui doivent travaillercomme tout le monde avec peu de moyens souvent et qui font des merveilles. Je suis fière d’entendre des étrangers qui ont élu domicile dans notre île refuser d’autres appelations que Guadeloupéens.
Je rappelle aussi que dans les bouquins d’annales brevet, bac, etc… on trouve souvent pour ne pas dire tojours (mais j’ai un peu quitté ce domaine des yeux maintenant) des épreuves de l’académie Antilles-Guyane. Oui, parfaitement, Nos académies/rectorats sont reconnus parmi les bons. Je connais nombre d’amis ayant échoué par deux fois en licence à Fouillole (univesrité en Guadeloupe) et qui arrivaient parmi les premiers de leur promotion une fois arrivés dans l’hexagone.

C’est vrai, nos hommes sont un peu charmeurs, c’est vrai, nous avons du soleil, c’est vrai nous avons la mer, c’est vrai, nous prenons la vie avec philosophie, parfois avec nonchalance, mais ce n’est pas une attitude systématique.
C’est un autre mode de vie.
Devons-nous toujours supporter ces théories stupides ? Prafois, j’ai envie de laisser parler les crétins et en rire. D’autres fois, non.

Mon chéri, encore lui, est désormais devenu un défenseur et promoteur de la Guadeloupe. il a trouvé scandaleux le traitement du séisme là-bas. Il a trouvé sacandaleux tout un tas de choses dont je ne me souviens plus, ou qui me paraissaient normales puisue j’avais toujours vécu ça.
Par exemple, il était estomaqué de devoir présenter son passeport à la Douane à l’embarquement ET à la sortie de l’avion. Moi, je n’avais jamais fait attention à ça. Lui trouvait ça incroyable, en argumentant que jamais il n’avait eu à présenter son passeport comme un étranger quand il allait à Nice, ou à Nantes, qui font tout autant partie du Territoire français que Pointe-à-Pitre ou Vieux-Habitants.

Mais nous faisons face à des injustices sans fin. Département à part entière et entièrement à part ? Oui.

[Ah, et puis, pour donner un peu d’infos, je vais citer Doc Gynéco, « mon père est né là-bas, ma mère est née là-bas, moi je suis née ici »… mais la comparaison s’arrête là, guère de misère, un peu de cris, mais j’ai vécu un an en Guadeloupe avec ma mère convalescente, puis de nouveau de l’âge de 8 ans à 18 ans. Je connais autant la Guadeloupe que l’Hexagone. Je me sens autant Parisienne (de naissance et de vie maitenant) que Guadeloupéenne (d’origine, de coeur) et ne pourrai jamais faire un choix.]

Désolée pour ce commentaire très décousu et long…
2004-11-26 18:20:54 de Jazz

2. Le dimanche 21 janvier 2007, 22:53 par Marloute

Salut, C’est Marloute, la copine de Leeloolene.

Je suis revenue chez toi, via son dernier post sur la Guadeloupe… et j’en trouve un complètement différent sur le tien!

Whou, la charge contre les touristos, whhou, la belle évocation des fêtes de l’île et sa culture.

Bon, tout ça pour dire que ça y est, moi aussi, je m’y suis mise, au bloggage et et à la bloggation, et j’ai pris un « fond » crée par Kozlika. C’est beau ce qu’elle fait! J’ai hate de m’améliorer en Dotclear pour le rendre encore plus « jouuuullli ».

A bientot donc Racontars!
Marloute

3. Le lundi 22 janvier 2007, 14:06 par andrem

Bonjour Akynou.

Comme tu as dû le remarquer, la Guadeloupe fait partie de ces lieux qui me sont indélébiles. Une rencontre tardive (j’avais 25 ans), un séjour plutôt bref (un mois), une zone non touristique, surtout à l’époque, entre Bouillante et Vieux-Habitants.

Un simple petit tour le premier matin de mon arrivée et le virus s’était inoculé: cet endroit restera ainsi en moi le reste de mes jours. Je ne te dirai pas ce que j’y faisais, tu pourrais me haïr. Je dirai pour ma défense que j’ai participé à l’utilisation d’énergies renouvelables.

Alors tu comprends que ton post qui vient lui-aussi du passé, il m’a plu, et je l’ai lurelurelu.

Cette Guadeloupe là, j’en suis tombé amoureux comme on le fait à 25 ans, sans savoir de qui on tombe amoureux et sans trop s’en préoccuper. Je devais faire partie de ces apporteurs de modernité, comme il faut probablement dire, avec gros sabots, béton, tuyaux et compagnie.

J’y suis revenus trente ans plus tard, en 2000. Et je n’ai reconnu ni Bouillante ni Vieux-Habitants, sinon son cimetière à coquillages. Je suis allé me réfugier dans la forêt, entre les mamelles, pour retrouver ce parfum. Et l’île alors a su m’exhaler ses senteurs pour me dire qu’elle n’avait pas disparu et que je pouvais rentrer chez moi tranquille.

Ce que tes billets sur elle m’ont confirmé depuis que je te lis.