Hier soir, j’ai emmené Garance voir Sylvie Guillem danser. Je ne l’avais jamais vue en vraie, mais j’avais tant entendu parler d’elle. Garance s’intéresse à la danse. Elle a déjà vu quelques spectacles, un ballet d’ombre d’une jeune troupe à Chaillot, une chorégraphie pour enfants que nous avions trouvé détestable et la reprise d’un ballet de Gallota aux Abbesses. Je vous parlerai du spectacle dans une prochaine note. Dans celle-ci, je plante mon décor : je m’en voudrais de mélanger les considération qui suive à la grâce de Mademoiselle Guillem.
Le théâtre des Champs Elysées est un endroit magnifique, j’en ai fait faire rapidement le tour à ma fille, lui expliquant l’architecture, le décor, les tableaux des Nabis. Pour le moment, cela lui passe un peu au-dessus de la tête. Nos places sont au premier balcon, dans un rang assez éloigné. Nous sommes parmi les première à nous installer. Déjà, je n’ai pas la place de caser mes jambes. Même en me calant tout à fait au fond de mon fauteuil, il m’est impossible de glisser mes genoux derrière le siège du rang précédant. Tant qu’il n’y a pas trop de monde, cela va encore. Mais ça va vite dégénérer. En effet, à la sonnerie, le théâtre se remplit et même se bourre. Nous sommes tassés entassés. Il fait une chaleur à mourir. Pas les meilleures conditions pour jouir pleinement d’un spectacle. Je suis obligée de glisser manteaux et pulls sous les fesses de Garance pour qu’elle puisse voir la scène par dessus la tête de la spectatrice devant elle.
Au dernier moment, juste avant l’extinction des lumières trois personnes se glissent dans les places voisines. Un chanteur plutôt très connu – veste un peu grande sur pull coll V décontracté – et un couple d’un certain âge, très bourgeois. Très très bourgeois. Très habitués du théâtre des Champs Elysées en quelque sorte. Lui, look d’hidalgo à la soixantaine soignée, cheveux mi-long coiffé en arrière. Elle, blonde, yeux bleu très maquillés, manteau de fourrure, visage boudeur qui s’énerve parce qu’elle a deux strapontins et un fauteuil et qu’on lui avait certifié le contraire. C’est sûr, l’ouvreuse a fait erreur. Je la vois bien exiger de moi mes billets pour lui prouver que je n’ai pas usurpé mes places. Les deux autres placides la laisse s’exprimer et gentiment la calment.
Et de toute façon, la lumière baisse puis s’éteint et le spectacle commence. Ce qui a le mérite de la faire taire. Par contre, son parfum, mais alors son parfum, mais quelle horreur. Comment peut-on s’asperger à ce point de cette odeur lourde, entêtante, sucrée et pour tout dire écœurante. Dès que je me penche, il agresse mes narines et je suis clouée au fond de mon fauteuil.
Par contre, ces trois là aiment la danse. Ils sont à la fois critiques éclairés mais aussi totalement sous la magie de ce qu’ils regardent. Pas tout à fait comme les deux charmantes dames qui sont installées à côté. Dont l’une pendant le solo de Ruseel Maliphant, s’exlamera : « Eh bien, il s’est as foulé celui-là ! » Ce qui m’a fait sourire… Elles, elles sont venues pour la Guillem et personne d’autre !
Cela dit, elles sont dans le costumes qui fait bien dans le décor. Elles sont donc fréquentables. A l’entracte, la blonde au parfum s’excusera d’avoir tant bougé, mais vous comprenez, j’ai eu des problèmes de hanches (classique, à son âge), mais n’a pas un mot pour mes genoux martyrisés par sa gymnastique. Elle est tellement bloquée en mode « je ne regarderai pas de ce côté » que je reste persuadée qu’elle m’en veut encore d’être assise « à sa place »… Vieille poupée capricieuse à la lippe boudeuse…
A la fin du spectacle, le chanteur (qui porte des lunettes !) s’éclipse avant même les rappels. La dame est désolée : « Mais pourquoi part-il toujours comme ça en ce moment ? »
– Il a un rendez-vous, explique son compagnon.
– Mais tout de même… continue-t-elle inquiète
– Avec L… (personnalité de la télé).
– Ha bon ! fait-elle un peu rassurée. Si c’est pour un rendez-vous avec L…
Avec Garance, nous nous frayons un chemin au milieu des momies guindées, des jeunes femmes habillées en Prada, de ces messieurs cravatés. Nous sommes transparentes… même un de mes confrères, pourtant assis à quelques fauteuils de moi, est passé devant moi pour rejoindre sa place sans me voir… Faudra que je revienne dans ce théâtre où je deviens la femme invisible.
Enfin, nous sortons et je respire un grand bol d’air. La culture de l’élite me gonfle !
1. Le samedi 6 janvier 2007, 18:16 par Vic (victoire)
Il faut s’en fiche, si je puis me permettre, la culture nous appartient si nous le souhaitons, et pour le reste, bof !Il y a partout des gens un peu mal élevés! Il faut les remettre à leur place,et profiter de la beauté des lieux. Le TCE est magnifique en effet !
J’y vais en Juillet écouter Natalie Dessay, hummmmm
2. Le lundi 8 janvier 2007, 13:27 par andrem
Je me souviens de mon premier baiser pour de vrai dans une loge du théâtre des champs. Tu ne réussiras jamais à m’empêcher de l’aimer, non mais ho.
Oui, c’est devenu un tic un peu toc.
Aimer ce théâtre, je voulais dire. Elle a disparu depuis longtemps dans la foule.
3. Le lundi 8 janvier 2007, 15:08 par Akynou
Mais le théâtre est magnifique, lui…