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L’histoire est tellement énorme qu’elle m’énerve bien, mais qu’elle me fait hurler de rire en même temps. Les faits sont relatés par Le Nouvel Observateur de cette semaine… En juin dernier, quelques dizaines de salariés d’une grande surface ont été conduits dans une réserve où ils ont été enfermés pendant trois quarts d’heure par leurs cadres, sans portable et sans autre lumière que celle indiquant l’issue de secours… But de la manœuvre, dissimuler les heures supplémentaires effectuées dans l’entreprise aux yeux d’inspecteurs du travail arrivé de façon inopinée…

L’administration sait que les heures supplémentaires dans cette entreprise ne sont pas rémunérées. Évidemment, les inspecteurs se cassent les dents. Mais comme ils ne sont pas tombés de la dernière pluie, ils attendent au coin de la rue. Un heure plus tard, ils voient sortir les salariés, qui ne veulent rien dire de peur des représailles.

D’après Le Nouvel Observateur, « Le P-DG du Centre en question a reconnu les faits. Pour lui, il s’agit d’une “dissimulation provisoire” et non d’une “séquestration” ».

Les bras m’en tombent. Il a un fier culot celui-là. Il aurait été enfermé pendant trois quarts d’heure dans le noir par ses salariés, je ne pense pas qu’il aurait appelé ça une partie de cache-cache.

Dissimuler le travail (ne pas déclarer pour ne pas payer les heures supplémentaires), c’est un délit plutôt grave et qui peut coûter effectivement très cher à un patron (qui ne dira donc certainement pas merci à celui qui a organisé la fraude et s’est fait prendre). Ce que les salariés ignorent le plus souvent et, de toute façon, effectivement, ils rechignent à porter plainte de peur de perdre leur travail. Mais imaginez qu’il y ait eu, parmi les salariés, un incident comme une crise cardiaque, une rupture d’anévrisme ou, tout simplement, une crise de panique, un début d’incendie, qu’est-ce que cela aurait été.

Il faut vraiment être stupide ou con ou inconscient, ou tout cela à la fois et en tout cas totalement méprisant pour le matériel humain* pour courir un risque pareil. Il eut été beaucoup moins dangereux d’accepter la visite des inspecteurs du travail, de déclarer les heures supplémentaires (elles ne se déclarent qu’à la fin de la semaine puisque nous sommes régis par la durée hebdomadaire) et de les payer (quitte à ne pas le faire quand il n’y a pas de visite, on le sait, les inspecteurs ne sont pas assez nombreux pour être dans toutes les entreprises à chaque fois) pour s’en tirer à moindre coût.

Je reste pétrifiée parfois par la bêtise de certains dirigeants. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et dangereux. J’espère qu’un aussi mauvais patron se fera lourder. Malheureusement, j’en doute…

(*) J’emploie le mot matériel humain car bien souvent, dans certaines entreprises, on prend plus soin des machines que des salariés… Elles coûtent plus cher…

  1. Le jeudi 9 novembre 2006, 18:32 par anita

    effectivement, que le fondement lui en escape, comme aurait dit Rabelais. Je me trompe ou on fait des pas de géants dans le cynisme au travail, ces derniers temps?

    2. Le jeudi 9 novembre 2006, 18:49 par Franck

    Et pendant ce temps là, les blogs des rares inspecteurs du travail qui pouvaient en témoigner ferment !

    Drôle de pays !

    3. Le jeudi 9 novembre 2006, 20:26 par a n g e l

    uh!
    flippant!

    et effectivement il aurait pu se produire tout et n’importe quoi pendant 45 minutes.
    Complètement dingue.

    4. Le vendredi 10 novembre 2006, 09:22 par Fred Bird

    Mais ils faut les comprendre, les pauvres, ils sont tellement écrasés par les charges sociales.

    En fait, il s’agissait de bons samaritains qui protégeaient leurs employés d’une rafle du fisc visant à leur faire cracher l’impôt crypto-communiste sur leurs prime au black.

    Ou pas ?

    5. Le vendredi 10 novembre 2006, 10:32 par Akynou

    Fred : j’adore :-D

    6. Le vendredi 10 novembre 2006, 16:37 par Otir

    C’est un incident à mon avis plus grave qu’il n’y paraît. Il est significatif de la mentalité ambiante, de part et d’autre, faite de peur, d’incivisme, de pensée à court terme, d’infantilisme, de manque de communication, d’absence de réflexion, d’irrespect, de rapports de force au lieu de rapport de partenariat, de vision rétrograde (situation « assomoir » de Zola, non ?)

    Le système D peut sembler sympathique mais à force il donne lieu à toute cette panoplie d’attitudes scandaleuses. Il est décidément temps de changer de société et de projet.

    7. Le vendredi 10 novembre 2006, 20:22 par Ulysse

    L’esclavage ne serait-il pas complétement aboli?
    Attention, chers Patrons, ne soyez pas trop gourmands sur le dos de vos « collaborateurs », apprenez à partager et vous serez mieux recompensés.

    8. Le vendredi 10 novembre 2006, 21:58 par Aude Dite Orium

    C’est de la folie furieuse. :l

    9. Le lundi 13 novembre 2006, 15:13 par avanaé

    Pôv’ patrons ! A quoi ne sont-ils pas réduits, dans ce pays figé par les lois et droits des travailleurs … !Pffft ! J’vous jure… Et personne ne songe à ce pôv’ patron et ses courageux cadres qui ont bravé la loi, tels des robins des bois, pour sauver les emplois de leur troupeau ??? Rhâââ , là, là…Bande d’ingrats, va ! :-p