Ce matin, à l’école maternelle de ma dernière, le directeur a demandé à me voir. Il avait un cas grave à me soumettre. La veille, mercredi, le directeur du centre aéré de l’école avait accueilli un petit garçon de 3 ans en état d’hypothermie. Ce petit garçon est scolarisé dans cette école et a deux grands frères scolarisés eux dans l’école primaire où sont mes deux autres filles.
Le directeur du centre aéré a mis au courant le directeur de l’école qui loge ici. Quand la mère est arrivée pour récupérer le petit, ils ont discuté avec elle.
Les enfants vivent seuls avec leur mère dans un appartement du quartier. L’électricité leur a été coupée en novembre. Depuis, ils n’ont plus ni lumière ni chauffage. La mission de service publique d’EDF implique, normalement que, lorsque l’électricité est la seule source de chauffage d’un logement, elle ne doit pas être coupée. Mais le service public, l’EDF maintenant s’en fout. Elle se doit d’être rentable et on ne l’est pas en réchauffant les petits enfants frigorifiés.
Le directeur de la maternelle a téléphoné à la mairie du 18e pour signaler le cas. Il était prêt à accueillir toute la famille dans le dortoir de la maternelle, ne pas les laisser retourner dormir dans l’appartement glacial, ne pas les laisser mourir de froid.
La mairie leur a trouvé un foyer pour une nuit. Juste une nuit. Ce matin, elle cherchait une place dans un hôtel dit social. Quand on sait ce que coûte un hôtel de ce genre à la collectivité, on est en droit de penser : « Est-ce qu’il ne vaudrait mieux pas que l’EDF passe l’éponge…
Celle-ci, sollicitée par les services de la mairie, s’est refusée à faire un geste. Cette famille lui doit trop d’argent. Le compteur a été enlevé, pas question de rétablir le courant. L’assistante sociale du secteur, au courant de la situation, a juste répondu qu’il n’y avait rien à faire puisque l’EDF ne voulait pas. Elle aurait pu, elle, signaler la famille à la mairie.
Ce matin, le directeur a appelé le centre EDF dont nous dépendons. Si l’agent fut sensible à ses propos, son supérieur hiérarchique beaucoup moins. Il lui a répondu : « Monsieur, pour l’entreprise que je dirige…
– Attendez, l’a coupé le directeur, vous faites encore partie du service public que je sache.
Mais le M. le dirigeant, au nom de son entreprise, n’a rien voulu entendre. Ils n’ont pas payé, qu’ils crèvent. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait cela qu’il a dit. Je force le trait. Mais c’est tout de même cela que ça implique. Cela nous promet des lendemains rieurs quand la notion de service publique sera définitivement abolie au nom de la rentabilité et de la productivité.
Le directeur m’a dit qu’il était dommage que son collègue du centre aéré n’ait pas pensé à appeler le Samu quand il a accueilli l’enfant. Au moins, aurait-il pu faire constater l’état du gamin par un médecin et nous aurions pu éventuellement porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.
Mais c’est trop tard. Nous tentons de joindre la presse.
Chaque fois que je pense à ce petit, j’ai envie de hurler et de pleurer. En France, au XXIe siècle, il n’y a pas que des SDF qui meurent de froid. Il y a aussi des enfants de 3 ans.
Le jeudi 27 janvier 2005, 17:49 par Anne
Surtout quand on pense aux bricolages auxquels se livrent certains agents EDF pour leur propre compte (bah oui, pour eux, c’est pô cher…).
Tiens nous au courant, si on peut faire quelque chose…
Le jeudi 27 janvier 2005, 17:57 par samantdi
Je suis consternée quand j’entends ça.
Cela va dans le sens d’une paupérisation des petites gens, et beaucoup de femmes seules avec des enfants n’arrivent plus à joindre les deux bouts, même avec un travail (souvent précaire et à temps partiel)…
La réaction de l’assistante sociale me laisse aussi penser qu’il y a une volonté politique de faire passer un message : « plus d’assistanat ». Une famille très précaire que je connais, quand elle a changé de quartier, est tombée sur une A.S qui leur tenait toujours ce genre de discours : « il n’y a rien à faire, vous êtes en tort… ça, non, vous n’y avez pas droit, ce n’est même pas la peine de faire le dossier »… alors que cette famille vivait (5 enfants et les parents) sans eau courante, par exemple…
Pour EDF, avec tout le pognon qu’ils passent dans leur campagnes de pub, il y a de quoi être en colère.
Ils n’ont pas un site genre : « le courrier des usagers » sur le Net? ça vaudrait peut-être le coup de leur envoyer (en s’y mettant chacun notre tour) un courrier en disant grosso-modo ce que tu racontes là et en les sommant de faire quelque chose ?
Le jeudi 27 janvier 2005, 18:35 par Racontars
On est un peu inquiet. Les enfants ne se sont pas présentés à l’école aujourd’hui. La mairie leur a trouvé un hôtel social, mais seulement à partir de demain car on n’arrive pas à joindre la maman.
On verra demain si on a des nouvelles…
Le jeudi 27 janvier 2005, 18:44 par Jeff
C pitoyable….
Et après on a un gouvernement qui vient parler de social…. Je t’en mettrais moi…
Une fois de plus rien de pire qu’un fonctionnaire de mauvaise volonté.
On notera au passage que les agents EDF ont des aménagements sur le prix qu’ils payent pour l’électricité..
Un dernier chiffre, lu la semaine dernière: 1/3 des SDF de Paris ont un emploi….mais ne gagnent pas assez pour pouvoir se loger….
une fois de plus consternant…ce sont toujours les mêmes qui payent…
Le jeudi 27 janvier 2005, 19:14 par Marc
Tout bonnement répugnant. À vomir.
Le jeudi 27 janvier 2005, 19:14 par bertrand
Et ce n’est malheureusement pas mieux chez nous…
Tiens voici le texte récent d’une des chroniques hebdomadaires que je fais à la télévision de Radio-Canada.
(Les tiret indiquent une sequence d’images)
Excusez-moi
c’est bien le Québec ici?
Au Canada, en Amérique du Nord?
En 2004?
———–
En 1989
la Chambre des Communes a voté à l’unanimité,
une motion promettant
d’éradiquer complètement
la pauvreté ches les enfants,
avant…. l’an 2000….
—————
Au Québec
le fonds de lutte contre la pauvreté
créé en 1997
a été trois ans plus tard
considérablement réduit ….
————-
Nous avons les deux pieds dans l’an 2000
dans une des sociétés les plus riches de la planète….
Et que voit-on?
———-
Un enfant sur cinq dans notre pays est pauvre….
——–
Des enfants arrivent encore et toujours à l’école
sans déjeuner…..
———
Des élèves de sixième année,
assistent à des pièces de théatre
pour leur apprendre
à échapper à la prostitution…
——–
Les bouches de métro
servent de centres de recrutement
au gang de rues…
——-
Pourtant nous donnons généreusement…
Des tas de gens se dévouent corps et àme
dans des organismes communautaires ….
——-
Sommes-nous en train de gaspiller
une génération au complet?
Et dans ce cas
la responsabilité d’agir
n’incombe-t-elle pas à l’État,
dont les promesses
quelque soit le parti au pouvoir,
n’ont jamais été tenues…?
Et vous, qu’en pensez-vous?
Le jeudi 27 janvier 2005, 22:58 par Aude dite Orium
je suis dégoutée, ecœurée. cela me rapelle une histoire. cet été dans le centre de loisir ou je bossais il y avait deux gamins insupportables, dont un était dans mon groupe. Je ne lui laissais rien passer, il avait l’air d’aimer ca. J’avais remarqué qu’il mangeait énormément a la cantine le midi et qu’il redemendait du rab au gouter dans tous les groupes. J’ai interrogé les animateurs de son petit frère, ils avaient fait la même remarque. Le grand 7ans le petit 6. Après interrogatoire discret des gamins, j’ai appris que la seule nourriture qu’ils ingurgitaient était celle du centre. J’en ai parlé à la direction, pour savoir si cette famille était prise en charge. Je me suis fait envoyée sur les roses. J’ai rencontré la mère, je lui ai parlé. Une espèce de folle furieuse hyper agressive. Elle faisait semblant de régler les problèmes en frappant les gosses en public puis une fois chez elle, plus rien. Ces enfants d’une fratrie de 6 ou 8 étaient régulièrement oubliés au centre. Le directeur les ramenaient en rentrant chez lui. Ces mômes sont dans l’école de mes filles. Ils sont difficiles et tout le monde les déteste. Si il y a une connerie de faite, c’est forcément eux. Ils sont rejetés de toute part. Chaque fois j’essaye de parler, de dire leur condition de vie. Chaque fois la même réponse : ils font trop chier, tant mieux s’ils en bavent ca leur apprendra. le mieux serait qu’ils aillent en baver ailleurs.
Voilà encore une histoire heureuse, dans un monde de rêve.
Le jeudi 27 janvier 2005, 23:27 par racontars
Dernières nouvelles
La gardienne de l’école primaire et l’assistant social des deux écoles se sont rendus dans l’appartement. Ils ont informé la mère qu’une aide allait leur être donnée. Cette nuit tout le monde dors dans l’appartement. On leur avait trouvé une place avec le samu social, mais la mère a préféré ne pas y aller. La mairie lui a donné 150 euros aujourd’hui pour l’aider à nourrir les enfants. La famille va être prise en charge. Une chambre d’hôtel est mise à leur disposition pour une période assez longue. Les élus et les personnels de la mairie du 18e ont été très efficaces.
Reste l’EDF…
Les deux directeurs attendent les enfants demain à l’école pour voir comment ils iront. Je vous tiens au courant.
Euh Jeff, Il peut y avoir pire qu’un fonctionnaire qui fait preuve de mauvaise volonté. deux fonctionnaires. Bon en dehors de cette vanne idiote, les gens de mauvaise volonté sont insupportables qu’ils soient du privé ou du public. Et il y en a autant dans chaque camp.
Ce serait gentil si tu arrêtais de casser du sucre sur le service public et les fonctionnaire sur mon blog. Je crois que j’ai bien compris ce que tu pensais et je crois aussi que tu a bien compris que je ne suis pas d’accord. Alors ce n’est pas la peine de polémiquer, ça sert à rien, non ?
Tu sais, de nombreux membres de ma familles sont fonctionnaires, qui font leur boulot, et les gens qui se sont mobilisés sur cette affaire, à commencer par les deux directeurs des écoles, sont fonctionnaires. Alors…
Je te remercie 
Le jeudi 27 janvier 2005, 23:45 par Catherine
Bon Bertrand qui colonise la France à coup de ‘Et vous, qu’en pensez-vous?’… :o)
Sérieusement, c’était une excellent et nécessaire chronique!!!
Le vendredi 28 janvier 2005, 04:48 par jeff
a) ma mère, 3 de mes grands parents, 4 de mes oncles et tantes sont ou ont été fonctionnaires, et ce sont les premiers a affirmer que ça bouge pas beaucoup…. Je t’épargne mes amis qui travaillent aussi dans la fonction publique….qui affirment la même chose….mais comme tu es journaliste tu me diras que ce sont des on-dit qui ne sont pas crédibles? Je pense quand même qu’ils sont assez au courant de ce qui fait là où ils travaillent..
b) à chaque fois que j’ai eu affaire à un organisme public, ça m’a pris un temps fou, notamment à esquiver les heures de grève, les heures de « ma collègue est absente faut revenir ». Je t’épargne aussi le temps que j’ai perdu avant de venir au Québec parce que personne ne savait à la sécu ce qu’il fallait, même quand je leur donnait les numéros de formulaires qu’il me fallait (le consulat me les avait donné…). « ah on connait pas, on sait pas où trouver… » et de ne pas chercher parce que vu qu’ils ne savent pas, ben ils savent pas. point
c) je t’épargne ce que j’ai pu voir pendant mon service militaire (et je fréquentais majoritairement des gradés)…à moins que l’armée ne soit plus fonctionnaire
d) j’ai suffisamment fréquenté les services de la mairie quand j’étais président d’un club sportif ou bénévole pour le comité des fêtes de ma ville pour savoir qu’il y a beaucoup d’alcoolique notamment dans les employés municipaux ou dans la police, ne t’en déplaise (je ne te parle pas de mon dirigeant de foot, policier, qui s’est fait arrêter avec 3g en service). Ni des autres policiers que j’ai fréquenté, ils sont gentils, mais généralement pas fort fort sur la tempérence. ne t’en déplaise encore, à moins que tu considères que ce ne sont pas des vrais policiers ou des vrais employé s municipaux que je fréquente.
e) j’ai passé tout mon college et lycée dans des zones d’enseignement prioritaires et des zones urbaines prioritaires (trappes pour ne pas citer le nom), et je suis désolé, des copains qui crevaient de faim ou battus par leur parents, j’en ai vu des tas, et j’ai pas vu grand monde bouger pour les aider.
f) j’ai la chance d’être présentement au Québec, et je suis désolé, mais quand tu rencontres un fonctionnaire au Québec, c’est généralement un ton plus élevé qu’en france. ils savent en général ce qu’ils font, et quand ils ne savent pas ils se renseignent, devant toi et immédiatement. ils ne te foutent pas dehors comme on m’a fait en france. Qui plus est, ici je suis considéré comme immigré, j’ai pourtant plus de considération qu’en France lorsque je demande les memes choses.
g) que tu le veuille ou non, les agents EDF ont des avantages sur le prix de l’électricité. Ma tante (ancienne secrétaire de direction EDF) n’a pas payé pendant de nombreuses années, et bénéficie encore de nombreux avantages sur sa facture. avantages qui sont notamment refusés aux cas de personnes en difficulté
h) le groupe professionnelle qui a le plus haut taux de greve en france, c’est
Le vendredi 28 janvier 2005, 05:11 par jeffquand meme les fonctionnaires, notamment la SNCF qui est très fort. Je ne sais pas toi, mais moi quand il y a grèvce je suis sur le quai et j’attends. Quand j’ai une interro a la fac, c’est zéro. Et j’ai pas les moyens de m’acheter une voiture. Quand la SNCF a fait trois semaines d’affilé il y a 3 ans, c’est pas toi qui a payé mes frais de transport, ni eux. Quand aux profs, ils ont quand meme l’année derrnière fait greve pour que leur grève précédente leur soit payé!!!
I) je suis étudiant, et je peux te dire qu’un prof québecois, quand tu veux le voir tu le vois, il se déplace ou au pire, il te dit ou le trouver. Je te défie de trouver l’équivalent en France (du moins dans les facs ou j’ai été)
J) quand tu portes plainte ici (québec), tu as un policier qui vient, J’ai été déclarer un vol de voiture à la police, en france, et je peux te garantir que ça a été dur. entre « c’est pas ici », « on ne peut pas le faire », vous êtes sur », « vous ne voulez pas attendre plus tard »…..en plus la personne qui a pris (finalement) ma plainte ne savait pas taper à la machine. On a recommencer 6 fois….1h30 pour déclarer un vol de voiture, merci.
I) une nouvelle fois, pour pouvoir comparer avec les services public du québec et du canada, y a encore beaucoup de progrès a faire.
En conclusion, il y en a beaucoup qui travaillent, c sur, je pense quand meme qu il y en a beaucoup aussi qui ne foutent rien. Et ce n’est pas en se le cachant que l’on va y changer quelques chose.
C clair que je ne reviendrais plus sur ton blog si cela te dérange….mais j’estime avoir été correct, même si mon opinion est différente de la tienne.
je pense que ce sont des avis différents qui permettent une discussion. je suis sincèrement désolé de perturber ton monde idéal. moi j’estime qu’il ya encore a faire.
Jeff
Le vendredi 28 janvier 2005, 09:40 par L.
Je vois que vous avez réussi à faire du bruit, une colonne dans Libé… Espérons que ça fasse bouger les choses !!!
Le vendredi 28 janvier 2005, 13:13 par Racontars
Jeff : Bien sur que tu as été très civil et parfaitement correct. c’est pour cela que je te demandais gentiment d’arrêter. Sans cela je t’aurais : « Casse-toi de mon blog. » Tu sais, je ne mâche pas mes mots en général. Mais je n’ai pas du tout envie. Je veux juste pas polémiquer sur la question parce que je trouve cela stérile.
Je ne me fais aucune illusion sur les individus, je n’ai pas de monde idéal. Si tu veux, de par mes responsabilités, je vois exactement ce qui se passe. Je me bats tous les jours pour que des dysfonctionnements cessent. Des exemples comme ceux que tu viens de citer, j’en ai à la pelle. Le cas des enfants dans le froid en est un, parmi tant d’autres. Là, je râle contre LE petit chefaillon d’EDF qui n’a pas fait son boulot (et pis encore que ce que j’en ai dit). Mais je me garde bien de faire des généralités en critiquant l’ensemble des salariés d’EDF (qui ne sont pas fonctionnaires).
Qu’ils paient l’électricité moins chère ne me choque pas. Ce sont des avantages d’entreprises comme il y en a tant d’autres. Les salariés d’Air France et leur famille paient leurs billets 10 % de leur valeur. Bon, ça me fait envie, mais je trouve pas que ce soit un scandale. Moi, mes avantages, c’est que je ne paie pas mes journaux, que j’ai beaucoup de livres et de CD… J’ai aussi un avantage fiscal. Voilà, ça doit en scandaliser plus d’un :-)))
Mais, l’expérience que j’ai de la vie, me fait dire que supprimer le service public et les fonctionnaires, les remplacer par du privé ne serait pas une solution. D’abord parce que je n’ai pas envie que des critères de rentabilités interfèrent trop et que s’il faut améliorer quelque chose, je préfère le critère d’excellence. C’est pas trop le cas.
Quand tu bosseras, tu te rendras toi-même compte. Pour ma part, tout en ayant fait des études poussées (et contrairement à toi, j’ai toujours pu rencontrer mes profs pour peu que je le souhaitais), j’ai commencé à bosser assez jeune (à 19 ans). Cela fait donc maintenant plus de vingt-cinq ans que je travaille dans le privé.
Et j’y ai retrouvé les mêmes incapables. Et parfois à des postes très divers, voire très importants. Je n’ai pas bossé que dans la presse, j’ai aussi bossé dans le nucléaire, l’informatique, l’édition, l’hôtellerie…, et qu’est-ce que j’ai vu comme branquignoles bien assis sur leur siège à faire chier le monde… Des cons, il y en a partout. et c’est les autres qui compensent.
Je parle d’expérience, de vécu. Et je ne limite pas ma réflexion au fait que oui, les grèves, des fois, ça m’emmerde parce que je ne sais pas quoi faire de mes mômes, ou je dois faire des kilomètres à pied pour aller bosser, que ce ne sont pas les grévistes qui me remboursent mes journées de travail perdues. Je ne crois pas qu’il faille se limiter à l’individu, que ce soi moi ou un autre.
Dans mon entreprise non plus ça ne bouge pas beaucoup. C’est pourtant une entreprise privée considérée comme très florissante et très innovante. Mais quand tu vois les dysfonctionnements de l’intérieur, tu te dis que ce n’est pas vrai, ils sont complètement à la ramasse.
je crois, ne t’en déplaise pour reprendre ton expression, que l’idéaliste, c’est toi. Un peu. L’analyse, on la fait tous. On voit bien la réalité. Mais de là à dire que c’est la faute des individus…
Enfin, pour le Québec, je réserverais mon jugement. D’abord, je ne crois pas qu’il n’y ai pas d’alcoolisme chez les flics, que ceux-ci sont tous beaucoup plus performants qu’en France. Je pense que, comme partout dans le monde, chaque métier et chaque milieu a sa part de conards, de salauds et de gens biens. Tant mieux quand on tombe sur les bons.
J’ai pas mal d’amies au Québec. Qui me racontent entre autres, que si leurs enfants ne rentrent pas exactement dans le moule de l’éducation, les instituteurs ont un peu trop tendance à leur dire qu’il aurait besoin de Ritaline. Que lorsque leur enfant est malade, les délais d’attente pour voir le médecin est si long, qu’elles sont mieux d’aller aux urgences, même pour une rhino pharingyte ou une otite. Et puis, quand, il y a trois ans, une de mes amies de 29 ans a été atteinte d’un cancer, j’ai été effarée par les délais d’attente pour avoir un rendez-vous avec les médecins. Elle était gardienne d’immeuble, n’avait pas les moyens de sortir du système public. Et elle a parfois attendu des semaines avant un examen qui devait confirmer ceci ou cela. Elle en est morte. Jeune, le cancer va deux fois plus vite. La copine en question habitait dans une grande ville. Pas à la campagne ou dans un coin isolé. A l’époque, cela m’a mis dans une colère noire. Mais j’ai pas été dire que tous les médecins du Québec étaient des branquignoles
Dans la mesure du possible, j’essaie de ne pas juger parce que le système là bas est sans doute issu de la culture et mentalité québécoise, qui n’ont rien à voir avec les nôtres. Comme le système de service public est adapté à notre culture et notre mentalité. On a les fonctionnaires qu’on mérite comme on a les élus qu’on mérite.
Tout cela pour te dire que tout système, aussi bon soit-il, et je sais que le système de soins québécois est par ailleurs excellent, a ses défauts, ses failles.
Donc, le monde idéal n’existe pas. Il faut juste essayer de faire avec ce qu’on a. Et à son niveau éventuellement de faire bouger les choses. Avant de juger et de jeter l’anathème sur telle ou telle personne, juste savoir ce que nous, nous sommes prêts à faire… dans les mêmes conditions.
Voilu.
Maintenant, je ne te répondrai plus sur le sujet. On sait tous les deux bien ce que pense l’autre. Mais encore une fois, ne le prends pas mal. Ce n’est pa à cause de toi que je ne veux plus en parler. C’est juste moi, qui ne veux pas.
Le vendredi 28 janvier 2005, 21:30 par Jeff
je te présente toutes mes excuses.
Je me suis effectivement emporté.
sincèrement
Jeff
Le mardi 12 avril 2005, 23:48 par Une assistante sociale parisienne qui passait tard par là…
Très longtemps après ce post. Y a toujours des gens à la traîne. Même des AS.
« L’assistante sociale du secteur, au courant de la situation, a juste répondu qu’il n’y avait rien à faire puisque l’EDF ne voulait pas. Elle aurait pu, elle, signaler la famille à la mairie ».
Tout signalement (du genre que vous indiquez, problème de logement ou autre) que vous pourrez faire à la Mairie, au Président de la République ou autre, revient ? quel que soit la couleur de la mairie de l?arrondissement ? à l?assistante sociale ; à Paris en tout cas. Donc le signalement dont vous parlez ne sert à rien.
Je ne sais pas si EDF est une entreprise du secteur public, mais elle applique les « recommandations » européennes. Que choisirez-vous prochainement aux élections ??
Suite à cette affaire, EDF a un peu plus pratiqué le service « maintien de l?énergie ». Après x rappels, plusieurs cumuls de factures, ce service est réduit à 1000 watts. Pour la lumière, la télé, la machine à laver, ça va. Mais si vous avez des chauffages électriques, rien ne va plus?
A la décharge d?EDF, il est précisé dans leur courrier « maintien de l?énergie » de contacter une assistante sociale et que si rien n?est fait, au bout d?un mois, l?électricité est coupée. Ca veut dire qu?avant la coupure, et depuis le départ de la dette, il est laissé au moins 6 mois, (voire 1an pour les familles ou les personnes âgées) de non paiement aux personnes. Il me semble que laisse du temps aux gens pour essayer de crier au secours.
D?autre part, il y a plein de choses qu?on ne sait pas (que je ne sais pas) dans cette histoire.
– Comment la famille avait-elle obtenu (et payait-elle) ce logement : solidarité, économies, travail, ? Pas simple d?avoir un logement à Paris.
– S?était-elle manifesté auparavant aux services sociaux ? Ou ceux-ci devaient-ils deviner son existence et ses soucis ?
Bravo pour vos textes !