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Fariza est une jeune Tchétchène que les parents d’élèves de l’école ou elle étudie (dont moi) ont pris sous leur protection. A Paris avec ses deux frères et sa mère, elle était convoquée à la préfecture le 19 aout pour une reconduite en Autriche, le premier pays d’Europe qu’elle avait traversé car, selon la convention de Dublin II, c’est là que la demande d’asile devait être faite.

Or en Autriche, on ne peut pas dire que cela se soit bien passé. Et il n’y avait aucune raison pour que cela se passe mieux. Alors qu’ici, elle et ses frères s’intègrent, ils ont appris le français, ils sont scolarisés, on des amis. Fariza est même partie en colonie de vacances cet été. Et elle rentre en CM2 normal dans une semaine.

Nous, les parents d’élèves, on a fait signer une pétition qui a obtenu 750 signatures dont une partie de lecteurs de ce blog (merci merci merci et encore merci)

Donc, on attendait avec impatience et angoisse le 19 aout. On a attendu pour rien. ce jour là, la famille Tchouchaeva s’est présentée à la préfecture, accompagnée de deux parents d’élèves dont un élus Vert de Paris, d’avocats et d’autres personnes qui la soutiennent. Et ils ont trouvé porte close !!! Eh oui, la préfecture était fermée pour cause de commémoration de la Libération de Paris. Et personne n’avait bien entendu songé à prévenir les convoqués !

O rage o désespoir, o coup de pieds au cul qui se perdent !

Le 24, je recevais le message suivant de l’élu accompagnateur (et dévoué) « L’avocate de la famille de Fariza m’a informé qu’ils avaient reçu une autre convocation pour jeudi matin au Centre de réception des étrangers de la rue d’Aubervilliers. Un lieu sinistre coincé au bord du périphérique, loin de tout métro que je connais bien pour y avoir à plusieurs reprises accompagné mon épouse et d’autres sans papiers et pour avoir, avec d’autres conseillers de Paris, manifesté devant ce centre pour que l’accueil y soit moins inhumain (il y a eu quelques avancées dont la plus symbolique est l’interdiction au policier qui s’occupe de la longue file des étrangers présents d’utiliser un grand bâton pour les faire entrer dans le centre !). J’accompagnerai Fariza et sa maman. »

Bon, ce n’était pas rose. Mais je me disais que ce n’était plus la préfcture de police, qu’on ne parlait plus de billet d’avion (que la famille devait fournir, un comble !) Mais rien n’était joué.

Jeudi, c’était aujourd’hui.

et ce soir, dans ma boite à mail, ce message, toujours de l’élu dévoué.

« Ce jeudi matin je me suis rendu avec la maman et le frère de Fariza au Centre de réception des étrangers de la rue d’Aubervilliers. Elle est repartie avec une autorisation de séjour pour elle et ses enfants mineurs valable jusqu’au 3 décembre prochain. Cette autorisation sera reconduite jusqu’à ce que l’Ofpra se prononce sur la demande d’asile. Cela signifie qu’il n’y a plus de risque que Fariza et sa famille soient renvoyées en Autriche pour que la demande d’asile soit examinée dans ce pays. C’est une première victoire; Il reste maintenant à obtenir que l’Ofpra leur accorde l’asile politique en France.

Bonne fin d’été

S G

PS : Le centre de réception des étrangers est toujours un lieu inhospitalier et kafkaïen. Malgré ma carte d’élu qui nous à permis par deux fois de couper les files d’attente, il a fallu patienter deux heures trente, palabrer avec quatre fonctionnaires différents qui ont dû passer trois coups de téléphones pour prendre des ordres, pour obtenir ce papier valable trois mois. Il faut noter également que certains des fonctionnaires de ce centre (pas tous heureusement) ne semble toujours pas avoir lu l’affiche qui est apposée sur le mur du second étage intitulée « le racisme et l’antisémitisme sont des crimes », que d’autres (souvent les mêmes) ont décidé, en multipliant les pauses et les conversations privées avec leurs collègues, d’appliquer à la lettre le vieux slogan écolo « travailler deux heures par jour ». Malheureusement pendant ce temps des centaines d’étrangers – parfois avec des enfant en bas âge – attendent des heures et perdent des journées de salaire. Le pire c’est que la plupart des fonctionnaires affectés à ce centre ne parle aucune langue étrangère. J’ai dû faire le traducteur pour deux chinois qui eux faisaient l’effort de parler anglais et le frère de Fariza pour un Russe. Tout ceci est lamentable et donne une image de notre pays déplorable à des gens qui nous font l’honneur de traverser la planète parfois au péril de leur vie pour venir vivre en France. »

Eh bien moi, soudainement, je trouve cette fin d’été fort jolie.