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8 h 30 Vendredi matin, j’emmène mes deux dernières filles à la maternelle. Je ne m’attarde pas car j’ai rendez-vous à 9 heures au bureau d’aide sociale. Je ne voudrais pas arriver trop tard pour ne pas attendre trop longtemps.

9 heures, je sors du bureau d’aide sociale toute contente, ça n’a pris que cinq minutes. Je n’ai pas eu à attendre, comme je n’avais que des papiers à déposer, la jeune femme derrière le comptoir m’a fait passer en vitesse. Je traverse la quartier pour rejoindre le PC. Il ne fait pas froid, les boutiques ouvrent, le marché aussi, je ne suis pas pressée, j’en profite. Je n’ai pas le temps d’attendre le bus, il arrive en même temps que moi. Pas d’embouteillage, j’arrive au boulot à 9 h 40… Normalement, je commence à 10 heures.

Mon chef est là. Un copain que j’ai fait rentrer dans cette boite et qui n’étant pas chargé d’enfant a allègrement grimpé les échelons. Ça ne me gêne pas, il est plutôt bon. Pas bon de bonté, bon dans le boulot. Et normalement pas trop con.

Et je me prends un savon. Parce que je suis arrivée vingt minutes trop tôt ! J’essaie d’expliquer. Il n’en a rien à foutre, j’aurais sans doute dû faire le pied de grue une demi-heure devant le journal. Je suis plutôt furieuse, mais je décide de laisser tomber et je regagne mon bureau.

La journée se passe. Le boulot ne tombe pas. Moi, je m’occupe. J’ai toujours plein de trucs à faire. Les blogs (chut, faut pas le dire), mes Kochons, mes copains, et beaucoup plus sérieux la compta du comité d’entreprise. La préparation des réunions. En ce moment, on discute des comptes de l’entreprise, j’ai un rapport long comme l’ennui à lire. J’ai du mal à digérer l’algarade du matin. C’est quand même la première boite où je me fais engueuler parce que j’arrive trop tôt. Et on se plaint que les Français ne veulent pas travailler !
M’enfin, la journée se passe. Je fais mon boulot, plutôt vite et plutôt bien, comme d’hab’.

A 19 heures, mon chef me dit de partir. Mon boulot n’est pas fini. On est à la bourre sur le planning. Mais tant pis, c’est lui qui décide. Je rentre dans son bureau pour mettre mes horaires et j’entends : « Et puis, lundi c’est 10 heures ! » Je crois qu’il a voulu faire de l’humour, il est mal tombé.

Je me suis vraiment foutue en colère. J’ai mis les point sur les i. J’ai 44 ans et je considère que j’ai passé l’âge de ce genre de réflexion. On n’est pas à l’école primaire mais dans un monde d’adultes et j’entends être traitée comme tel. Les horaires officiels et affiché (que j’ai d’ailleurs négocié avec la direction), c’est 9 h 30 – 19 heures, pas 10 heures. Et je n’admets pas qu’il me traite de cette façon. Je suis partie en balançant mes clés à travers la pièce et en disant au patron, croisé à ce momet-là, que tout ça commençait à me gaver sérieusement. J’aurais été célibataire et sans enfants, c’est ma dém. qu’il prenait. J’en pleurais de rage dans la rue.

Evidemment, on peut penser que ma réaction est un peu disproportionnée. Mais c’est tout le temps comme ça. Quand ce n’est pas moi (ça m’arrive rarement) ce sont les autres (c’est tout le temps). Leur hantise, c’est qu’on travaille trop. Que l’on fasse des heures supplémentaires. Et ce sont continuellement des mesquineries. Et le mépris pour tout ce qui n’a pas le titre de chef. T’es chef, même si t’es chef de personne, tu es respecté, écouté. Tu as le droit à la parole. Nous autres, sommes comme des chiens, taillables et corvéables à merci. Et là, j’ai ma dose.

Ah ! je ne vous ai pas dit dans quoi je bosse ? Non, non, je ne suis pas fonctionnaire, ni employée de bureau, ni caissière… Je suis journaliste. Et si ça continue comme ça, je me demande si je ne vais pas passer un concours de la fonction publique. Au moins, j’aurais la sécurité de l’emploi et vu mon niveau d’études, je serai chef ! Na !

En attendant, je réfléchis au meilleur moyen pour foutre le souk. Vu que je suis déléguée syndicale, déléguée du personnel, trésorière du CE, je crois que j’ai quelques moyens. Ça va chier ! Il ne faut jamais réveiller une raconteuse qui dort. Aaaaarrrgggghhhh

Ceci dit il fait beau et je vais aller me balader avec mes mômes. Comment ça c’est pas l’heure ! Attention, la boite à pains est ouverte !