Des rives sur le Doubs (2)
Neuf heures, réveil, douche. Sous l’eau, je m’aperçois que j’ai perdu mon bracelet en émail que je porte depuis… et que j’aime beaucoup. Je ne comprends pas comment j’ai pu le perdre. L’attache est solide. Je regarde mon bras nu et fait la grimace. Je descends pour le petit-déjeuner. Je n’étais déjà pas dans mon assiette, cela ne s’est pas amélioré.
Le thé, les croissants et le buffet me réconcilient un peu avec la vie. Je suis rejointe par deux confrères avec lesquels je discute de choses e d’autres et puis aussi de mes soucis du moment. Ecoute, conseils, cela fait du bien… Il est l’heure d’aller vers le congrès.
Nous nous y dirigeons par le chemin des écoliers. C’est-à-dire qu’au lieu de traverser directement le Doubs, nous suivons le quai Vieil-Picard. En face, le quai Vauban, ses façades qui me rappellent, dans une certaine mesure, les nantaises, sans doute parce qu’elles datent plus ou moins de la même époque. Nous empruntons un pont en travaux après avoir salué la statue de bronze de Jouffroy d’Abbans, puis pénétrons dans la vieille ville. L’air est doux, le soleil prend toute sa part, on se croirait en mai ou même en juin.
Nous remontons la Grande-Rue, très commerçante, pratiquement piétonne de bout en bout. Je marche le nez en l’air. Il y a tellement de choses à voir, des portes, des fenêtres, des décorations. Façades classiques dont beaucoup arborent le triangle rappelant les temples romains, mais probablement aussi les principes maçonniques.
Sous certaines fenêtres, on peut aussi remarquer des coquilles saint jacques. De Compostelle aux frères trois points, les confréries ont pignon sur rue. Nous passons devant la maison qui vit la naissance de Tristan Bernard, ce n’est pas la plus laide, loin de là. Force est de remarquer que des Bisontins devenus célèbres, il y en a une palanqué. Jugez plutôt (merci Wikippedia de m’avoir rafraichi la mémoire…) :
Charles Fourier (XIXe) : philosophe, sociologue utopiste. Né à Besançon en 1772. Charles Nodier (XIXe) : écrivain romantique et académicien. Né à Besançon en 1780. Victor Hugo (XIXe) : écrivain, poète, académicien et politicien. Né à Besançon en 1802. Pierre Joseph Proudhon (XIXe) : économiste, sociologue, anarchiste, socialiste et Franc Maçon. Né à Besançon en 1809. Tristan Bernard (XIXe) : écrivain romancier. Né à Besançon en 1866. Le marquis Jouffroy d’Abbans (XVIIIe) : ingénieur, inventeur et concepteur du premier bateau à vapeur ayant effectivement navigué, le Pyroscaphe. Laurent Mégevand (XVIIIe) : fondateur de l’industrie horlogère de Besançon et du Doubs. Le comte Hilaire de Chardonnet (XIXe) : chimiste et industriel, il invente un procédé de fabrication de la soie artificielle. Les frères Auguste et Louis Lumière (XXe) : inventeurs pionniers du cinématographe.
Pas mal pour une petite ville de province dont on parle plus pour ses records de températures hivernales que pour ses grands hommes… Un nid, je vous dis.
Je continue ma promenade. J’admire les portes, les fenêtres, les fers forgés, les fontaines monumentales superbes. Et surtout, l’entretien et la rénovation. La ville est belle, elle le sait et elle s’entretient et après tout, c’est bien agréable.
Peu de temps avant de rejoindre le petit Kursaal, salle où se tient notre réunion, je remarque une chose étonnante. Un bâtiment qui ressemble incroyablement à une église, mais qui est entouré de petites maisons où ont trouvé place des boutiques. J’ai déjà vu de tels assemblages aux Pays-Bas, à Amsterdam notamment. Mais en France jamais.
Et ce que je n’arrive pas à savoir, c’est s’il s’agit d’une église désaffectée transformée en salles communes ou en appartements où si, derrière les échoppes, on continue à assurer la messe. Le temple et les marchands du temple réunis en un seul endroit en quelque sorte…
Nous entrons en séance pour travailler jusqu’à l’heure du déjeuner, au restau U de la rue d’à côté. Nous sommes plus ou moins hilares à cette idée, sauf peut-être les plus jeunes d’entre nous. Mais cela fait si longtemps que nous n’avons pas fréquenté ce type d’endroit. Dès le début, nous sommes replongés dans l’ambiance, il y a la queue. Nous patientons en papotant, l’avantage du groupe.
Au premier étage, mes narines frémissent. Nous ne sommes pas vendredi, mais ça sent le poisson pané. Je suis plongée dans mes souvenirs, Censier, son restau U, les couloirs, les escaliers et les odeurs…
Devant le plat du jour, je suis contente de moi, j’ai bien reconnu l’espèce de filet de poisson plongé grossièrement dans la panure avant d’être frit. Ça ne ressemble à rien, ça n’a aucun goût, mais ça a une odeur. Du coup, je choisis le porc, tout en me disant qu’il risque d’être tout aussi insipide. Mais heureuse surprise, il est tout à fait consommable et la sauce est même bonne.
L’énorme différence d’avec les étudiants qui fréquentent habituellement cet établissement, c’est que nous avons tous droit à des bouteilles de côtes-du-rhône. Pas une par personne, tout de même, mais autant que nous le souhaitons…
J’avale mon repas et, au lieu de rejoindre, les autres pour le café, je m’éclipse. Il fait beau, autant en profiter pour continuer à se promener dans les rues de la ville et chercher des petits souvenirs pour les filles et me servir de mon appareil photo : la pierre rose et grise, l’église Saint-Pierre et son petit manège, les statues ornant le fronton des immeubles de la Grande-Rue, les portes cochères qui ne donnent pas sur des cours mais sur d’autres rues, plus loin.Il fait vraiment chaud, mais je m’amuse. Je suis bien ici à déambuler sans but précis si ce n’est celui de faire plaisir à mes louloutes.
. Je dois retourner en séance. Le travail en commission va commencer. Pourquoi est-ce que cela n’étonne personne que je choisisse la commission « Internet, nouveaux médias, multimédias, blocs » ?
A 17 heures, la séance est levée. Mais pas la journée. Nous devons prendre le car pour aller visiter quelque monument historique dans la campagne avoisinante. Et là, ce sera vraiment un étonnement majeur, la découverte d’un lieu sidérant par sa beauté et son histoire…
Toutes les photos de mes promenades bisontines
1. Le mardi 31 octobre 2006, 04:01 par Otir
Toujours aussi passionnant ! Merci Akynou !
2. Le mardi 31 octobre 2006, 10:25 par andrem
Bisontins célèbres: Fourier, certes, Charles Nodier dont la rue n’est pas loin, quelques autres.
Mais qui est donc cet Hugo Victor dont je n’ai jamais entendu parler?
Quant au triangle antique, classique et maçonnique, j’en vois un tous les matins quand je pars dans la nuit. Lorsque je me retourne pour fermer ma porte à clé, juste au dessus de la marquise.
De Sévigné, naturellement.
3. Le mercredi 1 novembre 2006, 03:00 par Etolane
Besançon charme à tout coup! 
4. Le jeudi 2 novembre 2006, 11:22 par Erin
Je trouve la photo « du temple aux marchands du temple » absolument fantastique. J’ai été la voir sur Flickr, mais je n’arrive pas à commenter… 
S’il y a des appartements dans le corps principal, c’est vraiment un endroit que j’aimerais habiter…
Tu m’as fait rêver… encore une fois 
5. Le jeudi 2 novembre 2006, 15:51 par Akynou
Erin : Tu ne peux pas commenter sur Flickr si tu n’as pas toi-même un compte. Mais comme tu peux le faire ici 
J’avais déjà vu pareils appartement en Italie, à Rome notamment. Mais pour habiter là dedans… Evidemment, il y a l’espace, mais à chauffer… Ça ne dois pas être de la tarte. Cette maison est facile à trouver. elle est sur la Grande-rue, juste avant d’arriver à la place Granvelle.




