Une fois n’est pas coutume, je participe cette semaine au coïtus impromptus (qui c’est qui a trouvé un nom pareil, nom d’une pipe…).
Vous connaissez Mirza, Médor ou Rantanplan, ces animaux de compagnie fidèles…
Mais figurez-vous, qu’il y en a un autre qui mérite tout autant d’être connu. Pour cette semaine, nous vous proposons le thème suivant :
« Le chien de mon dentiste »
Pas d’autres indications ou contraintes pour cette semaine. Nous laissons entièrement libre cours à votre imagination.
Le textes doivent nous parvenir avant :
Le dimanche 14 janvier Minuit (heure de Paris)
A vous de jouer !!
Demandé si gentiment, j’ai joué. C’est surtout qu’en ce moment, j’ai mal à une dent…
Oui, parfaitement, j’ai une dent contre ce roquet qui passe là bas. C’est le chien de mon dentiste et je ne suis pas prête d’oublier le coup qu’il m’a fait… La semaine dernière, en sortant de mon immeuble, je l’ai trouvé sur le trottoir. Avec son côté corniaud, ses couleurs un peu bizarres, son oreille qui tombe et l’autre toute droite, je le trouve irrésistible, je ne résiste pas et je l’appelle. Il arrive tout frétillant. Si ça se trouve, il s’est fait embarqué. Son propriétaire n’habite pas dans ma rue et il n’a rien à faire sur mon palier.
Le toutou est tout ce qu’il y a de plus amical et il se damnerait pour des gratouillis derrière l’oreille. Mais il me souviens bien avoir entendu son maître pester à cause de son esprit d’indépendance. Le chien profite souvent de l’arrivée d’un nouveau patient pour jouer les filles de l’air et partir à l’aventure. On l’a retrouvé parfois à l’autre bout de la ville. Je le comprends. Ça doit être infiniment plus amusant que de rester la journée entière à se morfonde dans la salle d’attente d’un dentiste…
C’est pas drôle, une salle d’attente de dentiste. On est là, on souffre ou on craint de souffrir, on feuillette des journaux pour s’occuper les mains et l’esprit, on soupire On regarde sa montre d’un air excédé parce qu’on a déjà un quart d’heure de retard sur l’horaire « Putain, mais qu’est-ce qu’il fout, ça fait une demi-heure que je suis là… » C’était pas la peine non plus d’arriver en avance, enfin…
Monsieur mon dentiste a une théorie très particulière pour faire admettre son animal de compagnie sur son lieu de travail. Bon, d’abord, le chien ne rentre jamais dans la salle de soins, question d’hygiène. Comme celle-ci est à l’étage, ça limite les risques. Ensuite, il considère que la présence d’un animal calme ses patients, que ces derniers arrivent plus détendus sur le fauteuil, la mâchoire moins crispée et sont donc plus facile à soigner. Il a alors moins besoin d’anesthésiants, il gagne du temps.
C’est un chien thérapeutique qui fait économiser des sous à la Sécurité sociale. Il faut bien admettre que ce clebs est tellement mignon que, pour peu qu’on aime les animaux (sans faire sa Brigitte Bardot non plus, n’exagérons rien), on a naturellement tendance à aller le caresser, à lui faire des mignardises. Le temps passe, on est effectivement plus détendu. On a un peu oublié qu’on est venu ici pour se faire soigner et que, dans quelques minutes, on va subir l’affreux supplice de la roulette…
Mais, si on n’aime pas les animaux ?
Eh bien on change de dentiste, répond le mien sans se démonter.
En attendant, le toutou est là à me lécher les mains sur mon trottoir. Je le fais entrer dans ma cour. Il faut que je prévienne mon arracheur de dent que j’ai trouvé son animal. Je referme la porte de la cour en disant au chien de se tenir tranquille et je monte mes six étages (à pieds, j’ai horreur de l’ascenseur). Je ne peux pas l’emmener avec moi, Nini peau de chat ne le supporterait pas et lui sauterait dessus. C’est une sauvage celle-là. Enfin, pas avec moi. Sa maîtresse, elle la bichonne. Sauf quand je rentre de chez mon dentiste, allez savoir pourquoi.
Je traverse la pièce, cherche le calepin où j’ai noté tous les numéros de téléphone, trouve celui de mon dentiste et compose le numéro.
– Cabinet du Dr René je vous écoute.
– Bonjour docteur, c’est madame Akynou. Vous savez où est votre chien ?
– Ben oui, il est a côté de moi ?
– Vous êtes sur ?
– Je suis même en train de lui caresser la tête. Je viens de lui ouvrir la porte, il rentre tout juste. Pourquoi ?
Satané clébard, il a profité que j’ai le dos tourné pour se faire la malle. Comment sauver la face maintenant…
– Oh pour rien docteur, pour rien… Je voulais savoir… vous auriez une place pour moi la semaine prochaine ?
– Mais bien sûr, Madame Akynou, bien sûr.
Et c’est comme cela que je me suis lancée dans des travaux de réfection dentaire sans en avoir aucune intention…