Tomates vertes
La méthode confitureLe maraîcher chez qui j’achète mes légumes au marché m’a donné des tomates vertes. Nous sommes en fin de saison. Il n’y a aucune chance qu’elles rougissent. Par contre, elles sont idéales pour une confiture. Il m’en a donné environ 4 kilos. En fait, Je n’en sais rien, je n’ai pas pesé. C’est de ce chiffre estimé que je vais partir pour en déduire ce qu’il me faut en sucre. Et le nombre de pots qu’il faut nettoyer. Dans ma recette, tout est au pif. J’utilise du sucre spécial confiture, ce qui me permet d’en mettre moitié moins.
Vu le nombre de tomates et leur taille (des cœurs de bœuf) je décide d’en faire deux fournées. Je n’ai pas de récipient assez grand pour tout faire en une seule fois.
Je nettoie les fruits. Je coupe en rondelles la première moitié et les dispose dans un grand saladier. Deux couches de tomates, une couche de sucre pour confiture (environ 250 g). Et je laisse mariner. Combien de temps ? Un certain temps. Suivant celui que j’ai. Disons entre douze et vingt-quatre heures.
Dans les tomates j’ajoute des épices ou des herbes. Dans la première fournée, basilic thaï séché, anis étoilés, 1 bâton de cannelle. J’ai ajouté de la cardamome pour la deuxième. Il ne faut pas oublier de couvrir. Pas besoin, cependant, de mettre au frais. Cela dit, nous n’avons pas encore mis le chauffage et il ne fait pas très chaud dans la maison. Donc à adapter en fonction de la température ambiante.
Il faut remuer de temps en temps. Les tomates rendent de l’eau qui se mélange au sucre et aux épices. Au moment de la cuisson, on n’a ainsi pas besoin d’en ajouter aux fruits. Et elle a pris le bon goût des tomates et de ce qu’on y a ajouté. On peut d’ailleurs la goûter avant de lancer la cuisson.
Bref, quand ça a bien mariné, quand on a le temps, on passe à la cuisson. Je verse le contenu du saladier dans une grande casserole. J’ai environ 2 kilos de fruits. J’ai mis environ 250 grammes de sucre dans la marinade. J’en ajoute environ 500 grammes Tout ça au doigt mouillé.
J’allume ma plaque. thermostat 6. Je m’installe confortablement à côté avec mon téléphone ou un livre. J’en ai profité pour lire quelques articles du Monde ou de Libération Le temps de cuisson ? Je n’ai pas mesuré. Je cuisine au nez et à l’œil. C’est d’ailleurs pour cela que je m’installe confortablement. Pour mieux surveiller. Si je commence à faire autre chose, je risque de laisser déborder ou cramer.
Je n’ai rien lu de l’actualité. J’ai assez donné ces dernières années. Bien sûr, je continue à me tenir au courant. Mais le matin, ça s’arrête là. Je préfère les articles magazines. Le Monde publie depuis novembre 2003 une chouette série « Ma vie d’ado » dans laquelle on découvre les témoignages des petits enfants du siècle pour reprendre Christiane Rochefort. Gaël qui a perdu son père, Sabah est une réfugiée syrienne, Rim, 13 ans, a joué dans un film, Ysé veut travailler dans l’humanitaire. Etc. Il n’y a pas vraiment de surprise dans ces témoignages, mais ils sont intéressants par leur diversité Tous commencent par « On n’est pas sérieux quand on a… ans. Pas si sure ». Un « pas si sur » qui m’énerve. Pas sur, c’est suffisant. Qu’ajoute le « si » ? Pas si sûr… On n’est pas complètement pas sûr ? Ces tics d’écriture m’agacent.
Je jette un coup d’œil à la confiture. Je remue, j’écume si besoin. Pour les tomates vertes c’est rare que ce soit le cas. Sans doute le fait que je mette assez peu de sucre. Traditionnellement, on dit autant de sucre que de fruit. Mais on ne va pas faire des bonbons. La marinade et le sucre pour confiture permettent d’en faire baisser la quantité.
J’attaque un très intéressant portrait de Pascal Blanchard, l’historien spécialiste de la colonisation que je trouve passionnant chaque fois que je l’entends à la radio ou le voit à la télé. Mais dont je ne connaissais pas le parcours.
A nouveau petit coup d’œil sur la confiture. Ça bloblote gentiment. Je replonge dans mes lectures en passant sur Libération. Je tombe sur un article sur la réussite économique en trompe l’œil de Giorgia Meloni. C’est sûr qu’une aide de l’Europe conséquente, ça aide. Je zappe les autres articles sur l’appli, passant d’un titre à l’autre. Je suis clairement atteinte de fatigue informationnelle.
Je retourne à mes tomates.
Je surveille. je remue. Et je fais régulièrement le test de la cuillère. Je dépose une goutte de confiture sur une assiette froide. Si elle coule, ce n’est pas prêt. Si elle fige, il est temps de couper le feu.
Mon petit secret avant de mettre en pot ? Un coup de mixeur rapide. La texture est plus agréable mais c’est bien aussi de laisser un peu de morceaux. Je mets en pot grâce à l’entonnoir spécial confiture que j’ai déniché chez mon amie Anne, potière à Castelnou (Pyrénées orientales). Il me permet de remplir les pots sans en mettre partout.
Je ferme hermétiquement chaque pot plein (et je me brûle un peu car il est tout chaud), je le retourne et le dépose sur le comptoir. Quand tout est fini, moment gourmand. J’appelle ma fille pour nettoyer cuillère, spatule et casserole. Ce qui nous permet de constater qu’une fois de plus, j’ai réussi mon coup.
J’ai fait une dizaine de pots, de taille variable, dont un ira à mon maraîcher, lors du marché de samedi. Les autres, il y a peu de chance qu’ils arrivent au printemps. Trop de succès.


