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Jodi la cé nwel

Aujourd’hui, c’est Noël !!!! enfin hier, c’était nwel

 

Le réveillon a été… sans plus. Les noëls, antillais me laissent sur ma faim. Je préfère ceux que l’on passe en famille, comme chez moi. La journée a été perturbée par l’opération de la grand-mère de Fritz et les inquiétudes pour elle. Et par Léone. Elle avait des oreilles qui se salissaient très vite ces derniers temps, à cause de son eczéma qui était entré dans les oreilles. En plus, il y a eu une mycose. Les deux conjugués ont déclenché une inflammation sévère de l’oreille et donc une double otite. Heureusement, nous l’avons pris à temps. Ce qui est à la fois super et très embêtant, c’est que son comportement n’a pas beaucoup changé. Je trouve que pour un bébé qui a une double otite, elle reste bien calme. Quand elle pleure, je lui donne le sein. De téter ça la soulage, et ça passe comme ça. Pas de vraies manifestations de douleur…

En fin d’après-midi, nous avons été chez mon beau-frère. Les gens arrivaient, repartaient. Nous-mêmes nous sommes absentés pour aller voir quelqu’un d’autre. Il y avait dans la maison quantité de personnes que je ne connaissais pas. Et comme ils ne restaient pas, je n’avais pas le temps de faire connaissance. Sur le coup de 22 heures, les enfants, crevés, ont été se coucher. Et les hommes sont partis. Boire des coups ailleurs, sans doute. Nous nous sommes retrouvées entre femmes. Je n’aime pas trop. Pas de me retrouver entre femmes. Mais me retrouver entre femmes, ici, en Guadeloupe. Même si ces femmes-là, je les adore parce qu’elles sont chaleureuses, pleines d’humour. Mais je n’ai pas grand-chose à dire… Les histoires de cul, c’est amusant quand on connaît les personnes dont on parle. Les fringues, les cheveux, le vernis… je ne vais pas passer noël là-dessus…

Le temps passait et les hommes ne revenaient pas. A 1 heure du matin, comme je commençais à m’ennuyer ferme, j’ai été cherché le Nôm, et je l’ai engueulé. Il se demandait pourquoi. Et je lui ai dit que soit on sortait ensemble, auquel cas on restait ensemble. Soit on sortait séparément, mais qu’il veuille bien m’en avertir car je trouverai alors des soirées un peu plus à mon goût… Il a boudé… On a chargé les enfants dans la voiture, et elle n’a pas voulu démarrer. La batterie était morte. Heureusement, ici tout est en pente. J’ai réussi à faire partir le moteur. Nous sommes rentrés. Nous avons couché les filles, je me suis couchée et le Nôm est reparti. Avec ma bénédiction.

Ces soirées-là, je veux bien suivre un moment pour faire bien, mais je me lasse vite. D’abord les conversations sont exclusivement en créole. Même si j’ai fait de gros progrès dans la compréhension et que j’arrive à comprendre beaucoup de choses, ce n’est pas encore ça. Et puis ces messieurs ne s’attendent pas à ce qu’une femme vienne mettre son grain de sel…

A par ça la nuit était douce et le ciel merveilleusement étoilé. Il n’a pas plu de la journée, il a fait même très chaud. Je voulais dormir la fenêtre ouverte, mais j’ai renoncé à cause du bruit. Il y a un coq dans le jardin qui chante à n’importe quelle heure de la nuit. Il y en avait un comme ça, l’an passé. On l’a mangé. J’ai raconté ça à l’actuel coq. Je ne sais pas si ça a fait effet, mais depuis je ne l’entends plus.

Evidemment les filles se sont levées très tôt. Et là, j’ai découvert avec horreur que Garance s’était fait dévorer par les moustiques. Elle a le visage plein de boutons bien rouges. A tel point que je me suis demandée si ce n’était pas la varicelle. Mais non, c’était ce foutu insecte qui avait ravagé son joli visage. Ça la démange sacrément.

Lou a toujours la foi. La foi dans le père Noël. C’est étonnant, mais c’est comme ça. Vous dire qu’elle n’a pas de doute serait sans doute exagéré. Qui n’en a pas… C’est fou ce que les enfants peuvent s’accrocher. Elle avait d’abord vu le sac des rollers que nous lui avions acheté et que j’avais imprudemment caché sous mon lit. Elle avait vu le lendemain les paquets sous le même lit, mais je ne savais pas où les mettre ailleurs. Ce matin, elle a vu qu’ils n’étaient plus là mais qu’il y en avait plein sous le sapin. Elle a ouvert son plus gros paquet qui contenait les fameux rollers… Mais elle a fait comme si elle n’avait rien vu. Elle a même déclaré qu’elle avait vu le père Noël et que celui-ci lui aurait dit : « Je ne peux pas t’apporter de trottinette comme tu me l’as demandé car j’ai un problème. Excuse-moi. »

De toute façon, il n’y a pas de cheminée en Guadeloupe.

Garance est très sage quant aux cadeaux. Tant qu’elle n’a pas fini d’en savourer l’un, elle refuse le suivant. Ça peut durer un moment. Mais elle vit sa vie. Elle se met à côté de son tas de paquets, et elle les défait un à un, tranquillement, à son rythme.

Bref les enfants ont pris du plaisir et avaient l’air d’être contentes de ce qu’elles avaient reçu. Là-dessus, on a fait un peu de ménage, surtout ranger la terrasse. Car il fallait dresser la table d’apéritif et d’amuse-gueule pour les éventuels invités. C’est la tradition ici. Toute la nuit de noël pour les fêtards et toute la journée pour les autres, il faut avoir prêt le jambon de noël, le boudin, le punch, punch coco et le schrubb. Les gens passent. Ce qui fait qu’on mange toute la journée. Je déconseille les Antilles pour ceux qui veulent suivre un régime.

Ah ! Le père Noël a oublié ses tongues près du sapin !