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Nouvelle année

Une femme me racontait la discussion qu’elle avait eue avec ses trois enfants.

« Je racontais comment c’était de mon temps ; à mes garçons, il me fallait réfléchir, mais je trouvais.

De mon temps, il n’y avait pas de baskets à scratch

– OOOOOOoooohhhhhh ! ! ! !

De mon temps, il n’y avait pas de magnétoscope

– OOOOOOoooohhhhhh ! ! ! !

De mon temps, les disques étaient des grands ronds noirs

– OOOOOOoooohhhhhh ! ! ! !

De mon temps, il n’y avait pas de céréales Nesquick

– OOOOOOoooohhhhhh ! ! ! !

De mon temps, il n’y avait pas de hamburger

– OOOOOOoooohhhhhh ! ! ! !

. . . .

Tout à coup, G., qui ouvrait des yeux aussi ronds que son frère, me coupe en disant d’un ton indéfinissable :

– Maman ? C’était quand ton temps ? »

Ici pour le moment, cela tient du miracle. Mes trois filles dorment en même temps et l’homme a disparu. Il doit dormir dans la voiture, je ne sais pas pourquoi il y passe des heures… Ma belle-mère et ma belle-sœur sont parties à l’hôpital voir leur mère et grand-mère… Je suis seule et tranquille sur la terrasse et c’est le PIED. J’adooooooore. Pourquoi cela ne m’arrive-t-il pas plus souvent… J’ai des amies qui se plaignent parce que leur homme part plusieurs jours. Elles n’aiment pas cela. Mais pourquoi cela ne m’arrive-t-il pas, à moi. J’aime ces moments pendant lesquels je suis enfin seule. J’adore mon mari et mes enfants, mais j’ai besoin de récréations de temps en temps. Ne pas avoir de comptes à rendre. Ne pas avoir à parler, faire ce que je veux au moment où je le veux. Le Nôm s’absente tout seul assez souvent, mais je crois qu’il supporterait mal que j’en fasse autant. Si je lui dis : je vais à Pointe-à-Pitre, il voudra venir avec moi absolument.

Cela fait plusieurs fois qu’on s’engueule parce qu’il me donne le programme au dernier moment.

Le 30 du millénaire passé par exemple (ça pose, hein !), le matin, il me dit : « Ce soir, on va chez mon frère » La maison de son frère doit être à au moins… 10 mètres de celle de ma belle-mère. Je me dis : tiens le frère nous invite à dîner, ou à boire l’apéro, super… Dans la journée, j’aperçois plusieurs fois le frérot en train d’arranger sa partie de jardin…C’est le week-end, il s’occupe. Ma belle-mère va chez le coiffeur. En cette période de fête, quoi de plus normal (même si c’est rare). Puis la maison s’anime quand même. Dans l’après-midi, mon cher et tendre m’annonce qu’il sort avec son autre frère, mais qu’il sera pour l’apéro. OK… J’observe les mouvements autour de moi… Je me dis qu’il se passe quelque chose. J’essaie de poser des questions… Et personne ne me répond. Arrive le soir. Le Nôm n’est pas rentré. On fait à manger aux enfants (les miennes plus leurs cousines). Des gens passent. Le frérot vient m’emprunter les clés de ma voiture pour la déplacer (elle est garée dans son jardin) et me demande : Vous ne sortez pas ce soir ? Je me dis : le Nôm s’est trompé, on n’est pas invité.

A 20 heures passées, je ne sais toujours pas si je dois habiller les filles ou les mettre en pyjama. Je m’énerve. Je râle tout haut. Tout le monde prend des airs de commisérations, mais personne n’éclaire ma lanterne.

Ma belle-mère habillant la petite cousine, je décide d’en faire autant avec mes filles. Au cas où. Mais elles sont affamées. Du coup, je leur prépare à dîner. Il est tout de même pas loin de 21 heures. C’est alors ma belle-sœur qui me crache le morceau : frérot fait sa pendaison de crémaillère et a invité tout le monde. Je suis extrêmement contente de l’apprendre. C’est incroyable. Personne, dans cette famille, n’a eu ne serait-ce que l’idée de m’expliquer ce qui se passait malgré mes questions et mes râleries.

Quant au Nôm, il est arrivé vers 23 heures, la bouche en cœur. Il s’est fait remonter les bretelles. Au début, il a essayé de crier plus fort que moi, mais il a fini par comprendre que j’avais raison.

Le lendemain, réveillon du jour de l’an, je vous le rappelle, je lui demande ce qu’on fait le soir. Pas de réponse. La nuit arrive. Tout le monde dîne. Les enfants sont nourris, lavés, mis en pyjama… Et nous deux, rien. Je lui demande : alors qu’est-ce qu’on fait ? Il me dit, sers-toi une assiette. Je sens ma soirée foutre le camp et je ne suis pas chaude pour regarder des niaiseries à la télé. Je me sers, commence à manger et je râle. Et il me dit : On va au restaurant. Là, les bras m’en tombent. « Mais tu m’as dit de me servir une assiette et de dîner ? » Bref, Nous avons encore eu des mots. J’ai filé me préparer. Cela dit, nous avons passé une très charmante soirée.

Il faut dire que ma belle-famille n’est pas très fête. Elle sait recevoir, mais n’a pas de goût à ça. Donc, le soir du réveillon a été un soir comme les autres. Ma belle sœur a même commencé à récurer. C’est une stakhanoviste du ménage. Du ménage et des séries télévisées. Quand je suis montée en voiture, elle nettoyait les chaises de la terrasse.

Quant à nous, nous sommes partis à la recherche d’un restau. Pas tout à fait facile parce que la plupart étaient fermés pour cause de… fête. Finalement, nous sommes allés à Vieux Bourg, un petit port de pêche pas très loin. Nous nous sommes arrêtés devant un restaurant où il y avait de la lumière. Mauvaise pioche, la patronne avait invité des amis à réveillonner avec elle et n’accueillait pas de clients. Devant notre mine déconfite, elle nous a invité à entrer et à nous installer malgré tout. Et nous ne l’avons pas regretté. C’était délicieux, intime et très sympa. La patronne, une femme entre deux âges, est un vrai cordon bleu. Ses amis, des personnes plutôt agées (des vieux corps, comme on dit ici) avaient envie de passer un bon moment et de faire une bonne bouffe. Qu’à cela ne tienne. Nous étions heureusement loin des flonflons et des tapoums tapoums trop sonores.

Après ces agapes, nous sommes revenus à la maison, car nous avions oublié les serviettes. Au moment des douze coups de minuit, j’étais toute seule dans la voiture, le Nôm étant dans la maison à la recherche du barda de plage. J’en ai rigolé.

Nous sommes allés à Bois Jolan. Je ne raconterai pas tout. Sachez juste qu’à un moment, mon mari a ouvert le coffre de la voiture. Il y avait dedans la glacière avec un bonne bouteille de champagne bien frais. Un verre de champagne sur la plage, sous la lune, cela ne se refuse pas. C’était… mummmm… infiniment agréable. J’ai eu juste beaucoup de mal à rentrer. J’étais très fatiguée, la route était longue et pas facile. A mi-chemin, je me suis arrêtée pour faire un petit somme. C’est la seule solution si on ne veut pas finir dans le décor… Cela aurait été idiot après une aussi bonne soirée.

Le lendemain, j’ai été réveillée un peu tôt. Par les filles bien sûr, mais aussi par l’environnement. C’est très bruyant ici. Entre les poules, les coqs, les chiens et les gens de la maison qui se lèvent aux horreurs, le bruit vous réveillerait un mort… Heureusement, la veille, je n’avais pas abusé de l’alcool (je conduisais) et le champagne était de bonne qualité. Je n’ai donc pas eu mal à aux cheveux. Juste un peu de torpeur…

Hier, nous le déjeuner était familial. D’habitude, chacun mange de son côté et à son heure, c’est un peu l’auberge. Et certaines fois, quand l’occasion se présente, tout le monde se réunit pour manger. L’après-midi, repos. Puis, nous sommes allés sur le terrain de mon mari. Là où nous voulons faire construire. Nous avons décidé de commencer les fondations et la dalle en béton, de profiter d’être là pendant quelques mois… Un projet qui commence à prendre corps. Cela m’a tellement donné l’envie de voir cette maison achevée. Si on peut me souhaiter quelque chose cette année, c’est que notre projet de vivre ici se réalise. Cela passe par deux choses : la construction de la maison et trouver du boulot…

Aujourd’hui repos encore. Il faut dire que le temps n’est pas terrible. Il a plu beaucoup et fort. Demain nous retournerons sans doute à la plage. De jour…. Et je recommencerai à bronzer.

Voilà, les deux aînées sont réveillées. Fin du miracle. La seconde a trouvé le moyen de se vider dessus un tube de crème antimoustique. Cela m’étonnerai qu’elle se fasse piquer ce soir.