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Peniche sur la mer… (2)

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Il est un peu plus de 14 heures (local), nous sortons sous le soleil et décidons d’aller visiter la forteresse où se cache le musée municipal. Vu l’épaisseur des murs, on devrait y être au frais… L’entrée est comme toujours modeste, 2,25 euros pour les deux adultes, gratuit pour les enfants.

Le bâtiment est formidable. Une forteresse édifiée à partir de 1557 pour défendre la population des invasions, des corsaires et des pirates. Les remparts, crénelés à la Vauban, donne d’un côté sur le port et, au loin, sur les plages qui bordent l’accès à la péninsule. Et puis, bien sûr sur l’Océan.

Visite de la forteresse de Peniche

Photo typiquement touristique…

Dans la première salle, une exposition temporaire de photos car le musée se veut vivant et évolutif. Les photos sont celle d’Aldiro Pereira, « le paparazzi des insectes ». C’est vrai qu’il y en a un certain nombre où l’on voit libellules, papillons, scarabées en train de copuler. Mais la plus saisissante est sans doute celle d’une araignée blanche à sale tête en train de se taper (manger pour le coup) une abeille plus grosse qu’elle. Impressionnant !

Au rez-de-chaussée, musée de l’artisanat populaire local : quelques vestiges préhistoriques en os ou en pierres puis des nasses et des filets de pêche, des formes de bois qui donnent l’idée du dessin des coques des embarcations (superbes objets), Egalement des objets trouvés par des plongeurs sur des épaves qui ont sombré dans les siècles précédents. Dont un magnifique rond de serviette en argent. Les filles sont estomaquées par l’âge de l’objet.

Elles vont de pièces en pièces et viennent me chercher, soit pour me poser des questions soit pour me raconter les histoires qu’elles supposent aux objets. C’est ainsi que Garance pense que les boules de verre sont faites pour lester les filets alors qu’il s’agit du contraire. Je lui montre les différents bouchons qui aidaient justement à la flottaison du filet de pêche. Un rien l’intéresse.

Visite de la forteresse de Peniche

 Nos reflets dans l’eau du puits

Nous sortons dans une cour qui était celle où se promenaient les prisonniers environs une heure par jour. Car la forteresse fut, sous Salazar, le royaume de la Pide, la police politique : prison et centre de torture. A gauche de la cour, une chapelle où venaient prier les prisonniers, ainsi que le gouverneur de la prison qui avait son entrée particulière donnant directement sur le balcon tout aussi particulier. Au premier rang, des bancs de bois simples, derrière, des chaises au cuir ouvragé. Au fond, un autel en bois qui est soi-disant remarquable et que je trouve tout à fait quelconque. Je n’apprécie l’art religieux que dépouillé.

Nous retournons dans la cour. Au centre, un puits. Nous nous penchons, il y a effectivement de l’eau, pas très loin d’ailleurs. On voit nos têtes penchées sur l’eau et nous nous amusons à nous prendre en photo. Un rien nous distrait il faut croire. Un peu plus loin, il y a une espèce de trou entouré d’un cordon. Je vois un touriste en sortir. Tiens, il y a quelque chose à voir de ce côté-là.

Effectivement, il y a des marches d’escaliers disposées en quinconces, vu l’étroitesse du passage. Je confie mon sac à une des filles et je descends en leur demandant bien de m’attendre. Mais ce que je vois est si beau que je ne peux retenir un « Ho ! » En moins de deux, les filles rappliquent : « Qu’est-ce qu’il y a maman, où ça… » Elles veulent voir. La pièce est immense. Ce sont les citernes d’eau douce. Un chef d’œuvre de l’architecture indique la plaque à l’entrée et je lui donne raison. Les sols sont couverts de faïence couleur eau, les colonnes et les ogives sont de pur style gothique. Il y a environ 1 mètre d’eau où se reflètent murs et plafonds.

Visite de la forteresse de Peniche

Le Guide bleu mentionne qu’on peut visiter, à ce niveau, ou plus bas, des cachots, régulièrement inondés par la marée. Mais je n’en vois pas la trace.

Nous retournons dans le bâtiment principal. Avant de monter à l’étage, nous rencontrons un scaphandrier qui impressionne beaucoup les filles car elles sont fans de Fort Boyard, et cette année, il y a une épreuve en scaphandrier. En voir un en vrai… c’est tout juste si elles ne lui demandent pas un autographe. Sauf que le mannequin aurait bien du mal à la leur signer…

Musée de la forteresse de Peniche

Photo de Garance

A l’étage, deux pièces reconstituent une chambre et une salle à manger, je ne sais pas de qui. Je n’ai pas cherché à le savoir. Il s’agit d’un intérieur bourgeois style XIXe comme on peut en voir dans beaucoup d’endroits. Je m’intéresse beaucoup plus à l’incroyable collection de coquillages dont des cornes de lambis immenses, je n’en ai jamais vu d’aussi grosses. Et puis des ormeaux, ce coquillage qui vaut une fortune. Des huîtres sauvages, comme on en trouve parfois aux Antilles, mais que je n’ai jamais pu ramener car c’est beaucoup trop fragile.

Enfin, tout une série de pièces sont consacrées au travail des dentellières. Et quel travail ! Nous en sommes estomaquées. Ce qu’il y a de très intéressant, c’est qu’il y a des travaux en cours et l’on peut ainsi se rendre compte de la difficulté de la chose. Une telle précision, une telle minutie, et aussi une telle beauté…

Apparemment, à Peniche, la dentelle avait une grande importance puisque dans la ville nous avons vu une statue érigée à la dentellière inconnue, mais si typique…

Visite de la forteresse de Peniche

Typiquement le genre de truc que je serai bien incapable de faire…

Nous grimpons encore un étage et là, ça rigole beaucoup moins. Nous sommes au troisième étage, celui des geôles. Y ont séjourné nombre d’intellectuels portugais jusqu’aux premiers jours de la Révolution des œillets, très présente partout dans ce musée. Certaines cellules individuelles sont entièrement reconstituées, avec assis à une table un mannequin en train de lire.

C’est petit et spartiate. On ne visite pas la salle de torture attenante, tout juste peut-on voir une reproduction d’une scène par un œilleton. Tout est fait pour comprendre la dureté des conditions de détentions dans ce fort battu par les vents et dans lequel il ne doit pas faire si chaud en hiver.

Visite de la forteresse de Peniche

Au fond du couloir, juste avant la sortie, dans une geôle sont exposées en permanence les dessins d’Alvaro Cunhal, réalisés lorsqu’il était en prison, ici, à la forteresse de Peniche. Des reproductions sont d’ailleurs en vente dans la boutique des souvenirs. Ces dessins ne représentent pas la prison, mais la condition misérables des paysans portugais et les révoltes qui les conduisaient face à l’armée de cavaliers sabre au clair. Elles sont à la fois très naïves et fort touchantes.

Après 1974, la forteresse devint un camp pour les réfugiés d’Angola. Une histoire chargée. On est content de sortir à l’air libre. D’autant que le ciel est d’un bleu merveilleux sur lequel tranche la blancheur des bâtiments.

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En cliquant sur les photos, vous pourrez les voir en plus grand et éventuellement en regarder d’autres. Les photos des filles emmènent également sur leur compte Flickr où vous pourrez jeter un œil sur leur travail…