Le lundi 30 janvier 2006, 23:08 par ClopineTrouillefou

oui, Akynou, on est tous, l’un ou l’autre, un jour ou l’autre, confronté à l’abject dans ce qu’il a (hélas) d’humain. J’étais, dans une vie heureusement antérieure, responsable d’un service « petite enfance » et de sa crèche familiale ; un bébé de neuf mois, tu entends bien, neuf mois, tu vois bien ce que cela veut dire Akynou ? – a été violé par son père, nous l’avons su par « notre » nounou….. Me comprendras-tu, Alynou, si je te dis que moi aussi j’ai été violée, simplement de l’avoir su, et d’avoir du, oh pas comm un juge ni comme un travailleur social, juste comme la responsable administrative d’une crèche municipale, gérer « ça »? Et des années que je porte cela

Clopine, qui voudrait bien ne pas etre aussi grave tout le temps, mais là ce soir en te lisant…

2. Le lundi 30 janvier 2006, 23:42 par Akynou/racontars

Oui, je sais Clopine. c’est pour cela que je voulais rendre hommage aux gens qui comme lui, comme toi… ont à gérer l’horreur pour protéger les enfants.
Sans doute parce que j’ai été une enfant, et que je m’en souviens…

3. Le mercredi 1 février 2006, 13:01 par gilda

merci Akynou d’avoir republié ce billet que je n’avais pas lu ; au lieu qu’on fasse taire celui qui l’a écrit, il devrait servir de base pour un large débat public.
Trop de personnes sont encore les victimes silencieuses et culpabilisées de ce que d’autres leur font subir.

C’est affrayant comme pour les parents l’important n’est pas ce qui a eu lieu mais que ça se sache où non.

un bravo bien tardif à Gardfieldd qui avait su garder son calme face à une si profonde lacheté parentale et faire son travail malgré tout, et dans l’intérêt de la jeune fille.

4. Le mercredi 1 février 2006, 14:31 par Akynou/racontars

Gilda, je ne serai pas si sévère que toi avec les parents. Si j’en crois le texte de Garfieldd, cela faisait peu de temps qu’ils étaient au courant. Maintenant, imagine que tu apprennes, un jour, que ton père ai abusé de ton fils ou de ta fille. Il est probable que tu passeras par un certain nombre de stade qui iront de l’incrédulité (non, pas mon père)[et si quelqu’un parle de ce cas-là et mentionne ton incrédulité, on trouvera que tu es une mère en dessous de tout] à la colère (mon salaud de père) en passant par des tas d’étapes intermédiaires. Le soucis du qu’en dira-t-on est une de ces étapes. Ces gens étaient perdus, ils se raccrochaient à ce qu’ils pouvaient. Ce qui es symptomatique, c’est la réaction de la tante, qui voit son père accusé par sa nièce de l’innommable. Elle n’a pas la bonne réaction, mais qui peut lui jeter la pierre ? De plus, il est possible qu’elle ait subi ce genre de choses elle aussi (et même assez logique) et qu’elle supporte encore moins bien la rupture du silence, alors que elle, elle l’a toujours gardé. C’est assez classique :-(
Bon, peut-être que ceux là sont peut-être d’infames salauds, mais je crois qu’ils faut aussi imaginer le traumatisme que ce type de nouvelles peut produire dans une famille.

Moi, j’ai mis 10 ans avant d’admettre que ça m’était arrivé et encore 10 ans pour en parler. Et j’étais la principale intéressée.

5. Le mercredi 1 février 2006, 16:41 par gilda

très d’accord pour ce qui est des différents stades dont l’incrédulité, le refus, etc., d’ailleurs je ne cherchais pas tant à porter un jugement sur ces parents eux-mêmes mais sur le fait que ce soit humainement possible qu’au bout du compte on se dise que l’essentiel c’est que personne n’en sache rien.

Et puis si, le côté, je reporte la faute sur celui qui m’en parle (le « Ils me disent que si leur fille a plus tard les idées en compote (sic), ce sera de ma faute » j’ai du mal avec ça, les gens qui accusent les autres du mal qu’eux-mêmes sont en train de faire).

Cela dit, je ne parle effectivement pas en connaissance de cause, mes parents avaient bien d’autres défauts (dont celui d’être extrêmement toxiques en croyant protèger) mais pas aussi extrêmes, loin s’en faut.
Et puis aussi j’ai le bonheur de vivre dans une très grande ville et même si je sais que ça existe et les formes que ça peut prendre, je n’ai pas directement vécu sous la pression de l’oeil de la communauté, du village, du patelin. Je devine que ça peut effectivement être invivable en cas de problème.

Cela dit c’est quand même la jeune fille qui est en danger.

Ce que tu dis (« j’ai mis 10 ans avant d’admettre que ça m’était arrivé ») ne m’étonne qu’à moitié. A l’occasion d’une revoyure il faudrait qu’on recause des défaillances protectrices de la mémoire / la compréhension. C’est un sujet sur lequel je me pose pas mal de questions.