La maison Tellier sur la scène Biloba fait l’ouverture du festival devant les premiers arrivants, pas assez nombreux et sous un soleil brûlant
Après avoir traversé la France et la Catalogne, la petite famille entame ses vacances a Tarragone avec une obsession pour les plus jeunes : la mer qu’on voit danser…
Je me lèvre donc accompagnée des deux petites dont le lit est installé dans la même chambre que nous. J’ai la surprise de découvrir Lou, censée dormir avec sa grand-mère, sur le canapé. Devant la télévision bien sûr. Je prépare les petits-déjeuners le plus silencieusement possible, ce qui relève de l’exploit avec un four à micro-ondes qui rappelle à l’ordre l’utilisateur avant, pendant et après son utilisation. On ne risque pas de l’oublier celui-là. Maman finit par se lever, ce qui me soulage immédiatement. Je ne suis plus obligée de faire le silence et, surtout, de jouer les garde-chiourmes avec les filles qui sont au bord de l’implosion. J’avais totalement oublié l’amour de ma mère pour son lit…
Pas grand-chose à faire en ce lundi de Pâques. Tout est fermé dans la ville, déserte. La journée se passe donc, tranquille, ce qui me convient tout à fait. A moi et à mon dos. Je montre son nouveau petit bijou à ma mère, le tout petit imac, version Mac OS X.3, une vraie merveille. C’est elle qui m’a demandée de le lui acheter à Paris. Maintenant, il va falloir qu’elle apprenne à s’en servir. Ce qui n’est pas si évident. Elle a travaillé longtemps avec un ordinateur mais a une aversion sans faille pour tout ce qui lui paraît technique.
Trois petits lutins
En fin d’après-midi, alors que le ciel vient de se couvrir, nous décidons de sortir nous balader. C’est toujours comme ça, nous sommes systématiquement à contre-temps. Nous prenons la direction de la mer. Nous avons à peine passé le coin de la rue, qu’il se met à pleuvoir … C’est ce qui s’appelle avoir de la chance. Ma mère habite devant le port industriel de Tarragone. Bien sûr, de chez elle, on voit la mer. Mais avant, on voit aussi la ligne de chemin de fer et ses entrepôts, les grues, les poulies, les gros bateaux… Un paysage industriel qui ne manque pourtant pas de charme. C’est tellement beau les grues dans le soleil couchant…
Nous préférons tout de même nous promener sur le port de plaisance. Ne demandez pas pourquoi nous trouvons cela plus joli… Léone m’explique que les bateaux sont attachés parce que, sans cela, ils s’en iraient et qu’on ne pourrait donc pas monter dessus. Cela me rappelle vaguement quelque chose, un autre port, une autre promenade… Je souris en serrant fort la menotte de ma petite fille qui me raconte de si jolies histoires.
Nous arrivons près de la plage. Il peut faire n’importe quel temps, quand vous mettez des enfants sur du sable, ils font des châteaux, des trous, des pâtés… Les miennes ne dérogent pas à la règle. Sous la pluie, elles grattent, creusent, entassent, construisent.
Le Nôm est resté en haut, sur la promenade. Moi, je suis assise dans le sable. J’ai trop mal au dos pour rester debout. Un peu plus loin, un type joue avec son chien, un pitbull. Le chien a l’air équilibré et bien dans sa peau. Le chien de quelqu’un qui s’en occupe beaucoup. Mais je m’en méfie quand même et surveille le duo du coin de l’œil. Ce qui me permet d’assister à un curieux manège. Cela fait déjà un bon moment que nous sommes là quand je vois l’homme s’approcher des énormes rochers qui constituent la base de la digue à côté de laquelle nous sommes. Il ne joue plus avec son chien et semble, lui aussi, surveiller les alentours. Tout à coup, un deuxième homme sort de ces rochers. Et les deux, bras dessus, bras dessous, quittent la plage. Toutefois, avant de passer près de nous, l’homme au chien siffle sa bête et l’attache. Je ne sais vraiment pas ce qu’il trafique, mais au moins est-il prudent.
Je commence à sentir le froid, j’appelle les filles et nous remontons sur la promenade pour rentrer à la maison. Nous attendons un bon moment, un premier train passe, puis un second. Enfin un troisième et nous pouvons traverser les voies. De l’autre côté nous voyons filer une toute petite souris. Je la montre aux filles. Elles se précipitent pour admirer la bestiole. Celle-ci, prudente, s’est réfugiée derrière un poteau, mais ne semble pas plus affolée que cela.
De ce côté-ci de la voie de chemin de fer, une belle place carrée avec un espace de jeux pour enfants. Nous nous y arrêtons. Les filles se précipitent, Lou et Garance sur les cordes à grimper, Léone sur la balançoire. Je fais une deuxième séance de photos avec leur impers multicolores achetés chez des amies stylistes.
13 avril. Mes filles sont folles
Mardi, après trois jours de magasins fermés, maman se plaint de ne plus rien avoir à manger et décrète qu’il faut partir faire des courses. Nous décidons d’aller au Carrefour car nous pourrons aussi y acheter une imprimante pour aller avec son petit bijou… Les grandes surfaces en Espagne sont les mêmes que partout ailleurs. Un immense parking, quantité de boutiques où dépenser allégrement son argent et la très grande surface proprement dite. Remarquez, il n’y a pas de raison que je dise cela. Pourquoi serait-elles différentes. Ah oui, parce que Maman trouve que les rayons sont disposés n’importe comment, sans aucune logique. A première vue, c’est vrai que trouver le rayon informatique de l’autre côté du magasin par rapport au rayon photo ; ou celui des vêtements au milieu de celui de la bouffe a de quoi surprendre. Mais bon, j’ai vu la même chose, ou pas mieux, dans certaines de nos grandes surfaces.
Je décide de parcourir toutes les allées, histoire de ne rien louper. Ce qui plaît beaucoup au Nôm qui adore faire du tourisme de grande surface. D’ailleurs, on n’est pas là depuis cinq minutes qu’il a déjà disparu. Il réapparaît pour me montrer une casserole qui lui fait envie. Et que nous achetons donc. Puis il disparaît à nouveau. Je le retrouve en train de me chercher… Le cherché cherchant…
Faire ses courses est fastidieux. Ça l’est d’autant plus quand on a mal au dos, qu’on a un Nôm vadrouilleur (drivailleur dit-on en créole), des enfants charmantes mais néanmoins passablement surexcitée et une maman qui a envie de jouer à la supergrandmamans’occupedetout. Au bout de deux heures de ce régime, je n’en peux plus. Je me retrouve avec ladite maman dans le rayon chocolat. Elle cherche sa marque favorite car elle a envie de nous concocter une mousse. C’est plutôt une bonne nouvelle car elle la fait divinement bien. Bref, nous sommes au rayon chocolat. Devant moi, de dos, une grande femme blonde à l’élégante veste pied-de-poule, dont la silhouette me dit vaguement quelque chose. Je n’y prête pas plus attention tout absorbée que je suis par la discussion avec ma mère sur les mérites de telle ou telle marque quand la silhouette blonde se retourne en riant. C’est ma tante ! J’appelle les filles qui lui sautent dans les bras. Avec un tel comité de réception, elle est aux anges. Rejointe par S son mari, nous devisons au milieu des rayons, tranquillement. Et là, j’apprends une très bonne nouvelle : S connaît un très bon ostéopathe, il se charge de le contacter pour essayer d’avoir un rendez-vous. Verrai-je un jour enfin la fin de cette souffrance ?
Nous nous séparons, nous avons des courses à finir. Nous passons à la caisse. La jeune caissière reçoit une copine et l’amoureux de celle-ci. Les deux filles papotent tranquillement pendant que nous attendons. Quand nous manifestons un petit peu notre impatience, elle nous compte un article et reprend aussitôt sa discussion. Cela m’agace pour sûr, mais en même temps, cela m’amuse. Nous sommes loin des caisses françaises où les filles sont chronométrées ; et si la cadence d’une caisse ralentit, le chef arrive, l’engueulade à la bouche. Alors bon, après tout, je suis en vacances, ma mère à la retraite, y a pas le feu.
En attendant, je passe quand même mes articles à une caisse voisine. Nous sortons enfin et allons déverser toute la bouffe dans les coffres de nos deux voitures… Puis cap sur le restau du Carrefour pour un déjeuner bien mérité. Il est 15 heures et les filles sont affamées. Moi aussi. On a vraiment bien mangé pour le prix et l’endroit. J’ai pris des sepietas à la plancha. J’adore ça. Ce sont des sèches passées au grill. C’est bon, fin, goûteux et pas cher. Un délice.
Nous rentrons enfin à la maison. Dans le quartier où vit ma mère, près du port, ce n’est vraiment pas évident de trouver une place pour se garer, alors deux, c’est carrément une gageure. Mieux vaut aussi éviter de se garer devant le collège, à cause des cars de ramassage, si on ne veut pas récupérer son véhicule à la fourrière. J’ai trouvé une place pas très loin de la maison, mais ma mère, elle, est en face dudit collège. Elle est persuadée que, comme ce sont les vacances pour nous, ce sont aussi les vacances pour les enfants d’ici. Je me méfie et je demande à un passant. Qui me confirme que les enfants sont bel et bien à l’école. D’ailleurs, maintenant, je les entends.
Comme depuis le matin, le temps est résolument au beau ciel bleu (mais au vent frais), je décide d’emmener les filles à la plage. Ma mère me propose alors d’y aller avec sa voiture. Comme la plage n’est qu’à dix minutes à pied, à tout casser, je ne vois pas trop l’intérêt. Mais si, insiste ma mère décidément en veine de persuasion, tu pourras ainsi emmener le seau, la pelle, une chaise pour t’asseoir (puisque j’ai mal au dos). Je sens bien qu’il y a quelque chose de louche derrière tout ça, mais il faudra que je sois dans la voiture pour m’en rendre compte. Parfois, je suis assez dure à la détente que voulez-vous. Je prends la voiture, d’accord, mais quand je reviendrai, il faudra bien que je la gare correctement…
Je rumine ça en attendant l’ouverture du passage à niveau (la ligne de chemin de fer passe entre la rue de ma mère et le bord de mer). Et j’ai le temps de le faire car nous restons bloqués plus de vingt minutes, tout ça pour voir passer deux trains et une locomotive. Pas en même temps… A pied, nous y serions déjà à plage maugrée-je…
Le mal étant fait, autant en profiter. Nous nous garons à l’endroit le plus sympa, nous descendons tout le matériel. J’ai quand même pris les maillots de bains, au cas où. Dans ma petite tête de mère, je me suis imaginé que les filles allaient se contenter de jouer dans le sable. Le vent est si frais. Eh bien je les connais bien mal mes mousmés. A peine les affaires posées sur le sable, elles exigent leurs maillots. Garance la première. Je n’ai pas fini de mettre le maillot à Léone qu’elle a déjà plongé. Folle, complètement folle ! Elle comme ses sœurs d’ailleurs.
Les trois jouent dans l’eau pendant une bonne demi-heure. Je rapproche même mon siège pour mieux les surveiller. Garance n’a tellement pas peur de l’eau qu’elle prend parfois des risques inconsidérés pour une gamine de 5 ans qui ne sait pas nager (mais qui reste persuadée qu’elle sait et qu’il ne peut pas y avoir de problème). Alors, tant qu’à faire d’avoir à plonger, autant que ce ne soit pas après avoir d’abord traversé la plage en courant. Lou et Garance plongent, sautent dans l’eau, nagent (ou font semblant), sortent en courant pour mieux se rejeter à l’eau par la suite. Léone, prudente, reste plus ou moins sur le bord. Pas trop convaincue du bien fondé de la baignade, elle a surtout très envie de jouer dans le sable.
Au bout d’une demi-heure tout de même, Garance n’est plus extrêmement blanche, mais arbore une très seyante couleur violette. Elle claque des dents et grelotte. Elle demande grâce (à genoux bien sûr, sinon je suis intraitable), je l’enroule dans une serviette et la prends dans mes bras pour la réchauffer. Je la rhabille ensuite pour qu’elle puisse jouer au sable. Léone vient me voir à son tour. Mais elle préfère rester en maillot de bain. Ce qu’elle veut surtout, c’est le câlin dans les bras de maman bien enroulée dans la serviette.
Lou se sèche à peine. Elle ne se rhabillera que lorsque nous partirons. Pour ma part, je ne mouille que mes orteils. Et ils ont trouvé ça glacial ! L’eau froide ne me rebute pas. Mais le vent et la température à la sortie me démotivent totalement.
Les enfants jouent avec applications. Elles s’inventent comme d’habitude des tas d’histoires. Lou devient ainsi une vendeuse qui distribue, suivant le désir de ses clientes, du sable ou de l’eau. Garance et Léone prennent leur rôle très au sérieux. Elles creusent, terrassent, construisent, détruisent. Elles sont si mignonnes que je ne me lasse pas de les prendre en photo.
Hors de l’eau, je suis tranquille, je me plonge dans mon magasine. J’ai emprunté un vieux Psychologie à ma mère. Je suis ambivalente vis-à-vis de ce magazine. Une de mes sœurs le lit depuis des années. Ma mère a été longtemps abonnée. Mais je reste sceptique. La une est souvent alléchante, mais les papiers trop courts, trop morcelés pour apporter vraiment quoi que ce soit. De fait, quand je le referme, je n’ai pas appris grand chose…
Un pêcheur s’est installé près de nous. Il a lancé trois cannes, les unes après les autres et les a plantées dans le sable. Je ne sais pas ce qu’il peut y avoir à pêcher mais le geste est beau.
Mon regard se reporte vers les filles. Lou et Léone semblent s’engueuler. Léone est tendue comme un arc avant de décocher sa flèche, mais ce qu’elle décoche, elle, ce sont des ordres et des exigences que Lou lui renvoie sans coup férir. Je découvre au bout d’un moment que ce n’est que de la simulation. Pourtant, la détermination de la petite est impressionnante. Tout son corps est tendu vers sa sœur… Elle m’impressionne. Une sacrée énergie.
Lorsque nous rentrons, le passage à niveau est à nouveau fermé, nous décidons de faire un détour et de nous promener un peu. Les filles, crounies à l’arrière de la voiture, ne pipent mot. Arrivés aux abords de la maison, évidemment, pas une place. Après deux tours du pâté de maison, j’ai fait comme tout le monde, j’ai garé la voiture sur les clous. Mais j’ai prévenu ma mère… Philosophe, elle a haussé les épaules : ce n’est pas grave, on la garera mieux demain. Comme quoi, il vaut mieux un passage piéton qu’une aire de stationnement pour bus d’école.
Le mercredi 28 avril 2004, 11:40 par ludecrit
agréable ce voyage en le lisant on y participe
Le mercredi 28 avril 2004, 11:49 par Raphael;l
Non, bah, ça n’est pas Cadaquès, alors. Mais ça y ressemble beaucoup 
Le mercredi 28 avril 2004, 12:07 par LuLut
rès jolies les 3 lutines imperméabilisées au bord de l’eau !
oui en effet ça devait être bien tout ça…
Le mercredi 28 avril 2004, 17:38 par Caro
comme elles sont belles les trois petites fées en ciré et capuche dans le sable face à la mer !!! et toi, tu joues le rôle de la vieille fée voûtée ??? j’espère que ce mal de dos s’est adouci au fil des vacances et qu’il n’est plus qu’un vieux souvenir !
Le mercredi 28 avril 2004, 23:51 par amir
merci.merci.merci
Le jeudi 29 avril 2004, 00:00 par ClaudY
famille!
Le jeudi 29 avril 2004, 00:10 par une passante
sont toutes mimi tes filles 
Le jeudi 29 avril 2004, 10:34 par caro
je me sens sur la plage avec vous, ça caille sévère et heureusement tu as pris de grandes serviettes bleu bien douillettes, ce qui m’émeut le plus c’est que ma mère nous appelait « les mousmées » ma soeur et moi et qu’il doit bien y avoir 20 ans que je n’ai pas entendu qu’un « crouni » pour dire fatigué ! il y a un quart d’heure mon père et ma mère m’ont appelé (en faisant les andouilles) pour me souhaiter mes 41 ans…
je te fais de gros bisous, les photos de l’article sont super belles !
Le jeudi 29 avril 2004, 10:35 par caro
par contre un « drivailleur » je connaissais pas, et ça je retiens
;-))
mon père est de ce type là, toujours à errer de partout à l’affut d’une nouveauté et j’entends encore ma mère dire :
« on a encore perdu ton père »…
Le vendredi 30 avril 2004, 09:55 par Anne-Chiboum
Je voudrais partir en vacances avec toi !!!
Le vendredi 30 avril 2004, 18:53 par guybrush
J’aime aussi beaucoup faire du tourisme en grandes surfaces.
Le lundi 6 septembre 2004, 16:31 par lea
très très bien…internet remplace les albums de photo!