En avant Guingamp

Jeudi 17 juillet 2003

Aujourd’hui, Avec C., nous avons décidé une chose, enlever cette foutue moquette sale et repoussante qui recouvre le sol du salon. On bouge les meubles, et on commence à tirer. Heureusement, le précédent propriétaire, plutôt feignant, n’a collé que les bord. La moquette se décolle sans coup férir… En fait, le plus dur, ce sont les meubles, et notamment le meuble en deux partie où sont rangées les vidéo cassettes. Mais enfin, à nous deux, on y arrive. La moquette partie, il ne reste qu’un gros coup de balai à donner sur le parquet. C’est tout de même un peu mieux. Nettement mieux même.
V. et sa petite famille viennent nous dire au revoir. Ils repartent. Nous sommes là, tous ensemble pour la dernière fois. A. joue avec les filles. M. passe des bras de sa mère à ceux du Nôm puis à ceux de son père. Elle aimerait bien s’échapper. Les au revoir s’éternisent. On est tout triste de les voir repartir. Et puis voilà, c’est fini, ils ne sont plus là.

Et puis, c’est l’heure de l’apéro. Kir au vin blanc pour Le Nôm, au vin rouge pour moi. C. est au porto, définitivement. Nous fêtons la fin de la moquette et la paella que nous a concoctée C., sa première. Elle est superbe. Elle est également très bonne. Il manque juste un peu de safran pour la couleur du riz. Mais tout le reste y est et c’est copieux. E. et N. font la fine bouche comme d’habitude. Nous, nous nous gobergeons. Lou et Léone adorent les fruits de mer. Garance préfère elle le poulet. Mais il y en a pour tous les goûts.

La paella du dîner

Après ce repas, plus que copieux, j’emmène ma petite famille à Guingamps. C. reste avec ses enfants. La ville est à une trentaine de kilomètres de Saint-Nicolas du Pelem. Nous y sommes souvent passés et ce que nous en avons vu nous a donné l’envie d’en voir plus. Déjà, il y a plein de parking gratuits, fort bien indiqués, bien mieux que le reste d’ailleurs. Nous choisissons celui du centre ville, juste à côté des rues piétonnes. Mais il est encore trop tôt. La majorité des boutiques sont encore fermées.

Nous nous promenons du côté de la cathédrale. Une chanteuse joue les Edith Piaf, les mains sur les hanches, accompagnée d’un orgue de Barbarie. Les filles, toujours attirées par les spectacles quels qu’ils soient, s’arrêtent pour écouter. Son tour de chant terminé, la femme disparaît, sans même demander de l’argent. Voilà qui est étonnant. Un peu plus loin, sur la place, c’est un jeune couple qui danse la rencontre, la séparation, les retrouvailles. C’est très joli. Les filles n’en perdent pas une miette. La musique s’arrête, les danseurs saluent et s’éclipsent. Décidément, il se passent de curieuses choses dans cette cité.

Nous passons devant un magasin de vaisselles. Sur un présentoir, des bols décorés avec des prénoms. Lou a eu le sien grâce à une amie qui l’a emmenée en vacances à l’île d’Oléron avec ses enfants, en février dernier. Nous regardons rapidement les prénoms et, petit miracle, nous trouvons celui de Garance. Nous l’achètons évidemment tout de suite. Mais il n’y en a pas pour Léone. La propriétaire du magasin nous propose de le commander. Le délai n’est que d’une semaine. Oui, mais nous partons dans deux jours. Alors tant pis. Léone attendra pour avoir son propre bol. De toute façon, le matin, malgré les pressions de son père, elle est encore accro au biberon. Pour les deux aînées, nous avions considéré que l’entrée en maternelle impliquait l’arrêt du biberon et la prise d’un vrai petit déjeuner. Ça a été tellement dur pour Garance que je n’ai guère envie de renouveler l’expérience avec Léone. Nous ferons la rentrée. Et, quand elle sera acclimatée, nous passerons au bol.

Les boutiques ouvrent les unes après les autres. Dans un magasin spécialisé dans les cadeau en tout genre, j’achète une poupée bretonne pour ma belle- mère (elle les collectionne) et un tapis de souris pour C. Il représente trois Bigoudènes, l’une se cache les yeux, l’autre se bouche les oreille et la troisième parle : « Je n’ai rien vu, je n’ai rien entendu, mais je dirai tout). J’aime surtout le graphisme des Bigoudènes et la phrase me fait rire. C’est tellement typique des petits villes.

Guingamp est une cité de football. Son équipe évolue au plus haut niveau. Nous passons devant la boutique du club et Le Nôm ne peut pas se retenir d’y entrer. Après un long moment, à regarder tous les objets exposés, il choisit un T-shirt et un briquet… Le voici Guingampais.

Nous continuons la balade. J’admire les maisons de la place principale. L’une d’elle est couverte de tuiles, du toit au trottoir. Deux autres, vraiment anciennes, sont peintes l’une en bleu, l’autre en marron. Elles sont charmantes, on dirait des maisons de poupées. L’une d’elle abrite une pâtisserie confiserie qui nous attire immanquablement. On y fabrique des bonbons fourré au caramel au sel de Guérande. Une petite merveille. Nous prenons un assortiment. A la plus grande joie des filles.

Promenade à Guingamp
Promenade à Guingamp
Promenade à Guingamp

Nous passons devant une petite surface et nous y entrons pour acheter un goûter : des galettes bretonnes, des bananes et deux ou trois autres bricoles. Et nous continuons la promenade. Nous faisons le tour du vieux quartier et découvrons une île, perdue au milieu de la verdure. Les gens qui y habitent doivent y être bien. Nous remontons vers la vieille ville, traversons la rivière, empruntons des ruelles qui débouchent… juste à côté de la confiserie…

Nous reprenons les ruelles piétonnières. Un boutique de vêtement pour enfant présente ses soldes. Les prix sont incroyablement bas. Je décide d’acheter deux pièces pour chacune de mes filles. Un pantalon et un blouson imperméable pour Lou, un pantalon et un bermuda pour Léone, un joli short à fleur rouge et un pantalon bleu pour Garance.

Les filles sont « super trop » contente. Et mon porte monnaie pas trop délesté. Une très bonne affaire. Apparemment, la boutique ne vend qu’une seule marque, que je ne connais pas. Il s’agit probablement d’un styliste local. Une bonne adresse en tout cas.

Nous contournons la cathédrale, empruntons des ruelles bordées de petits hôtels particuliers avec cour et jardin. Nous arrivons sur une place. Sur le parvis de l’église, des tréteaux sont installés. Quelques personnes sont assises sur l’herbe et semblent attendre le début de quelque chose. Comme il s’agit de familles avec enfants, nous nous imaginons qu’il va y avoir un spectacle pour enfants. Nous décidons donc de regarder ça. Un prospectus nous apprend que c’est la quinzaine de théâtre de rue organisée par la ville. Je comprend mieux la chanteuse des faubourg et le couple des danseurs.

Sur la scène, deux masques africains, un pilon. Mais toujours pas d’acteurs. Au bout d’un moment, le metteur en scène vient se présenter. Et demande à chacun de se rapprocher car la pièce est très bavarde et qu’il faut tout entendre pour tout comprendre. Curieux pour un pièce pour enfants. La représentation commence et je comprends mon erreur. Il ne s’agit pas du tout d’un spectacle pour mômes, mais d’une pièce sur l’histoire mouvementée de l’indépendance africaine. Personnage principal, Lumumba. C’est égal, c’est passionnant.

Promenade à Guingamp
Promenade à Guingamp
Promenade à Guingamp

Les textes s’enchaînent magnifiques. Les acteurs, trois hommes et une femme, sont passionnants. Ils jouent alternativement dans leur langue et en français. Mais nous comprenons tout. Nous passons de la légende à la réalité historique la plus dure, la plus oppressante. Cela va durer deux heures, deux heures pendant lesquelles Lou et moi seront captivées. Léone un peu moins. Garance, elle, s’occupe à côté de moi. Elle regarde la scène, s’amuse de certains passages puis retourne à ses jeux quand ça ne l’intéresse plus. Mais pour sa petite sœur, c’est beaucoup plus dur. Il lui faut absolument bouger.

Elle va de son père à moi, courant, sautant, chantant même parfois. Mais personne ne se plaint. Ouf ! Et puis la pluie arrive, drue. Je m’abrite comme je peux. Lou a son imper. Je découpe les sac plastiques pour abriter les deux petites. Le Nôm court à la voiture pour aller chercher les imper et les KW de tout une chacun. Quand il revient, nous sommes plutôt soulagées. Les acteurs, eux, ont continué à jouer, imperturbables. Tout un métier.
Quand le spectacle s’achève, nous sommes toujours sous le charme. Les filles se précipitent vers les acteurs qui les accueillent à bras ouvert. Ils échangent quelques mots. Garance tombe dans les bras de l’actrice en lui disant qu’elle est super belle, ce qui est vrai. Je les félicite pour leur travail, puis nous partons. Il est plus de 20 heures et il ne faut pas tarder. C. a déclaré qu’elle voulait faire dîner les enfants de bonne heure et les coucher de même. Elle a également décidé de faire réintégrer leur chambre à E. et N.. Lou et Garance dormiront sur le matelas, et ses deux enfants chacun dans leur lit. C’est ce que Le Nôm avait proposé dès le départ. C’est beaucoup plus simple comme ça.

Quand nous arrivons, C. est en train de prendre l’apéritif avec un ami à elle. Nous nous saluons. Lui parle un peu foot avec Le Nôm puisque nous venons de Guingamps. Je prépare le repas des enfants : purée toute faite, quelques restes de viande et de saucisse. E. et N. n’en mangeront pas, une fois de plus. Ils m’aiment que la purée de leur mère. Ce n’est pas grave, mes filles mangent pour eux. Eux ont l’habitude de ne pas manger et de se gaver de yaourt et de pain beurré ensuite. Mais depuis le début de notre séjour, la chanson a changé. Vu le prix des desserts, j’en ai limité la consommation à un par repas. Et surtout déclaré que seuls ceux qui ont mangé leur repas ont droit a un dessert. Suivant le vieil adage : « Tu n’as pas faim pour la purée, tu n’as pas faim pour un dessert. » Et là-dessus, C. me suis à 100 % même si pour le moment elle s’occupe plus de son invité. Celui-ci lui a promis de l’aider à faucher le reste du jardin et de lui dénicher soit une faux soit une débroussailleuse.

Nous, nous mangerons ce qui reste de la paella du midi. C. avait vu large, il y en avait au moins pour trois repas.
Les enfants jouent un peu, puis vont se coucher. A croire que les journées pour le moment sont fatigantes, ils ne jouent quasi pas et s’endorment très vite après que je leur ai raconté l’histoire du soir. Un recueil de nouvelles déniché par C. dans la bibliothèque de la commune et édité dans la région. Une vraie petite merveille d’histoire à dormir debout totalement poétiques. Les dessins vont avec.
Le Nôm, comme d’habitude, écoute la radio dans la voiture. C. et moi nous occupons de nos kochons, papotons sur nos listes, nous nous racontons des histoires de tout et de rien. La soirée passe tranquille.